Troisième dimanche ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2022-2023

Quelle chance ! Les lectures d’aujourd’hui sont adaptées au thème de ce dimanche : l’unité des chrétiens. C’est en effet la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Et comme  on le voit dans la deuxième lecture, tirée de la Première Lettre de saint Paul aux Corinthiens, les premières communautés étaient déjà divisées. Il y avait des chrétiens qui se croyaient meilleurs que les autres, tout simplement parce qu’ils parlaient bien et beaucoup. Ils jouaient aux vedettes et attiraient beaucoup de croyants. Cela provoquait des tensions et des dissensions. C’était comme s’il y avait une église de dominicains, de jésuites et de franciscains, alors que nous sommes tous invités à servir le même Dieu.

            C’est cela qui avait scandalisé les Africains et les Asiatiques quand les missionnaires européens étaient venus chez eux annoncer la Bonne Nouvelle. Ils voyaient différentes églises et plusieurs temples se faire concurrence. Alors les chrétiens ont commencé par discuter de théologie pour avoir le même discours. Et cela a apporté la paix et certains points de convergence. Mais on sentait bien que ce n’était pas assez et que ce n’était peut-être pas la meilleure manière. C’est comme dans une famille : ce n’est pas nécessairement avec de longues discussions qu’on arrive à l’unité. Nous sommes tous différents et cela restera toujours une source de frictions.

            C’est alors que les chrétiens ont décidé de combattre ensemble la pauvreté, l’exclusion et la misère. C’était sur le terrain concret de l’engagement caritatif que les chrétiens ont pu se retrouver et réaliser de belles choses. C’est ce qui arrive dans une famille ou dans une paroisse quand tous ensemble on s’engage dans un service auprès des plus pauvres ou dans l’organisation d’une grande cérémonie. Chacun de nous s’en souvient : la paroisse n’a jamais été aussi unie que lorsqu’elle s’était tout entière investie dans la réalisation d’une grande fête, comme l’anniversaire de la construction de l’église ou l’envoi massif de vivres et de vêtements vers une région durement frappée par une grande catastrophe. Chacun à sa manière avait participé à cet énorme travail : les uns dans l’organisation, les autres dans la collecte de vivres, les troisièmes dans le tri des vêtements, etc. Chacun pouvait mettre en œuvre ses qualités et ses charismes.

De la même façon, chaque Eglise a mis et met en évidence un aspect du mystère de Dieu. Le danger est de dire que cet aspect limité est le seul bon. Suivant l’exemple de saint Paul, ce serait comme si l’œil disait que seule la vue serait utile à la vie et que le reste pouvait disparaître, alors que l’œil permet de voir la nourriture, mais la main permet de saisir cette nourriture, la bouche de la mâcher, l’estomac de la digérer. Nul n’est meilleur que l’autre. Tous, nous sommes indispensables au  bon fonctionnement du corps tout entier.
            Et c’est cela la chance de faire partie d’une grande Eglise universelle qui englobe tant de pays et de cultures différentes. Et ce n’est pas étonnant que Jésus ait quitté la Judée pour aller en Galilée. La Judée, c’était la région de Jérusalem, où s’étaient réfugiés les juifs les plus pieux. Ils n’avaient pas tort de prier Dieu comme ils le faisaient, mais ils en étaient arrivés à mépriser tous les autres parce qu’il n’étaient pas comme eux et qu’ils ne priaient pas Dieu comme eux. Jésus était parti en Galilée, c’est-à-dire une terre où il y avait des juifs et des païens, une terre surtout où les gens étaient méprisés par tout le monde, par les juifs parce qu’il y avait des païens, par les païens parce qu’il y avait des juifs. Et c’est sur cette terre de gens méprisés par tout le monde qu’une lumière s’est levée, Jésus-Christ, le Fils de Dieu venu parmi nous, au milieu de nous pour nous dire combien il nous aimait.

S’il fallait chercher une belle image pour méditer l’unité des croyants, ce ne serait pas celle d’une réunion d’intellectuels qui parleraient de Dieu et de son amour, qu’il faudrait prendre, mais ce serait bien plutôt celle des chefs de différentes Eglises du monde entier qui ensemble à Assise ont prié pour la paix. Car, quand on connaît Dieu, on ne peut qu’être admiratifs pour tout ce qu’il a fait et on ne peut que faire une chose : lui dire merci et offrir aux autres la chance de le connaître.