Trois jours ! Jésus est resté trois jours sans rien faire pour sauver son ami Lazare. Pourquoi est-il resté si longtemps loin de Béthanie ? Pourquoi a-t-il laissé Lazare agoniser et mourir ? Pourquoi a-t-il permis que Marthe et Marie, ses meilleurs amies, puissent être ainsi plongées dans le deuil et la tristesse ? Elles avaient pourtant confiance en lui. Elles le leur ont bien dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » Le plus remarquable, c’est qu’elles ne lui en gardent aucune rancune. Elles ne lui font pas de vrai reproche. Elles répètent simplement leur amour et leur confiance. Elles sont en cela un modèle pour nous.
il y a tant d’hommes et de femmes qui ont le droit de se plaindre, et nous en faisons parfois partie. Il y a tant de personnes qui gardent la foi dans l’épreuve. Et ce sont des modèles pour nous. On en parle pas assez à la télé, ni au journal parlé. Il y en a chez nous, comme il y en a en Ukraine et dans tant d’autres pays qui souffrent de la guerre ou des tremblements de terre.
Ici, chez nous, nombreuses sont les personnes qui ne peuvent payer leurs factures de gaz et d’électricité. Certaines d’entre elles sont écrasées par ces difficultés, mais la plupart cherchent à garder leur dignité. Elles veulent résister, même si elles sont parfois fatiguées et même épuisées. Certaines ont encore la force de faire comme Marthe et Marie, dire leur foi et leur confiance en Jésus-Christ. Et c’est alors que se pose pour chacun d’entre nous cette question toute simple et si importante : sommes-nous ou pouvons-nous agir comme le Christ au milieu de tant de détresses ? Pouvons-nous par nos paroles et nos prières, par notre présence et notre action apporter aux plus démunis la tendresse tant attendue et espérée par ces malheureux ?
Il y a tout d’abord, et c’est important, le carême de partage. C’est cette année-ci en faveur du Brésil, mais il y a encore tant de misère partout dans le monde. Les besoins sont immenses, nos possibilités sont limitées, mais un petit geste est toujours possible. Il y a aussi les actions organisées toute l’année dans nos paroisses et dans nos communes. Il y a enfin tous ceux qui nous ont blessés et avec lesquels nous ne voulons plus rien avoir en commun. Ces vieilles blessures sont comme le corps de Lazare, qui depuis trois jours pourrit dans son tombeau. Ces vieilles rancunes, elles aussi, nous gangrènent le cœur et l’esprit. Cette semaine, on pourrait prier pour ces personnes tellement haïes. On pourrait dire ne fût-ce qu’un Je vous salue Marie. Cela ne servira peut-être à rien, mais cela nous permettra peut-être de voir les choses autrement. Cela pourrait nous permettre de vivre sans les bandelettes de mort qui entourent notre cœur meurtri.
Marthe et Marie avaient répété leur amour et leur confiance en Jésus : elles croyaient qu’il allait apporter la résurrection. Jésus allait leur montrer que c’était lui, la résurrection. Cette vie nouvelle que Jésus peut nous apporter nous est aussi accessible, même si c’est depuis trois ans ou depuis trente ans que nous portons de terribles blessures. Il suffit de prier le Christ, source de la vie, de prier pour nous et pour ceux qui nous ont blessés.
Amen.