Quinzième dimanche ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 10/07/22
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2021-2022

Le bon Samaritain prend des risques.  Il laisse l’aubergiste maître de toutes les dépenses.  Il lui dit : « prends ces deux pièces d’argent ; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai ». Ce n’est pas prudent ce qu’il fait là. L’aubergiste pourrait en profiter pour offrir au voyageur maltraité le meilleur des services, le plus cher alors qu’une simple tartine suffirait.  Pis encore ! L’aubergiste pourrait en profiter pour faire de fausses factures. Comment le bon Samaritain pourrait-il vérifier si le voyageur a reçu la meilleure viande ou un simple bol de rollmops, car, à cette époque, il n’y avait pas de facture, pas de comptabilité. Alors oui ! le bon Samaritain a été bien imprudent.

            Mais nous sommes tous imprudents dans les choix importants de notre vie.  Regardez les enfants ! C’est la meilleure et la pire des choses au monde.  On en est fiers, mais on n’est jamais tranquilles.  Quand ils sont jeunes, ils font des bêtises.  Quand ils sont grands, ils font de grosses boulettes.  Et pourtant on les aime bien et c’est cela qui fait mal.

            Aimer, c’est souffrir et c’est partir vers l’inconnu. Si on savait tout avant de commencer, on hésiterait avant de se lancer.  Et pourtant on a bien vu et voit encore maintenant tout autour de soi tant d’échecs et de souffrances chez les gens mariés et qui ont des enfants. Et pourtant on recommence et on recommencera encore de nouveau.  Parce que partir dans une relation amoureuse, ce n’est pas comme lancer une nouvelle entreprise.  Il y en a qui partent à l’étranger pour faire fortune et, quand ils ont réussi, c’est très bien, mais ils sont tous seuls, loin de leur famille et leur pays.  Quand on se lance dans une vie de couple ou une vie de famille, on a toujours des ennuis, mais on rencontre toujours quelqu’un.  C’est la même chose pour ceux qui sont seuls et qui se dévouent pour les malades ou pour les plus démunis.  Chaque jour, ils pensent à l’un ou à l’autre.  Ils portent dans leur cœur une partie du poids de leurs misères.

            C’est ce que le Christ a fait et fait maintenant pour chacun d’entre nous.  Quand il a créé le ciel et la terre, il savait qu’il y aurait des guerres et des famines, mais il savait aussi qu’il y aurait des hommes et des femmes qui se lèveraient pour faire comme lui : aller à la rencontre des plus démunis, s’asseoir et les écouter pour mieux pouvoir leur tendre la main et les aider à se relever.  Quand le Christ est venu sur terre, il savait que cela allait mal se terminer pour lui et pourtant il est venu parce qu’il nous aime tellement qu’il en oublie nos petites méchancetés et nos grosses bêtises, comme le fait une maman quand elle voit son enfant revenir.  Alors la maman met la table et elle prépare le meilleur repas. C’est ce que le Christ fait aujourd’hui avec son eucharistie. Il se donne en nourriture pour chacun d’entre nous.  C’est ce que le bon Samaritain a également fait.  Il a permis à l’aubergiste de donner le meilleurs qu’il avait au voyageur maltraité.  Cela peut coûter cher, c’est le prix de l’amour, et l’amour, ça n’a pas de prix, parce que c’est la vie.