33ème dimanche ordinaire

Auteur: Philippe Cochinaux
Date de rédaction: 13/11/22
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2021-2022

Ce dimanche 13 novembre 2022 est important pour de nombreux Liégeois et Liégeoises.  En effet, c’est le dernier jour de la foire !  M’y promenant la semaine passée, je fus étonné de ces quelques attractions où les gens viennent soit chercher de sensations fortes en étant secoués dans tous les sens ou en étant envoyés dans les airs par un bras mécanique ou soit viennent se faire peur en se rendant dans un train fantôme.  Les nombreux cris émis dans ces attractions confirment que l’objectif souhaité a été atteint.  Mais pourquoi aller à la foire pour rechercher des fortes sensations ou éprouver un sentiment de peur ?  Il suffit pourtant de rester chez soi et d’ouvrir le journal :  la guerre en Ukraine aux portes de l’Europe, la menace d’un conflit nucléaire, l’inflation galopante, la crise énergétique, la crise climatique.  J’en passe et des meilleures.  Ce que nous traversons pour le moment est en parfaite adéquation avec l’évangile que nous venons d’entendre.  Il n’est pas nécessaire d’aller dans une foire pour vivre de sensations fortes et se faire peur.  L’actualité avec ses relents apocalyptiques est déjà bien suffisante.

Un danger peut alors tarauder nos esprits : celui d’entrer dans une spirale de désespérance avec ce sentiment que tout nous dépasse, que plus rien n’est possible, que nous n’avons aucune prise sur ces événements.  Nous deviendrions alors des prophètes de malheur.  Or le Christ conclut ses paroles apocalyptiques par ces mots : « C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie ».  En quoi, notre assiduité, notre obstination peuvent-elles nous aider face à ces temps que nous traversons ?  Peut-être en acceptant que nous sommes conviés par le Fils de Dieu à oser aller jusqu’au bout, à vouloir franchir tous ces obstacles qui nous dépassent.  Oui, chacune et chacun, nous sommes invités à persévérer.  Or la persévérance est habitée par la confiance : confiance en la Vie, confiance en l’avenir, confiance en ce Dieu qui ne nous abandonnera jamais.  Il est toujours présent, à nos côtés mais à nous de le découvrir.  La persévérance est un appel pressant à vivre pleinement l’instant de notre histoire, et sans tomber dans un défaitisme, à oser affronter avec lucidité tous ces obstacles qui peuvent parfois nous sembler insurmontables.  Toutes et tous, nous avons retrousser nos manches et à mettre la main dans le cambouis.  Chacune et chacun avec les dons qu’il a reçus.  J’en ai pour preuve cette parabole contemporaine proposée par Pierre Rabhi : « Un feu dévastateur s’était déclenché sur la terre.  Il se propageait à très grande vitesse de village en village, de forêt en forêt… Les hommes, les femmes et les enfants couraient, s’empressaient, mais rapidement ils n’avaient plus qu’une hâte, qu’une idée en tête : s’éloigner de cette fournaise et chercher à se mettre à l’abri.  Au même moment, dans le ciel, un petit colibri s’affairait. Il volait de feuille en feuille, très haut, à la recherche de la moindre goutte d’eau. Dès qu’il en saisissait une, au creux d’une feuille ou d’une souche, il la mettait dans son bec et allait la projeter sur le feu. Et le manège recommençait toujours de plus belle. Le petit colibri s’affairait, toujours plus rapide et plus concentré sur sa tâche.  Un homme qui l’aperçut, le rappela à l’ordre en lui disant : ‘Petit colibri, mais pourquoi t’affaires-tu ainsi ? Tu vois bien qu’à toi tout seul, tu n’éteindras pas ce feu’.  Et le petit colibri de répondre : ‘je le sais.  Seul, je n’éteindrai pas ce feu mais en agissant de la sorte, je fais ma part’ ».  Voilà ce que Dieu attend de nous : que nous fassions notre part.  Si nous regardons de plus près l’histoire de notre humanité, nous constatons que chaque siècle a connu des situations sans issue, sans espoir.  Et à chaque fois, des hommes et des femmes, connus et inconnus, se sont levés et ont décidé de ne pas laisser le cours des événements prendre le dessus.  Ils ont choisi de faire leur part.  Cela demande effectivement une grande dose de confiance, une grande dose d’espérance, le tout couronné d’une grande dose d’amour.  Ces trois vertus sont le fondement nécessaire de la persévérance à laquelle toutes et tous nous sommes appelés.  Dieu n’est jamais très loin, il est juste à nos côtés lorsqu’à notre tour, nous faisons notre part.  Dans la foi, Dieu aura toujours le dernier mot.  N’est-ce pas cela aussi croire en la résurrection ?

Amen