Les lectures du deuxième dimanche de l’Avent sont tout à fait incroyables. Dans la première lecture, le prophète Baruch, qui était le disciple, le secrétaire et l’ami fidèle du prophète Jérémie (628-586), prononce des paroles si pleines de confiance et d’espérance.
Si l’on voulait utiliser une image, on pourrait parler de catastrophes ou de ruines. La patrie est en ruines, les âmes en ruines, le peuple en exil. Et c’est précisément dans cette situation de désespoir et de découragement que le prophète trouve des mots très forts pour exprimer sa confiance en Dieu.
Pour cela, le prophète Baruch reprend le texte du livre d’Isaïe et utilise l’image de la construction d’une route : « Dieu a décidé que les hautes montagnes et les collines éternelles seraient abaissées, et que les vallées seraient comblées : ainsi la terre sera aplanie. » (Bar 5, 7).
Évidemment, on peut se poser la question suivante :
Pour qui le prophète Baruch prêche-t-il ces paroles d’espérance, alors que l’exil à Babylone est fini depuis longtemps ? Baruch s’adresse aux juifs de la diaspora c’est-à-dire aux communautés juives répandues dans le monde, et qui se sentent comme en exil, loin de Jérusalem !
Ce sont justement ces communautés qui ont besoin de l’assurance de Dieu qu’il ne les a pas abandonnées, qu’il leur donne « un avenir et de l’espérance » (cf. Jr 29,11).
Le prophète Baruch annonce l’espérance de Dieu au peuple dispersé dans le monde et proclame la fin de l’humiliation : Dieu vous ramène chez vous, comme il vous avait fait sortir d’Égypte.
Les montagnes – symboles de puissance et d’oppression – s’abaisseront. Et les vallées – signes d’impuissance et de désespoir – seront comblées. Dieu vous libère, si vous avez confiance en lui et si vous le laissez venir à votre rencontre. Si vous le laissez vous combler de sa grâce.
Dieu veut nous sauver. Il veut nous libérer des vallées de l’angoisse et des montagnes de nos péchés. Il veut éliminer ce qui est tortueux et tordu dans notre vie et nous offrir à nouveau la droiture et la clarté.
Il nous suffit de lui ouvrir l’accès à nous-mêmes. Il suffit de le laisser entrer dans le désert de notre vie. Nous n’avons qu’à lui construire une route qui le conduit et le fait entrer dans notre vie parfois si stérile.
L’image du chemin que Dieu trace à travers le désert est reprise par le prophète Jean-Baptiste dans l’Évangile de Luc : « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées… et tout être vivant verra le salut de Dieu » (Lc 3, 4…6).
Cette image biblique reste bien actuelle. Déjà au siècle dernier, Martin Luther King Jr. (1929-1968), par exemple, la place dans le cadre de sa lutte non violente pour la justice sociale et la paix. Il la reprend dans sa célèbre formule « I have a dream » :
« J’ai fait un rêve, qu’un jour, chaque vallée sera levée, chaque colline et montagne sera nivelée, les endroits rugueux seront lissés, les endroits tortueux seront faits droits, et la gloire du Seigneur sera révélée, et tous les hommes la verront ensemble. »
Comme au temps de Martin Luther King et encore plus aujourd’hui, bien des obstacles s’opposent encore pour accueillir l’enfant Jésus dans nos cœurs : les déviations de notre foi, les fossés d’incompréhension entre les humains, les montagnes de préjugés, d’indifférence et de critiques acerbes. Quelles luttes avons-nous entreprises contre ces obstacles ?
Jean-Baptiste prêche « la conversion du cœur » et nous dit aujourd’hui d’une voix pressante : Préparez le chemin pour que Jésus puisse venir et trouver une place dans vos cœurs.
L’évangile d’aujourd’hui nous montre en quoi consiste la conversion. Il ne s’agit pas de faire plus d’efforts. Nous avons tous déjà essayé et cela n’a pas fonctionné. Non, la conversion est tout autre chose.
La conversion signifie que je m’approche de Jésus et que je lui dis : « Je te demande de me transformer afin que les fruits du Saint-Esprit puissent vraiment croître et devenir visibles dans ma vie ». La conversion passe par la confession, c’est-à-dire par le sacrement de la réconciliation, sacrement par excellence de l’amour et de la miséricorde de Dieu !
Le chemin qui mène à Noël est le chemin de la conversion de son propre cœur. La conversion du cœur ouvre la voie au Seigneur et nous prépare à sa venue. L’Avent est donc un temps de décision : c’est maintenant le temps de conversion, c’est maintenant l’heure d’ouvrir son cœur à Jésus. Amen.