17ème dimanche ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 24/07/22
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2021-2022

Un jour, quelque part, Jésus priait. Pas moyen d’être plus vague que cela. La question est de savoir pourquoi saint Luc a voulu être aussi imprécis. Certainement pour prendre ses distances par rapport à la religion juive de son temps. L’Ancien Testament a toujours bien insisté sur le fait qu’on ne pouvait célébrer de sacrifices que dans un seul endroit, le Temple de Jérusalem. Et saint Luc voulait donc montrer qu’on pouvait prier Dieu n’importe où, n’importe quand. C’est ce Jésus a fait un jour quelque part.

C’est curieux, ce besoin qu’ont les évangélistes de toujours bien dire que Jésus priait.  Il a prié au début de sa vie publique.  Quand il a quitté Nazareth, il n’a pas tout de suite couru à Jérusalem pour faire la vedette. Il est allé au désert où il a prié et jeûné pendant quarante jours. C’est comme s’il avait eu besoin de charger ses accus, de se remplir de l’amour de son Père avant de parcourir la Judée et la Samarie.  Nous aussi, nous avons besoin de recharger nos accus. C’est pour cela que tous les dimanches, nous allons à la messe pour rencontrer Dieu et les autres, pour retrouver la source de notre vie : l’amour de Dieu pour chacun d’entre nous.

Mais le Christ nous montre aujourd’hui qu’il ne faut pas se limiter aux grands rendez-vous prévus comme la messe du dimanche. Il y a les petites attentions spontanées. Pendant la journée, on peut s’arrêter un moment et dire tout bas : « Bonjour, Jésus, je pense à toi. Merci pour ton amour. » On peut le faire aussi avec son conjoint et avec ses proches, mais il faut faire attention de ne pas les déranger.  Avec jésus, pas de problème ! On peut toujours lui parler. On ne le dérange jamais, quoique parfois on puisse l’assommer. Il ne faut pas devenir comme ces personnes qui parlent sans arrêt et qui n’écoutent jamais personne. Il n’y a finalement qu’une seule chose qui les intéresse : c’est elles-mêmes, ce qu’elles pensent, ce qu’elles font, etc.

C’est pour cela que les apôtres ont demandé à Jésus comment il fallait prier. C’est comme si nous demandions à quelqu’un : « dis-moi ! Qu’est-ce qui te ferait plaisir ? », ou bien « Et toi, qu’en penses-tu ? Qu’est-ce que tu ferais à ma place ? » C’est ce qu’on pourrait faire plus souvent avec Jésus, lui demander ce qu’il en pense. Et pour cela, il faudrait essayer de se rappeler ce qu’il avait fait quand il s’était trouvé dans une situation semblable. Ce petit jeu de questions et de réponses devient intéressant quand on le fait non pas pour dire ou faire le contraire de l’autre, mais pour ensemble essayer de créer une espèce de complicité. C’est ce que don Camillo faisait avec Jésus. C’est ce que visiblement sœur Emmanuelle avait l’habitude de faire : pouvoir parler avec Jésus comme avec un vieux compagnon, avec lequel il n’y a pas de concurrence, mais une belle complicité. On  pourrait faire la même chose avec l’un de ses proches : éteindre la télé et l’ordinateur, fermer les livres et les cahiers pour s’asseoir non pas l’un en face de l’autre, comme dans une confrontation ou une négociation, mais l’un à côté de l’autre comme des complices, et regarder ensemble dans la même direction.

C’est ce que Jésus faisait spontanément : il s’arrêtait un moment quelque part, non seulement pour savoir ce que son Père pensait, mais aussi et surtout pour sentir sa présence auprès de Lui. C’est ce qu’il a fait au jardin de Gethsémani avant de souffrir sa Passion. Il voulait sentir la présence de son Père auprès de lui.

Prier, ce n’est pas demander quelque chose ou échanger des idées. C’est tout simplement se placer sous la lumière chaleureuse de la tendresse de Dieu.

Philippe Henne