Septième dimanche de Pâques

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 21/05/23
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A
Année: 2022-2023

L’évangile d’aujourd’hui commence d’une bien drôle de façon. Jésus demande à son Père de le glorifier, et il ne le fait pas une seule fois. Il répète à quatre reprises cette demande : « glorifie-moi ». C’est vraiment étonnant. Jésus ne nous avait pas habitués à de telles exigences. Il s’était plutôt présenté comme un homme humble. Il évitait même le délire de la foule. Il préférait se mettre à l’écart pour prier, ou pour parler à ses disciples. Et voilà que maintenant, lors de la Dernière Cène, peu avant son arrestation et sa mise à mort, il se met à demander d’être glorifié, comme s’il voulait se rattraper de toute une vie vécue dans la modestie et la discrétion. On se rend bien compte que quelque chose ne va pas.

           Ce qui ne va pas, c’est la conception de la gloire. Jésus ne recherche pas la gloire comme une vedette ou comme un chef de guerre pourrait le faire. La gloire dont il parle, c’est bien plutôt comme une sorte de rayonnement. Ce serait comme certaines personnes qu’on a la chance de rencontrer. Elles dégagent quelque chose de positif, de paisible et même de rassurant. Il y a en elles comme quelque chose qui rayonne. Tout à l’opposé de certaines personnes qui, dès qu’elles rentrent dans une pièce ou dans un groupe, provoquent de la tension, de l’énervement ou même de l’irritation. Non, Jésus, comme ces personnes rayonnantes, devait, par sa simple présence, apporter de la paix et du réconfort.

            Et, s’il pouvait apporter tout cela, c’était parce qu’il était rempli et comblé d’une véritable paix intérieure. Et cela lui venait de l’amour que son Père lui apportait. C’est comme certains hommes qui sont bien dans leur peau. On se dit : celui-là, c’est un homme bien marié, c’est-à-dire qu’il connaît chez lui le bonheur de pouvoir construire un vrai couple. Il est ainsi riche de cette relation épanouissante. Il peut affronter toutes les difficultés de la vie, en ayant en lui la certitude d’être porté par cet amour.

            Il en est de même pour Jésus, fort et riche de cet amour que le Père lui porte et que lui-même apporte aux autres. C’est la raison pour laquelle il peut dire : « je suis glorifié en eux », c’est-à-dire dans mes disciples. C’est comme des parents qui sont fiers de leurs enfants : ils ont bien réussi à l’école et ils ont de belles activités sportives ou collectives. Leur succès rejaillit sur les parents qui en sont fiers. C’est ce qui fait la fierté de Jésus : c’est de voir ses disciples partager cet enthousiasme et cet amour pour le Père et pour tous leurs frères. C’est une révolution parce que, dans le monde, il y a toujours beaucoup de concurrence et de rivalités. Il suffit de voir les nouvelles à la télé.

            Alors, nous aussi, nous sommes invités à être glorifiés par le Père, c’est-à-dire de nous nourrir de son amour par la prière et en lui disant merci. Et nous pouvons être glorifiés dans le Christ parce que nous vivons rassemblés en une communauté paroissiale, où les gens sont fort différents, où les caractères s’opposent quand on cherche son propre intérêt, mais où nous pouvons tous être rassemblés quand nous faisons comme le Christ : nous tourner vers Dieu, nous remplir de son amour et le faire partager par nos paroles et par nos actes. Alors nous serons tous glorifiés par le Père dans le Christ, rayonnant de cet amour et capables d’apporter aux autres cette paix et cette joie de vivre qui vient d’un cœur rempli de tendresse.