Homélie sur les greniers de blé, 18e dimanche, année C
Le Christ voudrait-il ruiner toute l’économie mondiale ? C’est grâce à des gens courageux et entreprenants qu’on a pu construire des usines, lancer des trains, produire des voitures. Et nous pouvons en profiter. A ce sujet, nous connaissons beaucoup de gens qui préfèrent rester au bureau plutôt que de jouer avec leurs enfants ou de passer une soirée avec leur conjoint. C’est plus facile de travailler avec du papier que de rencontrer quelqu’un et de lui parler. Le Christ, lui, n’a pas hésité. Il a quitté l’entourage céleste des anges qui chantaient sa louange pour venir sur terre au milieu de nous. Et cela n’a pas été facile. Les gens voulaient des miracles et il venait donner son amour. Il leur a annoncé qu’il devait souffrir et mourir sur une croix, et les gens attendaient un libérateur politique. Pour lui, comme pour nous, c’est souvent difficile de partager ce que l’on a dans le cœur.
Alors on préfère le garder pour soi, mais cela s’entasse et cela pourrit. Dieu aurait pu rester bien tranquille là-haut, dans le ciel, mais il a envoyé Moïse et les prophètes. Il a même envoyé son propre Fils, mais il ne l’a pas envoyé pour discuter avec nous. il nous l’a envoyé pour nous montrer comment faire.
Tout d’abord, Jésus était capable de sentir la détresse et le malheur chez les autres, non pas pour en parler pendant des heures comme chez un thérapeute, mais pour leur rendre soudain confiance. Et c’est cela souvent le drame. A force d’être mis sur le côté, de n’avoir personne à qui parler, mais d’avoir tout le temps des gens qui critiquent tout ce l’on fait, tout ce que l’on dit, alors on n’a plus le goût de rien faire. On devient comme l’Ecclésiaste dans la première lecture. On devient fataliste et on murmure, découragé : « vanité des vanités ! Tout n’est que vanité ! » Tout ce que l’on dit, tout ce que l’on fait, tout cela n’est que de la balayure, des feuilles mortes, du papier sale par terre qu’on balaie, qu’on ramasse et qu’on jette. Mais Jésus passe et il dit à Zachée : « je vais chez toi aujourd’hui ». Il dit à Marie-Madeleine : « va et ne pèche plus ». Il demande à Pierre et à chacun d’entre nous : « m’aimes-tu ? »
Car c’était là, la grande erreur du riche fermier de la parabole d’aujourd’hui. Il ne voulait plus d’ennui. Il voulait tout faire tout seul pour lui, et ensuite jouir de la vie. Or, c’est maintenant, c’est aujourd’hui que nous devons jouir de la vie, en allant voir les personnes qui sont seules, en aidant les plus défavorisés, en priant pour ce qui souffrent de la guerre et des conflits familiaux.
Nos greniers sont remplis de l’amour de Dieu. Ils sont pleins à craquer et nous pouvons toujours les remplir à nouveau grâce à la messe et à l’eucharistie. Alors ! Distribuons ce que nous avons reçu en abondance : l’amour de Dieu pour l’éternité.
Philippe Henne