L’Esprit souffle où il veut. Et c’est vrai que nous rencontrons des gens fantastiques, admirables qui n’ont rien à voir avec l’Eglise et la foi. Ils parlent de l’amour du prochain et ils le vivent de façon édifiante et vraie. Alors, se pose la question : à qui ça sert d’être chrétiens, d’aller à l’église ? A rien si on se croit meilleurs que les autres. A tout si on croit en la beauté de Dieu partout dans le monde. Dieu est bien plus généreux que nous pouvons l’imaginer : il fait pleuvoir sur les justes comme sur les pécheurs.
Mais justement c’est là, toute la différence. La goutte d’eau qui tombe toute seule dans la terre est bien vite avalée et oubliée, tandis que les gouttes d’eau qui tombent dans une rivière peuvent transformer cette petite rivière en un fleuve abreuvant la plaine de l’histoire. Nous sommes cette rivière, formée de milliers de petites gouttes d’eau. Nourris par la grâce du baptême, nous avançons vers l’océan de l’amour de Dieu. Mais nous ne sommes pas seuls : nous sommes portés par la prière et par la grâce de nos frères et sœurs dans la foi. Nous pouvons traverser des périodes de tristesse et de doute. C’est comme lorsque la rivière ralentit sa course vers l’océan : elle s’arrête et elle stagne. Elle se transforme en marécage. Mais elle est poussée par tous ceux qui sont derrière elle. Ce sont les chrétiens qui, avant nous, ont prié et lutté pour la foi et la charité. Ils nous poussent en avant vers Dieu, par leurs prières, par leur exemple et par leur solidarité. Le fleuve se remet alors en route et nous nous relevons pour répandre autour de nous ce que nous avons reçu : l’amour de Dieu, le soutien de nos frères, la grâce de connaître le Seigneur. Comme un fleuve bien irrigué peut arroser une plaine desséchée, de même façon chacun d’entre nous nous pouvons apporter aux autres des petits signes d’amour et de charité. Chacun le fait à sa façon : les uns à l’intérieur de leur famille et de leur milieu de travail, les autres plus audacieux le font auprès des sans-logis, des malades et des personnes isolées. Si nous étions seuls, nous serions vite épuisés par cette générosité. Mais, comme nous sommes unis dans la prière avec l’Eglise de Dieu du ciel, nous pouvons sans cesse nous ressourcer et de nous enrichir de la grâce du Père qui rayonne partout sur la terre.
L’Esprit souffle où il veut. Dieu fait pleuvoir sur les bons comme sur les pécheurs, mais nous ne sommes pas seuls. Ce que nous recevons, nous le partageons et nous sommes riches de la prière de nos frères. Nous pouvons alors le donner au centuple. C’est ce que déjà aujourd’hui nous vivons dans l’eucharistie. Cette petite hostie que nous partageons avec toute la communauté devient une source de vie pour chacun d’entre nous et une source de résurrection pour tous ceux que nous fréquentons. Laissons l’Esprit agir à l’intérieur de nous et de notre communauté.