19ème dimanche ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 7/08/22
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2021-2022

            Dans la vie, tout est possible : le meilleur comme le pire, le plus beau comme le plus laid. Et pourtant on arrive toujours à s’en sortir. Il y a, en chacun d’entre nous, beaucoup d’énergie, une énergie folle qui est toujours prête à s’exprimer. C’est cette énergie qui pousse un enfant à sortir du ventre de sa mère, à quitter son petit coin pour aller à quatre pattes fouiller partout dans les armoires. C’est cette énergie qui pousse les jeunes gens et les jeunes filles à quitter la maison, à prendre du travail et à chercher un conjoint pour la vie. Et alors, après, tout paraît s’arrêter : plus d’énergie, plus de projet, plus d’envie de faire quelque chose de nouveau.


            Mais non ! Tout cela n’est qu’une préparation. Quand un enfant marche à quatre pattes, c’est pour apprendre à se tenir debout et à marcher sur ses deux pieds. Quand un enfant joue avec deux bouts de ficelle, c’est pour apprendre à être un bon technicien ou un bon ingénieur. Parce que tout ce que nous faisons et tout ce que nous avons fait est une préparation pour quelque chose de plus grand encore : l’amour de Dieu. C’est pour cela qu’un petit garçon ou une petite fille a des copains ou des amies à l’école. C’est pour apprendre à aimer plus tard son conjoint.

            C’est pour cela que, quand on passe à l’âge adulte, on passe des grandes décisions aux profondes maturations. C’est comme pour la terre dans les champs. A l’automne et au printemps, ce sont les grands travaux de labours et d’ensemencement. Puis vient une longue période de sommeil. Il faut laisser la terre tranquille et le blé mûrir. On pourrait se décourager de ne rien voir venir. Mais c’est le temps de la patience et de l’espoir. C’est la même chose dans la vie d’amour avec Dieu et avec les autres. Ce ne sont pas tout le temps de grandes embrassades et de grandes déclarations, mais c’est souvent une période de mûrissement. Dans la vie de tous les jours se tisse peu à peu un réseau de complicités, de connivence. On se dit qu’elle va faire comme cela ou qu’il va dire encore une fois cela. Cela fait partie de son caractère et c’est avec ce caractère que l’on construit peu à peu la maison notre amour.

            C’est la même chose avec Dieu. C’est en s’adaptant aux autres que l’on construit peu à peu le royaume de Dieu, la maison dans laquelle il va bientôt arriver au milieu de nous. Il ne peut nous surprendre que si nous sommes endormis, que si nous ne faisons plus d’efforts pour profiter de tout ce que l’autre peut donner. C’est ce que le Christ a fait avec chacun de ses apôtres. Il a laissé Pierre lui dire qu’il était le Messie, le Fils de Dieu, mais il l’a rabroué quand il disait que jamais il ne permettrait que Jésus soit arrêté et mis à mort. C’est sans doute ce qui a perdu Judas. Il attendait une grande révolution politique que Jésus mènerait et qui le conduirait au pouvoir, mais non ! Rien n’est venu. Alors il a préféré arrêter, se mettre à l’abri avant que cela ne tourne mal. Peut-être est-ce ainsi que certains s’arrêtent dans la vie. Ils croyaient trouver le plein épanouissement dans l’amour parfait et ils n’ont trouvé qu’un être humain avec ses qualités et ses défauts, mais rien de plus. Mais c’est ce que Jésus découvre à l’intérieur de nous : quelqu’un avec des qualités et des défauts, mais quelqu’un de merveilleux. Et il le sait parce que c’est lui qui nous a fait. Il sait que nous sommes beaucoup plus beaux que nous ne pensons. La preuve, c’est quand un jeune homme découvre qu’une jeune fille l’aime bien, il est tout surpris. Il ne savait pas qu’il pouvait plaire, qu’il pouvait séduire.

            Alors, oui ! Ne laissons pas le trésor de notre cœur sombrer dans la nuit de l’ennui. Faisons encore et toujours ce que chaque dimanche nous faisons : laver notre âme de toutes ses impuretés pour que le rayon de l’amour de Dieu puisse atteindre la pierre précieuse de notre cœur. Jésus l’a fait avec Marie Madeleine et saint Matthieu. Il peut le faire avec chacun d’entre nous si nous laissons entrouverte la porte de notre cœur. Dieu nous attend. Ne nous endormons pas et, pour cela, allons vers les autres, les personnes seules et isolées, vers les malades et les nécessiteux. Ils sont autant de visages de Dieu qui nous appelle et qui nous attend. Ne laissons pas Dieu nous attendre. Il est là à côté de nous.
Philippe Henne