Quarante jours. Pendant quarante jours, Jésus ressuscité est apparu à ses disciples, hommes et femmes. On a un peu l’impression qu’il a fait cela un peu au hasard, sans avoir de plan bien précis. Et d’ailleurs, pourquoi n’est-il pas apparu à tout le monde, une bonne fois ?
il y a tout d’abord une raison bien simple : les gens n’y auraient pas cru. Avoir devant soi un mort ressuscité, ce n’est pas évident. On l’a bien vu avec Thomas. Il a fallu qu’il mette sa main dans les plaies du Jésus pour qu’il y croie. Abraham l’avait bien dit à l’homme riche égoïste qui ne s’était pas préoccupé du pauvre Lazare. Cet homme riche avait supplié Abraham d’envoyer quelqu’un chez ses frères pour qu’ils se convertissent. Mais Abraham lui avait répondu que, si ces frères ne croyaient pas en Moïse et dans les prophètes, ils ne croiraient pas non plus en un mort ressuscité. Pour croire en Jésus, il faut croire en la vie. Parce que Jésus, c’est la vie, la vie plus forte que la mort, parce que l’amour est éternel et que rien ne peut briser l’amour, le vrai amour.
Et le véritable amour, c’est celui que Jésus a pour son Père. La preuve, c’est que, quand il était sur terre, il avait besoin de prier. Il l’a fait au début de sa vie publique, pendant les quarante jours qu’il a passé au désert. Il l’a fait à la fin de sa vie terrestre, au jardin des Oliviers. Il fallait qu’il parle à son Père, qu’il l’écoute, qu’il le sente près de lui, avec lui.
Et c’est ce qu’il nous a promis : « moi, je serai avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. » Et comment est-il avec nous, maintenant, aujourd’hui ? Il est présent par son eucharistie et par son Esprit. Et c’est cela qui est bizarre et paradoxal. Si Jésus ressuscité était resté sur terre, il serait apparu à quelques personnes de-ci de-là. Mais maintenant il est partout présent dans le monde, par son eucharistie, dans ce Corps que nous recevons, dans cette Parole, que nous entendons, et dans les personnes que nous rencontrons.
Les femmes et les hommes qui ont rencontré Jésus ressuscité ont vécu des moments incroyables, mais aussi très difficiles. Les femmes qui, les premières, ont vu Jésus ressuscité, on ne les a pas crues, elles ont vécu encore une fois la discrimination et la ségrégation que les hommes imposaient et imposent encore souvent aux femmes. Les disciples d’Emmaüs ont vu leur vie toute bouleversée. Ils rentraient, chez eux, dans les larmes. Ils sont repartis vers Jérusalem, dans la joie. Ils ont tout laissé, leur travail, leur famille, leurs amis pour chanter partout : Jésus est ressuscité, c’est vraiment le Fils de Dieu.
L’ascension de Jésus-Christ n’est donc pas une séparation. C’est une présence plus forte parce que plus profonde, une présence de tous les jours qui peut, si on le veut, illuminer toute notre vie et tous les cœurs.