Trinité

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 12/06/22
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2021-2022

« Le Père, le Fils et le Saint-Esprit : pour moi, c’est un peu trop compliqué.  Je me limite à Jésus.  C’est déjà assez.  Le reste, cela le concerne.  C’est sa vie privée » C’est vrai.  La Trinité, c’est un peu comme une maison familiale.  On ne sait pas ce qui se passe derrière les murs, et cela vaut mieux.  Ce ne sont pas nos affaires, sauf que Jésus est venu pour cela sur terre : pour nous dire ce qui se passe entre lui, son Père et le Saint-Esprit.  Il est venu parmi nous justement parce qu’il était envoyé par son Père.  D’ailleurs, dans l’Evangile de Jean, Jésus parle tout le temps de celui qui l’a envoyé.  Et, quand il dit cela, il est un peu comme un jeune amoureux qui parle de sa bien-aimée : il en a plein la bouche.  Pour Jésus, Dieu le Père, c’est toute sa vie.  Il fait ce qu’Il lui dit, même la veille de sa mort : « que ta volonté soit faite ! » Mais il ne dit pas cela parce qu’il est écrasé par l’autorité dictatoriale de son Père, mais parce qu’il est tout entier porté par l’amour de son Père.  Grâce à cet amour, le Christ est capable de toutes les audaces, même celle de venir sur terre pour y mourir tout seul, trahi par ses meilleurs amis.

            Et c’est alors qu’on peut mieux comprendre ce que c’est que, pour nous, la Trinité : c’est avant tout et surtout une force d’amour qui existe entre eux trois.  Dieu n’est pas seul.  Ce n’est pas un dieu solitaire, perdu sur son nuage avec rien ni personne autour de lui.  C’est quelqu’un qui connaît déjà et depuis toujours une histoire d’amour.  Le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont heureux d’être ensemble.  On ne sait pas très bien comment, mais c’est comme cela et c’est Jésus qui nous l’a dit et qui nous le répète tout le temps. 

C’est pour cela que c’est parfois mieux de se dire que nous allons vers le Père, par le Fils grâce à l’Esprit.  Ce sont trois personnes différentes qui ont chacun un rôle particulier dans notre vie.  Le Père, c’est le but ultime.  Pourquoi ? Parce que c’est lui qui est la source de toute vie, c’est même l’origine du Fils.  Le Fils, c’est celui qui vient nous chercher et qui nous guide sur les chemins de la vie.  C’est à la fois un ami, un compagnon de voyage et surtout un confident parce qu’il sait bien ce que c’est que la vie humaine.  Lui aussi, il l’a vécue dans ses petits moments comme dans toutes ces grandes difficultés.  Il a eu mal aux pieds, il a eu soif, il a eu faim, et surtout il a eu mal, et même très mal puisqu’il est mort sur la croix.  Et le Saint-Esprit, c’est un peu comme la sève dans un arbre.  On en avait parlé la fois dernière, pour la fête de la Pentecôte.  Le Saint-Esprit, c’est la force que nous recevons à la naissance, qui permet à l’enfant de se redresser et de se tenir droit.  Mais c’est aussi la grâce que nous avons reçue au baptême et que nous recevons à chaque communion.  Cela ne se voit pas.  Cela ne se sent pas, mais c’est comme la chaleur et la lumière du soleil.  Si on garde les portes et les fenêtres fermées, rien ne peut pénétrer dans notre cœur, dans notre vie.  Si nous ouvrons les portes de notre demeure intérieure, nous pouvons recevoir cette grâce.  C’est comme avec son conjoint, son voisin, ou ses enfants, si on n’ouvre pas les oreilles et les yeux de notre cœur, on ne voit rien d’autre que quelqu’un qui peut nous déranger.

C’est incroyable, mais c’est ce qui s’est passé au Moyen Âge.  Il y avait une jeune fille, Catherine de Sienne, qui a écrit de très belles prières pour la Trinité, tout simplement parce qu’elle trouvait cela tellement beau de contempler la vie d’amour qui existe entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit.  C’est comme pour nous quand nous regardons un vieux couple qui partage encore des petites confidences et des petites attentions.  C’est beau, c’est touchant, c’est rayonnant parce que l’amour, c’est toujours fécond et que nous sommes le fruit de cet amour qui existe à l’intérieur de la Trinité. Les fruits de l’amour, quel beau titre pour chacun d’entre nous.

 

Philippe Henne