18ème dimanche ordinaire

Auteur: Jean-Bertrand Madragule
Date de rédaction: 31/07/22
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2021-2022

 

Chers frères et sœurs,

Dans une famille, il n’est pas rare que la transmission d’un héritage provoque des conflits. En l’absence de testament, les héritiers peuvent rapidement se retrouver devant les tribunaux. Combien de fois est-il arrivé que des familles ou des communautés religieuses se déchirent de manière irrémédiable à cause de l’argent ?

Dans l’évangile d’aujourd’hui, Luc présente un homme qui est en conflit avec son frère. Un homme demande à Jésus d’intervenir. Mais Jésus ne répond pas à cette sollicitation, car le jeune homme veut se prévaloir de son autorité pour obtenir justice. L’Évangile ne nous dit pas si l’homme en conflit avec son frère obtiendra satisfaction.

Comme un bon médecin, Jésus veut d’abord faire un bon diagnostic pour attaquer le problème à sa racine. Il se tourne vers la foule et dit : « Gardez-vous bien de toute avidité, car la vie de quelqu’un, même dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède » (Lc 12, 15).

Le problème qui se pose ici concerne le partage des richesses matérielles et non-matérielles. Pour mieux se faire comprendre, Jésus raconte à la foule la parabole de l’homme riche. Aveuglé par sa richesse, cet homme calcule les meilleurs moyens pour bien profiter seul de la vie. Il commence à mettre en sécurité sa richesse et cherche encore comment s’enrichir. Cet homme riche croit que la richesse, le prestige et une vie pleine de confort sont les seules sources du bonheur.

Jésus qualifie un tel raisonnement d’insensé : « Cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ? » (Lc 12, 20). Une telle pensée ne laisse aucun espace où je pourrais rencontrer Dieu. En réalité, cet homme, avec toutes les richesses accumulées, est pauvre devant Dieu et se présente les mains vides devant le Seigneur. Et c’est la pire chose qui puisse nous arriver. Comme l’homme du livre de Qohèleth, il croit qu’il a réussi sa vie. La réussite n’est pas tout. Car tout est vanité sur cette terre ! Tout est poursuite de vent !

Pour revenir à l’Évangile, Jésus conclut la parable en disant : « Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu » (Lc 12, 21). Autrement dit, tout ce que nous pouvons accumuler sur cette terre ne peut en effet nous empêcher de mourir. Cette parabole, loin de nous effrayer, est une invitation à nous interroger sur le sens de notre vie. Quel est le sens de ma vie ? Qu’ai-je fait de la richesse que le Seigneur m’a confiée ? Comment être riche en vue de Dieu ?

Au début de l’Eucharistie, nous confessons que « j’ai péché en parole, par action et par omission. » L’homme riche a commis le péché par omission. Il a oublié que c’est Dieu qui est le Créateur de ses biens.

Lorsque nous entendons la parable du « riche cultivateur de blé », ou lorsque nous sommes soudainement confrontés à la maladie, lorsque nous devons laisser partir des personnes qui nous sont chères, ce sont autant de moments où nous devons nous poser la question du sens de notre vie sur cette terre. Que reste-t-il à l’homme qui, à la fin de sa vie, se présente devant Dieu les mains vides ?

À partir de l’évangile d’aujourd’hui, nous pouvons retenir trois choses :

La première : La parabole nous apprend à « vivre consciemment ! », c’est-à-dire que dans mon agenda, je dois avoir un temps de silence qui me permette de méditer sur les expériences vécues et de présenter à Dieu dans la prière les succès et les échecs de ma vie. Ce temps me permet de méditer sans cesse sur ma propre vocation et de me demander : qu’est-ce que Dieu a prévu pour moi ? Que veut-il accomplir dans le monde à travers moi ?

Une deuxième réflexion : L’Évangile m’apprend à dire « Merci » ! Apprendre à dire merci signifie : découvrir que ma vie est un don de Dieu, reconnaître que ce je suis et ce que j’aine relèvent pas de ma propre performance. L’Ancien Testament ne cesse de le rappeler à Israël et à nous aujourd’hui : « Si tu manges à satiété, si tu te construis de belles maisons, si tu as beaucoup d’argent et d’or, beaucoup de biens de toute sorte, ne va pas devenir orgueilleux et oublier le Seigneur ton Dieu…, ne va pas te dire : ‘C’est à la force du poignet que je suis arrivé à la prospérité, mais souviens-toi que c’est le Seigneur ton Dieu qui t’aura donné la force d’arriver à la prospérité » (Dt 8, 12 …18).

Et une troisième et dernière réflexion : « Apprendre à cultiver la bonté ! » Pratiquer la bonté – c’est en fin de compte le seul critère à l’aune duquel notre vie sera jugée au jour du Jugement dernier : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40).

Pratiquer la bonté, c’est un grand signe de l’amour véritable. C’est aussi ce que nous recommande le grand théologien et médecin Albert Schweitzer (1875-1965) lorsqu’il dit :« La seule chose qui compte vraiment dans la vie, ce sont les traces d’amour que nous laissons dans les cœurs de chaque personne quand nous devons nous en aller ».

En cette période des vacances d’été, il est important que nous puissions réfléchir au vrai sens de notre vie. Car personne ne sait de quoi demain sera fait. Une sagesse populaire dit : « La dernière chemise n’a pas de poches. Tu dois tout laisser. Tu ne peux rien emporter, rien du tout. »

Essayons de vivre de manière consciente, reconnaissante et bienveillante – cela nous aidera à devenir riches devant Dieu. Amen.