Il était revenu avec un échec en religion dans son bulletin de Noël. Ses parents décidèrent alors pour l’aider de ne plus lui parler qu’en utilisant des citations bibliques. Un matin, excédée qu’il dorme encore alors que la matinée était déjà bien entamée, la mère entra dans la chambre de l’adolescent et lui dit : « Jean 5 : 8, Lève-toi et marche ». Celui-ci releva la tête, regarda sa mère et répondit : « Jean 2 : 4, Femme que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. »
Au-delà de l’humour de cette situation, il est intéressant de constater que lorsque l’on utilise une phrase hors de son contexte, elle peut avoir un tout autre sens. J’en ai pour preuve, la citation suivante tirée du Notre Père : « que ta volonté soit faite ». Il est étonnant de constater à de nombreuses reprises que des personnes citent cette phrase lorsqu’ils sont confrontés à l’injustice de la maladie pour eux-mêmes ou pour un de leur proche. « Que ta volonté soit faite », comme si la volonté de Dieu était que nous souffrions et que nous soyons anéantis par la douleur et par la souffrance. Permettez-moi de reprendre cette phrase du Notre Père « Que ta volonté soit faite » et de la paraphraser dans l’esprit de l’épisode des noces de Cana en affirmant plutôt « Que ta volonté soit fête ». En effet, c’est à l’occasion d’une fête de noces que le Christ accomplit son premier signe. Il ne craint pas l’esprit de la fête, mieux encore il y participe activement. Il ne s’agit pas seulement d’une fête mais plutôt de l’abondance offerte à l’occasion de celle-ci. « Que ta volonté soit fête » nous rappelle alors l’abondance du don, l’abondance de la Vie à laquelle chacune et chacun d’entre nous sommes appelés. Par ce signe à Cana, le Fils de Dieu nous dit, dès le début de sa prédication, que nous sommes convier à vivre une vie abondante où nous profitons de chaque instant comme une perle précieuse. La Vie nous a été donnée. Elle est un cadeau merveilleux. Nous n’avons pas la possibilité d’ajouter du temps à celle-ci. C’est la nature qui le décidera. Par contre, nous avons la possibilité de mettre de la vie dans le temps. Il y va de notre responsabilité personnelle. Et mettre de la vie dans le temps, c’est accepter de vivre une vie abondante. Le Fils de l’homme a changé l’eau en vin, ou plutôt, l’eau en vie et par là, nous invite à faire de même, c’est-à-dire à mettre du vin dans notre eau. Nous le savons aujourd’hui, nos corps sont constitués à 60% d’eau. Mettre du vin dans notre eau, n’est pas une expression pour nous enivrer de ce breuvage mais plutôt pour nous enivrer de l’abondance de la grâce que Dieu continue de nous offrir lorsque nous nous tournons vers Lui. Et la question à laquelle nous sommes invités de répondre est celle de savoir si nous recevons les paroles du Christ comme un bon vin. Il nous est loisible de lire ou d’écouter l’évangile comme un beau récit bien construit ou encore comme un livre d’histoire où nous cherchons à nous convaincre que tout cela s’est bien passé. Il nous est également loisible de lire ou d’écouter l’évangile comme un moment exceptionnel où nous recevons ces paroles comme des paroles de Vie. De quelle manière, l’évangile du Christ nous transforme-t-il, nous permet-il de devenir plus humain, c’est-à-dire d’entrer dans une démarche divine ? Osons prendre le temps de vivre cette conversion intérieure à la lecture de ce que le Fils de Dieu nous a laissé. Il est possible que l’un ou l’autre passage d’Evangile ne nous parle pas, ne nous émeuve pas pour le moment. Sans doute, les comprendrons-nous plus tard. D’autres passages peuvent être vécus comme de véritables interpellations qui nous font grandir, qui nous font avancer sur le chemin de nos vies. Ces passages ont alors le goût du bon vin qui se mélange en nous. Ils nous enivrent car ils nous permettent de goûter différemment la Vie qui nous a été donnée. Le Christ s’est incarné, est venu parmi nous pour cette raison précise. « Je suis venu pour que mes brebis aient la Vie en abondance », dira-t-il plus au chapitre 10 de l’évangile de Jean. C’est cette même abondance de Vie qui est signifiée dans le signe de Cana. Puissions-nous alors accepter et vivre ensuite de cette maxime « Que ta volonté soit fête », comme expression de ce désir de Dieu : « Que ta volonté soit faite ! ».
Amen