Deuxième dimanche du temps ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 15/01/23
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2022-2023

Il y en a qui sont comme ça. Il suffit qu’ils soient là pour qu’il y ait aussitôt de l’électricité dans l’air. On peut parler du beau temps ou de quoi que ce soit, aussitôt ils lancent une remarque plus ou moins agressive, et c’est la bagarre. Au bout de quelques minutes, on ne sait pas pourquoi, ni comment, mais tout le monde est fâché. Il y en a par contre qui sont tout différents. Ils vous écoutent avec tellement d’intérêt qu’on a l’impression d’être intelligents. Grâce à eux, on retrouve confiance en soi. On repart, apaisés et souriants. On se dit : « tout va bien, je peux réussir, même s’il y a des difficultés. »

            Jésus devait être comme ça, quelqu’un qu’on avait plaisir à rencontrer parce qu’il rendait confiance à ceux qui l’approchaient. Regardez saint Matthieu. C’était lui qui touchait les impôts. Il était seul et tout le monde le détestait. Jésus l’a regardé et tout a changé. Matthieu était transformé parce que quelqu’un l’avait regardé comme un être humain. Nous passons beaucoup de temps avec beaucoup de gens, à les écouter, à leur parler. On le fait parfois avec intérêt, parfois avec politesse, mais on reste souvent à un niveau superficiel et on en souffre. On a souvent l’impression d’avoir à l’intérieur de soi un trésor qu’on n’arrive jamais à exprimer. Avec Marie, c’était l’inverse. On ne sait pas si elle était grande ou petite, si elle était blonde ou brune, mais ce qu’on sait, c’est qu’elle a porté Jésus et qu’elle méditait tout cela dans son cœur.

            En elle s’est réalisé ce qu’on lit dans la première lecture : en elle s’est manifesté la splendeur de Dieu. Il y des gens comme ça : ils rayonnent de paix et de bonté. Non pas une bonté mielleuse ou doucereuse, mais une bonté qui rayonne de paix intérieure. Avec eux, on oublie un instant les petits soucis quotidiens, ou plus exactement, on remet ces petits soucis à leur place. La vie, c’est beaucoup plus qu’un évier à déboucher ou un repas à préparer. C’est très important bien sûr. Il faut le faire, mais ce qui est plus important encore, c’est de se rappeler qu’on est aimé de Dieu.
            Et c’est ce que Jean-Baptiste avait voulu annoncer à tout le monde : nous sommes aimés de Dieu et Dieu va venir parmi nous. Mais Jean ne savait pas où il était, ce Dieu qui allait venir, et il ne savait pas encore que cela allait être Jésus. Nous, nous savons qui est Dieu et où il est. Nous savons qu’il est présent, ici, dans cette église, parce que c’est sa maison. Et nous sommes ici parce qu’il nous a invités à sa table. Et bientôt Dieu sera présent dans l’eucharistie. Il sera vraiment présent avec son Corps et son Sang. Et alors, quand nous aurons mangé son Corps, Dieu sera dans notre propre corps et ce sera à nous de savoir si nous le laisserons rayonner, comme Marie l’avait laissé rayonner quand il était dans son ventre.

            Et c’est ainsi qu’on peut comprendre cette parole de l’évangile : « j’ai vu l’Esprit Saint descendre sur lui. » Oui, l’Esprit Saint pourra descendre sur nous si nous ouvrons les portes de notre cœur à l’amour de Dieu. Il pourra alors chasser toutes nos inquiétudes et tous nos soucis parce que nous savons qu’il est toujours à nos côtés, et qu’il est là pour nous aider et nous soutenir dans les difficultés.
            Oui, il y a des gens qui cherchent toujours la bagarre. Mais il y a des gens qui, comme Jésus, apportent la paix. Et si Jésus peut le faire, c’est parce qu’il se sait porté par l’amour de son Père. Et nous aussi, nous pouvons vivre en paix et nous pouvons apporter la paix aux autres parce que nous allons recevoir le Corps du Christ et que nous pouvons le porter dans notre propre corps et dans notre propre vie.