Joseph était un homme juste. Il était officiellement fiancé à Marie et il avait constaté que celle-ci était enceinte. Le contrat était rompu. Il devait la répudier. Le mariage n’avait plus aucun sens avec une fille qui ne respectait pas sa parole, ni son corps. Joseph n’avait rien à se reprocher. Et voilà qu’on lui demande de faire le contraire : accepter Marie parce qu’elle était chargé d’une mission spéciale, d’une mission divine. Joseph avait compris de quoi il s’agissait ? Probablement pas, comme nous ne comprenons pas toujours tout ce qui se passe.
Les jeunes se mettent en ménage sans se marier. Des enfants, tantôt désirés, tantôt inattendus. Certains naissent handicapés. Nous sommes tous frappés dans notre famille par des situations imprévues, c’est-à-dire qui ne correspondent pas à l’idée que l’on se fait de la vie et du mariage. Non seulement tout cela n’est pas conforme à ce qui était prévu, mais cela va même à l’encontre de tout ce qu’on avait reçu comme principe et comme éducation. Cela a été le cas pour Marie et Joseph.
Joseph prend chez lui Marie parce que c’est un homme juste. Un homme juste dans la Bible, ce n’est pas quelqu’un qui applique la loi de façon aveugle et brutale, comme les pharisiens qui voulaient lapider la femme pécheresse. Un homme juste, c’est comme Jésus qui laisse partir cette femme, tout en lui disant de ne plus pécher. Un homme juste, ce n’est pas quelqu’un qui écrase les autres sous le carcan de la loi. La loi n’est pas un corset qui étouffe. C’est bien plutôt un tuteur qui nous soutient et qui nous guide dans notre élan de vie et d’amour. Les parents n’éduquent pas leurs enfants pour qu’ils deviennent de parfaits petits soldats qui défileront comme des machines devant un chef qui les mènera à la mort. Joseph et Marie ont éduqué leur enfant qu’il devienne ce qu’il était déjà, le Fils de Dieu. Et Joseph accueillit Marie pour ce qu’elle était déjà, porteuse d’un mystère, qui lui échappe et qui nous dépasse.
La justice dans la Bible, c’est donner aux autres ce dont ils ont besoin pour réaliser leur mission sur la terre : les parents agissent avec justice quand ils éduquent leurs enfants ; les enfants sont des justes quand ils veillent sur leurs parents. Les conjoints agissent avec justice quand ils apportent l’un à l’autre l’amour et le soutien dont nous avons tant besoin chaque jour de notre vie. Dieu est juste et infiniment bon en nous donnant son Fils aujourd’hui dans l’eucharistie afin que nous devenions chaque jour de plus en plus ses enfants chéris et tant aimés.
C’est à chacun d’entre nous de faire preuve d’inventivité et de créativité pour des conjoints épanouissants, des parents attentifs, des enfants bienveillants, mais aussi des paroissiens accueillants et actifs dans les œuvres de charité. Tout n’est pas réglé à l’avance. Tout est souvent bouleversé. Il n’y a pas de solution toute faite. Nous sommes comme Abraham, partis sur les chemins de la vie vers une destination inconnue, mais soutenus par la présence et la bienveillance du Seigneur. Nous sommes nourris par la prière de toute l’Eglise qui, avec nous et pour nous, prie Dieu chaque jour. Nous sommes des justes quand nous arrivons à faire comme saint Joseph : transformer une situation inattendue en un message d’amour et de salut pour tout notre entourage. Alors faisons preuve de créativité et de courage. Nous ne sommes pas seuls. Dieu veille sur nous, comme il a veillé sur saint Joseph.