Quinzième dimanche du temps ordinaire

Auteur: Stéphane Braun
Date de rédaction: 10/07/22
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2021-2022

"Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? " C'est la question d'un docteur de la loi, d'un sage qui connaît bien la loi Juive et les écritures et qui a découvert en Jésus ce quelque chose de plus, de différent qui l'attire et l'interpelle.

Mais, que faut' il faire pour avoir cette « vie éternelle » dont parle l’Écriture. N'est-ce pas la question que nous nous posons tous ? Qu'est-ce que cette vie éternelle ? Existe-t-elle ? Et comment y être reçu ?

Jésus renvoie la question au légiste en lui demandant : « Mais que disent les écritures ? ». L’homme de loi répond à Jésus : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même ».

A l'occasion d'une bonne question qui lui est posée, Jésus réponds : « Ce que tu dis est juste, fais ainsi et tu auras la vie ». Et le légiste insiste : « Mais qui est mon prochain ? » Cette question va alors entraîner Jésus au-delà de la loi, au-delà de la doctrine, dans une autre vision des relations humaines.

La réponse ne sera pas dans les groupes de discussion et de partage, dans les salles de cours, dans les synagogues, … ni même dans nos églises.

La réponse est au bord du chemin que l’on emprunte presque tous les jours. Ce bord moins praticable que l’on évite est le lieu de ceux qui ne sont pas sur mais à côté du chemin, de ceux qui sont même parfois dans le fossé.

Et puis, le prochain, c'est toujours une personne. Une personne qui a besoin d'aide. Il n'y a plus de question sur son origine, sa couleur de peau, son histoire.

Ce qui compte, c'est oser la rencontre de l'autre avec ses forces et ses propres fragilités. Ce qui compte, c'est prendre le risque d’aimer !

Pour Jésus, secourir, n'est pas calculer, vérifier, chercher des solutions.

Secourir, c'est prendre la main, remettre debout et accompagner le temps qu’il faut.

Par la parabole, dite « du bon Samaritain », Jésus nous met devant un miroir, il nous plonge dans un récit dont nous devenons les acteurs. La parabole nous fait entrer dans une expérience concrète de relation humaine, celle du prochain.

Une relation dans laquelle chacun trouve sens pour lui-même en donnant sens à l'autre. Une relation dans laquelle le plus fort se fragilise et dans laquelle le fragile retrouve des forces. Aimer son prochain, c'est entrer à deux dans une relation privilégiée. Le prochain n’est pas celui dont je m’écarte, mais celui dont je m’approche. Le mot « prochain » n’a de sens que s’il est précédé de l’adjectif possessif « mon ».

 

Les prêtres de la bible, dont parle l'évangile, sont les responsables du culte dans le temple. Les Lévites les y aident. Ils connaissent bien les rites, les prescriptions, les règles pour célébrer les sacrifices. Mais ils passent à côté et se détournent, même volontairement, de l'essentiel.  

Celui qui s'arrête est un Samaritain, un étranger, qui vient d'une région d'autre culture. L'étranger est ici celui qui n'est pas concerné par toutes les règles, les permis et interdits. C'est celui qui est libre, sans attaches, sans préjugés.

Pour aimer, nous dit Jésus, il faut être étranger à tout ce qui nous détourne de l’autre et nous enferme sur nous-même. Il faut se libérer de ce qui nous coince, de ce qui nous empêche d'aller à la rencontre de l’autre par prudence, rejet, incompréhension ou peur.

L’évangile nous demande de partir sur le chemin pour être attentif, éveillé, pour oser la tendresse et la compassion, pour prendre avec soi un blessé de la vie et trouver un lieu de confiance où poursuivre la guérison.

Et nous voilà alors à l'auberge. Deux lignes dans le texte sur cet incroyable aubergiste. Il accueille un inconnu blessé et accepte d'en prendre soin sans poser la moindre question, sans se soucier des autres clients, sans hésiter.

Et si c'était lui, ce Dieu qui nous accueille fragilisés, blessés, pour pouvoir nous reposer et reprendre des forces ? Ce Dieu qui prolonge les limites de notre compassion, de notre tendresse, de notre amour humain jusque dans l’infini de ce qu’il est lui-même. N’est-il pas temps alors que nos églises deviennent des auberges avant d’être des lieux de culte ?