2ème dimanche du temps ordinaire

Auteur: Stéphane Braun
Date de rédaction: 15/01/23
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2022-2023

Nous voici à la suite de ce récit étonnant de Jean qui baptise au bord du Jourdain. Dans un premier temps, nous avions entendu les envoyés d’Hérode qui voulaient en savoir plus sur « Jean » qui baptisait. Il annonçait la venue imminente de ce « Messie » attendu et pratiquait un baptême de conversion dans l’eau du Jourdain. Jean avait un certain succès et sa popularité inquiétait le pouvoir romain. « Pourquoi baptises-tu ? Qui es-tu ? » lui demandaient les émissaires. Seule réponse de Jean : « Celui que vous ne connaissez pas vient après moi et je ne suis pas digne de lui délier la lanière des sandales ».

Et nous voilà le lendemain, toujours au bord du Jourdain. Jean est maintenant précis, direct. Il montre du doigt quelqu’un dans l’assemblée : « Voici, Voici l’agneau de Dieu ».

Jean, l’évangéliste, emploie directement la métaphore de l’agneau pascal pour annoncer, via Jean le baptiste, la réalité de la présence divine parmi nous. Le sang de cet agneau avait marqué des linteaux de portes pour permettre aux hébreux de fuir l’Egypte avec leurs fils ainés. Ce sang versé était le signe du début d’une extraordinaire aventure de liberté.

Dans l’évangile de Jean c’est tout de suite l’annonce du sang, de la souffrance de la passion et de la mort qui nous ouvrira, par la résurrection, la porte d’un chemin de vie nouvelle.

Mais ce n’est pas tout. L’évangile de Jean continue en nous rapportant l’étonnante vision privilégiée de jean, devenu le baptiste. C’est la vision d’une colombe, messagère du ciel qui se pose sur Jésus en reliant sa divinité à son humanité, à notre humanité.

Jésus devient, à ce moment, signe de la présence divine parmi les humains ! Et la mission de Jean se termine en proclamant : « Je rends témoignage. C’est lui, le Fils de Dieu !».

Dans l’évangile de Jean, il faut prendre le temps de lire entre les lignes. Dès le premier chapitre, dans lequel nous sommes, la Parole, le Verbe, le Logos devient chair en entrant dans une histoire. Cette histoire n’est pas la nôtre. « L’homme qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était » nous dit Jean.

Jean le Baptiste baptisait pour se préparer à la venue de celui qui allait venir, de celui qui vient, de celui qui est déjà là et qui était déjà là. Jean n’annonce pas la venue d’un évènement conjuguée à tous les temps. Il nous place dans une histoire d’éternité, celle d’un Dieu Amour, tout Amour, hors du temps et de l’espace. Une histoire de fécondité sans limites dont nous devenons partenaires.  

Nous ne sommes pas dans une histoire de transmission, celle de l’élève qui dépasse son maître pour prolonger une connaissance. Nous ne sommes pas non plus dans une histoire de généalogie. Celle d’une personne qui se relie à la mémoire d’un aïeul pour prolonger une tradition qui devient une histoire de famille.

Nous sommes ici, pour rester dans la métaphore, en présence d’une source dont la réserve d’eau fraiche est intarissable. Nous pouvons nous y rafraichir en y plongeant nos mains et notre visage. Nous pouvons nous y désaltérer et nous en abreuver. Nous pouvons aussi la canaliser pour irriguer nos terres arides. Mais nous pouvons aussi l’enjamber sans la voir, la polluer de nos chaussures boueuses et même essayer de la détourner à notre seul profit.  

L’histoire de Dieu est hors du temps et de l’espace. Nous n’en avons pas la maîtrise. Mais depuis cette histoire de colombe se posant sur les épaules de Jésus, c’est notre histoire qui, par Jésus, s’inscrit au cœur de celle de Dieu.

Cet extraordinaire baptême dans l’eau du Jourdain n’est donc pas un rite d’entrée de Dieu dans notre humanité. Mais il est une invitation à plonger dans l’eau à la suite de Jésus et à offrir notre épaule pour y laisser s’y poser la colombe qui nous est confiée.

Le temps d’avant nous passe devant nous pour nous entrainer avec lui dans ce temps nouveau dont nous devenons partenaires … Si, comme Jean, nous osons proclamer : « C’est lui, le Fils de Dieu !».

Amen