Encore une fois, cette année, nous devrons vivre les fêtes de Noël dans un certain confinement. Il n’y aura pas de grands rassemblements festifs autour d’une table bien garnie et bruyante. Il y aura au contraire bien peu de monde. On regrettera même les plaisanteries un peu stupides de l’un ou l’éternel babillage de l’autre. Ce confinement nous permettra peut-être de mieux méditer le dépouillement de la crèche. C’est un aspect de Noël qu’on avait peut-être un peu oublié par rapport à la beauté d’un nouveau-né, la douceur de la paix tant espérée, la chaleur de l’amitié retrouvée.
Ici, cette année, c’est le dépouillement qui dominera nos pensées, non seulement notre propre dépouillement, mais aussi, et surtout, celui des autres : des gens dans la rue, des personnes sinistrées qui vivent encore dans leur maison endommagée. Le froid et l’humidité ont déjà bien pénétré dans les murs, et la moisissure du découragement risque de gagner les cœurs.
N’était-ce pas le même sentiment devait envahir Marie et Joseph ? La jeune femme est là, tout épuisée par l’accouchement et inquiète pour la santé de son enfant. Et Joseph est là, malheureux de ne pouvoir donner de la chaleur et des vêtements convenables à la mère et à l’enfant. Un sentiment de honte devait s’ajouter à toutes ces difficultés. Il devait se reprocher de ne pas être un vrai homme, il n’était pas capable de prendre soin de sa femme et de son enfant ! Et voilà que, comble de la déchéance, des hommes sales et mal habillés s’approchaient d’eux timidement : des bergers ! Ils étaient restés dehors toute la journée, ils ne s’étaient pas changés. Ils s’étaient juste un peu réchauffés autour d’un petit feu d’herbes sèches et de branches de buissons faméliques. Ils étaient patauds et maladroits. Ils ne savaient pas quoi dire et ils avaient raison. Ils n’étaient pas là pour dire quelque chose, mais pour découvrir la présence de Dieu dans une étable isolée.
Ne sommes-nous pas un peu comme eux ? A la recherche de Dieu. Ne sommes-nous pas comme Marie et Joseph ? Ne sachant pas trop comment faire pour présenter Dieu, pour l’offrir aux plus démunis. Et c’est ce que beaucoup d’entre nous font déjà avec les mal-voyants, avec les sans-logis, avec les malades et les personnes hospitalisées, avec les prêtres venus de loin et plongés dans une société et une Eglise totalement différentes. C’est à ces personnes désespérément seules et à la recherche d’un peu de chaleur humaine que Marie et Joseph et chacun d’entre nous, nous sommes appelés à offrir l’essentiel de notre vie, Jésus-Christ présent au milieu de nous. C’est comme cette eucharistie. Ce n’est pas grand-chose, un petit morceau de pain, une hostie, mais c’est le Christ qui est vraiment là et qui se donne à chacun d’entre nous. Alors la modestie de la fête de Noël cette année-ci pourrait nous paraître comme une bénédiction. Dépouillés de toutes les guirlandes et de tout le luxe extérieur, nous pourrons retrouver la petite étincelle de la présence de Dieu dans notre vie, une étincelle qui brille d’autant plus fort qu’elle est là dans la nuit de l’hiver. Alors approchons-nous de la plus belle des tables, celle de l’Eucharistie, où Dieu nous invite pour la plus belle des aventures, celle de l’amour pour l’éternité.