C’est la douche froide.  Nous passons sans cesse d’un extrême à l’autre : de la chaleur de Noël au martyre d’Etienne, de la douceur de saint Jean à la barbarie du massacre des Saints Innocents.  C’est parce que la liturgie s’adapte à l’histoire de notre humanité.  Nous passons sans cesse de la beauté de l’amour de Dieu pour les hommes à l’horreur de la cruauté humaine.  Quand Dieu a créé l’homme et la femme et qu’il leur a donné le Paradis terrestre, ce fut aussitôt le premier péché.  Quand le Seigneur rencontra Moïse sur la mont Sinaï et qu’il lui donna l’Alliance, les Hébreux se fabriquèrent aussitôt le veau d’or.  Quand Dieu se fait homme, le roi Hérode fait massacrer tous les enfants.

  Il y a dans le cœur de l’homme une force de destruction qui est là, et qui à tout moment peut se déchaîner.  Nous retrouvons la même alternance d’horreur et de beauté, de désespoir et de résurrection dans les psaumes que nous récitons tous les jours dans toutes les églises et dans tous les couvents.  Et c’est cela que le Christ est venu transformer, en vivant au milieu de nous.  Il est venu dépasser cette force de destruction pour en faire une force de conversion.  Pendant qu’on lapidait Etienne, un jeune homme gardait les vêtements des assassins.  C’était Saul.  Il allait devenir saint Paul.  Quand on interrogeait Jésus chez le grand-prêtre, un homme renia trois fois Jésus.  C’était Pierre.  Il allait devenir le prince des apôtres.  Oui ! Dieu peut changer les cœurs.  Dieu peut changer nos cœurs.  Pour cela, retrouvons le courage de Marie et de Joseph qui, en silence, partirent se réfugier en Egypte et puis remontèrent vers la Galilée vers Nazareth.  Regardons cette hostie : elle est toute blanche, et pourtant elle rappelle le sacrifice de notre Seigneur Jésus-Christ, mais elle est blanche parce qu’elle porte le corps du Christ ressuscité.  Nous aussi, face aux forces du mal dans le monde, apportons la blancheur de la vie, de l’amour et de la résurrection.