C’est partout toujours la même chose : dans la cour de récréation, au travail, dans les échanges commerciaux, c’est à celui qui écrasera les autres. C’est comme si c’était la seule façon de vivre et d’exister : s’affirmer en écrasant son voisin. C’est à celui qui parlera le plus fort. Et pourquoi ? Les gens ont-ils peur d’être tout seuls, de ne plus avoir à pérorer, d’être obligés d’écouter alors qu’ils préféreraient être la vedette, même si c’est devant un auditoire mort, écrasé, silencieux comme un cimetière ?
On dirait que nous sommes incapables de devenir adultes, c’est-à-dire de commencer une nouvelle vie sur une nouvelle base. Un enfant est toujours sous la dépendance de ses parents. Même s’il fait le fort et le dur pendant la journée, le petit garçon pourra se mettre à pleurer la nuit et à appeler sa maman quand il aura mal au ventre ou qu’il sera pris de panique à la suite d’un mauvais rêve. L’adolescent, lui, veut affirmer son indépendance. Il n’a besoin de personne. Il le crie même bien fort, tellement fort qu’on en sait plus s’il veut convaincre les autres ou se convaincre lui-même. Et c’est souvent le cas chez certains hommes politiques ou chez certains (petits) chefs dans les bureaux, les ateliers ou les communautés. Donnez deux galons à un petit soldat, et il se croira général, aux dépens de tous ses subordonnés.
Face à cela, il faut reconnaître qu’on a toujours besoin des autres, de l’Autre, non pas comme un enfant qui a besoin de quelqu’un qui fasse tout à sa place, mais comme quelqu’un qui ne peut pas marcher dans les ténèbres de l’isolement sans la lumière et la chaleur de l’amour et de la tendresse. Quand quelqu’un est bien dans sa peau, il n’a pas besoin de faire le fier ou de crier bien fort. C’est comme saint Joseph. Il n’a jamais rien dit dans l’Evangile. Il a pourtant dû prendre de grandes décisions : garder Marie quand elle était enceinte, partir en Egypte quand Hérode égorgeait les petits enfants, fuir en Galilée à Nazareth quand Bethléem n’était pas encore assez sûr. Il put faire tout cela parce qu’il aimait Dieu et qu’il avait confiance en Marie. Cela suffisait. Avec cela, il pouvait aller au bout du monde et recommencer une nouvelle vie, avec Dieu, avec Marie.
Alors, arrêtons de crier et recevons dans l’Eucharistie la lumière et la chaleur de l’amour et de la tendresse, cet amour que Dieu nous donne à chacun de nous pour l’éternité.