26ème dimanche ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2021-2022

Même les damnés prient pour nous ! Oui, regardez dans cette parabole : le riche est en enfer et il prie pour que ses frères puissent échapper à cette cruelle punition. Cela nous rappelle la grande fraternité de l’Eglise. Nous sommes tous frères et sœurs, et nous devons prier les uns pour les autres. Nous devons être attentifs à leurs joies et à leurs peines, à leurs soucis comme à leurs espoirs. Et c’est ce que nous faisons chaque dimanche après avoir proclamé notre foi : nous prions pour l’Eglise, pour le monde, pour notre communauté et pour les défunts. Après avoir écouté tout de ce que Dieu a fait pour nous, nous nous demandons ce que nous pouvons faire pour les autres.

            Pour cela, il faut être capable de savoir ce qui les inquiète et ce qui les réjouit. On ne peut pas résoudre tous le problèmes, mais on peut aider les autres par notre prière. C’est un peu comme une femme qui serait dans le coma. Son mari ne peut la guérir, mais il peut l’aider en lui tenant la main et en lui disant : « chérie, ne me quitte pas. J’ai tant besoin de toi ».

            C’est pour cela que le riche reste en enfer. C’est parce qu’il n’a pas demandé pardon à Lazare de l’avoir laissé mourir de faim devant sa porte. Mais ce qu’il arrivera peut-être à faire, c’est que ses frères, eux, regarderont autour d’eux. C’est cela, la vie chrétienne, c’est faire comme le Christ. Dieu n’est pas resté tout seul dans le ciel en train d’écouter les anges qui l’adorent. Dieu a écouté et écoute chacune de nos prières. Dieu s’intéresse à nous et il veille à nous apporter l’aide nécessaire. Ce n’est pas lui qui se lèvera à notre place de notre lit de tristesse et de souffrances, mais c’est lui qui nous tend la main pour que nous puissions nous lever et marcher.

            Et c’est ce que nous pouvons tous faire : aider les nécessiteux en participant à une œuvre humanitaire, ou en écoutant ceux qui sont seuls, ou encore en priant pour eux. Tous les jours, on pourrait avoir quelqu’un en tête ou dans le cœur. On pourrait le matin dire cette petite prière : « Jésus, fais que mon frère guérisse, ou que ma fille ait du travail ». On pourrait aussi offrir sa journée pour quelqu’un de telle sorte que tout ce qu’on fera de bien soit comme un grâce, un soutien, une aide pour cette personne. Et c’est là toute la différence avec le riche. Dès qu’il voit le pauvre Lazare, il veut l’utiliser come un domestique : il veut qu’il vienne et qu’il lui apporte de l’eau. Le riche ne lui avait jamais rien donné. Il l’avait même laissé mourir de faim et, bien loin de lui demander pardon, il l’appelle comme un chien. Par contre, il prie pour ses frères, et rien que pour ses frères, pour qu’ils échappent à l’enfer. Là encore, la parabole nous rappelle qu’il n’y a pas de limite à notre prière, qu’elle n’est pas réservée à ceux qu’on aime bien, aux gens de notre famille ou de notre entourage. La prière doit pouvoir ouvrir nos yeux et nos oreilles sur ceux qu’on ne voit pas comme le pauvre Lazare. C’était cela la force de Jésus, quand il était sur terre : pouvoir voit et sentir la détresse humaine dans le cœur des gens qu’il rencontrait, comme la solitude chez saint Matthieu qui travaillait derrière son bureau ou comme saint Pierre qui ramenait ses filets et rêvait d’une vie plus belle, plus grande. Jésus avait senti que tous ces hommes avaient besoin de plus, de beaucoup plus que la petite vie qu’ils menaient.

N’attendons pas d’être en enfer pour prier pour les autres. Ne demandons pas aux autres de nous servir comme des domestiques, mais faisons comme le Christ, parler aux malades et aux gens seuls pour leur offrir la guérison de l’amour.