22ème dimanche ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2021-2022

L’humilité, voilà bien un mot insupportable, maintenant comme depuis toujours. Comment peut-on être humbles dans une société humaine ? Si vous cherchez du travail, ne soyez pas trop humbles, mais au contraire mettez-vous en valeur. Montrez que vous être meilleurs que les autres, tous les autres. Autrement on ne vous prendra pas. Si vous travaillez au marché et que vous voulez vendre vos pommes de terre ou vos tomates, surtout ne dites pas que vos produits ne sont pas parfaits et que peut-être votre voisin a de la meilleure marchandise. Vous n’arriverez jamais à les vendre et vous serez ruinés. Dans toute société humaine, il faut pouvoir prendre sa place et parfois il faut être capable de la défendre. Alors comment peut-on être humbles dans notre société ?

            Pour répondre à cette question, cherchons dans la Bible le modèle d’humilité. En d’autres termes, qui faut-il imiter si on veut être humble ? La réponse est claire : c’est le roi David, aussi étonnant que cela peut paraître. Et pourtant, le roi David n’était pas un homme humble dans le sens qu’il se sentait incapable de faire quoi que ce soit. Au contraire, ce fut un grand guerrier : c’est lui qui a combattu et vaincu le géant Goliath. Ce fut un grand homme politique. C’était lui qui a rassemblé les douze tribus d’Israël en une seule et grande nation, et c’est lui qui a fait de Jérusalem la capitale de ce nouvel Etat qu’il venait d’organiser. Alors, le roi David, un modèle d’humilité ? Bien sûr, parce qu’il a reconnu qu’il ne pouvait pas faire tout ce qu’il voulait. Ce n’était pas lui, le grand chef sur toutes les choses. Il devait rendre compte de ses faits et gestes au Seigneur Dieu. Il l’a découvert après avoir commis l’adultère avec Bethsabée et avoir fait tué son mari, le général Uri. Le Seigneur lui envoya le prophète Nathan et aussitôt David reconnut son péché. Ce fut à ce moment-là qu’il devint un grand homme, un homme honnête parce qu’il avait reconnu qu’il n’était pas le maître de la vie et de la mort, mais tout ce qu’il avait pu faire, il l’avait pu parce que le Seigneur lui en avait donné les moyens.

            L’humilité ne consiste donc pas à se considérer comme un misérable ver de terre devant un Dieu tout-puissant et menaçant. Être humble, c’est reconnaître que Dieu nous a donné la vie et l’amour. C’est reconnaître aussi que tous ceux et toutes celles qui nous entourent sont autant d’enfants de Dieu qui, comme nous, ont le droit d’être respectés et aimés. Car un autre modèle d’humilité, c’est bien entendu Notre Seigneur Jésus-Christ. Lui, le Fils de Dieu, qui était déjà à l’œuvre lors de la création du monde, n’a pas hésité à tout quitter pour tout donner, sa vie, son amour, son Esprit. Et il continue à le faire à chacune de nos eucharisties. Il n’est pas monté au ciel pour y rester bien tranquille. Il veille sur chacun d’entre nous, en nous envoyant des personnes qui nous aident par leur amour et leur gentillesse. Il nous donne aussi son Corps et son Sang afin que nous ayons toujours la force de nous relever quand nous sommes abattus par les maladies ou par la méchanceté des gens. Il nous donne aussi et surtout l’immense désir d’aller vers lui et d’entraîner avec nous tous les hommes vers son Père et son Royaume.
            Alors en recevant cette eucharistie aujourd’hui, disons-le bien haut et bien fort. C’est grâce à toi, Seigneur, que je suis vivant. C’est avec toi que je veux marcher sur les routes de la vie, et c’est pour toi que je veux aimer et servir mes frères pour que eux aussi aient la même chance que moi, t’aimer et te servir tous les jours de leur vie.