14ème dimanche du temps ordinaire

Auteur: Jean-Bertrand Madragule
Date de rédaction: 9/07/23
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2022-2023

Dimanche dernier, mon petit frère Roger me téléphone et me dit : « Père Madragule, moi et toute ma famille nous partons lundi matin en vacances en Espagne pour nous reposer. Comme tu le sais, d’habitude je dois me réveiller très tôt le matin pour me rendre au travail à Bruxelles. Il en est de même pour mon épouse Marie-Christelle, qui doit d’abord amener Emmanuel à la crèche avant d’aller, elle aussi, au travail à Bruxelles. Et mon aîné Stéphane, lui aussi, prend le train tous les jours pour se rendre à l’Université à Bruxelles. » Cet échange téléphonique avec mon frère Roger m’a fait penser à l’Évangile de ce 14e dimanche du temps ordinaire. 

Alors que les vacances d’été ont commencé ces jours-ci, les paroles de l’Évangile de Matthieu prennent une résonance particulière : trouver le repos après le temps du travail et du stress, se ressourcer, se retrouver vraiment en famille pendant quelques jours ou quelques semaines, vivre sans la pression de son agenda toujours bien rempli.

« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos » (Mt 11, 28). Jésus veut te dire tout simplement : « Si tu ne peux plus supporter les fardeaux de ta vie, si tu es fatigué et malade, viens à moi, je te donnerai du repos ». Dans le langage d’aujourd’hui, on pourrait dire : je vais te « remettre en forme ». Jésus te propose un entraînement pour ton corps et ton âme gratuitement. Viens à moi, je vais te remettre en forme !

Les questions qui nous sont posées aujourd’hui sont les suivantes : Qui de nous peut se prévaloir de vivre sans fardeau ? Et quel est le fardeau de ta vie ? Est-ce une personne, des soucis financiers, matériels ou spirituels, le poids de l’âge, la maladie, le travail, le chômage ? Où vas-tu avec ce fardeau lorsqu’il t’écrase, lorsque tu ne peux plus le supporter ? Qui pourrait te délivrer du fardeau qui accable ta vie ? Où trouves-tu la paix du cœur et la joie de vivre ?

À l’époque de Jésus, son invitation « Venez à moi » s’adressait aux tout-petits, c’est-à-dire aux pauvres qui supportent le poids de la vie et le poids des obligations religieuses imposées par les autorités religieuses, les scribes et les pharisiens. À propos de ces élites intellectuelles qui se sont fermées à sa Bonne nouvelle, Jésus disait aux foules et à ses disciples : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas. Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt » (Mt 23, 2-4).

Face aux scribes et aux pharisiens, conscients de leur savoir et de leur pouvoir, Jésus s’adresse aux tout-petits, aux malades, aux pauvres de Yahweh. Ceux-ci sont connus pour leur humilité et leur disponibilité qui leur permettent d’accueillir la Bonne nouvelle que Jésus est venu annoncer au monde. Dans la lettre de saint Jacques, nous lisons : « Dieu résiste aux orgueilleux, mais donne sa grâce aux humbles (Jc 4, 6). Grâce à Jésus, les humbles ont acquis un nouveau statut et une nouvelle dignité. Il leur a accordé une attention particulière, il les a guéris, il leur a annoncé un Dieu qui ne les a pas abandonnés, mais qui les aime. C’est ainsi qu’au début de l’Évangile d’aujourd’hui Jésus rend grâce à Dieu le Père en priant : « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits » (Mt 11, 25).

Je vous fais remarquer que Dieu ne cache rien à personne. C’est plutôt l’orgueil de l’hommequi l’empêche d’accueillir la Parole de Dieu. L’orgueilleux n’aime pas l’autre, même pas Dieu, mais il ne sait que s’aimer lui-même. Il n’y a pas dans son cœur de place pour Dieu, ni pour son frère ni pour sa sœur. Une telle attitude a pour conséquence qu’il n’y a pas de place pour la révélation du secret de l’amour de Dieu dans le cœur de l’orgueilleux. C’est pourquoi Jésus peut dire dans l’Évangile de Matthieu : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux » (Mt 5, 3).

Oui, « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos ». Cette invitation de Jésus est valable aujourd’hui encore. Pour terminer, que pouvons-nous retenir encore de la Parole de Dieu aujourd’hui ? Je voudrais insister sur trois points qui sont très significatifs et importants pour moi :

Premièrement : La première lecture du livre du prophète Zacharie t’invite à l’espérance au milieu des événements qui bousculent ta vie. Alors que le peuple d’Israël était sous domination étrangère et souffrait, le prophète Zacharie l’invite et nous aussi à ne pas perdre espoir ni la foi en Dieu. Ta situation n’est pas désespérée. Sache que Dieu va intervenir ! Les soucis et les persécutions n’auront pas le dernier mot. C’est l’amour qui triomphera.

Deuxièmement : L’Évangile d’aujourd’hui t’invite à être « humble » à l’image du cœur de Jésus. « Je suis doux et humble de cœur » (Mt 11, 29). Être humble ne signifie pas se résigner à son sort. Cela signifie plutôt être accessible comme Jésus. Nous sommes invités à nous ouvrir à Jésus. Lui, qui est de condition divine, s’est abaissé en prenant la condition de serviteur (cf. Phil. 2, 6-7).

Troisièmement : L’Évangile d’aujourd’hui t’invite à aller à la rencontre de Jésus. Si tu partages ton fardeau avec Jésus, il devient plus facile à porter et devient même léger. L’Amour est un fardeau léger, car il est partagé entre deux personnes. Viens à moi ! Aucun paiement n’est requis, puisque Jésus te dit : « Je te donnerai du repos. » Son repos est un don gratuit. Cet appel de Jésus s’adresse à toi, ici et maintenant. Jésus est là pour t’accueillir, tel que tu es avec ta force, mais aussi avec ta fragilité et ta vulnérabilité.

Puisse le Seigneur nous accorder toujours la grâce de venir à Lui pour que même dans les moments les plus sombres de notre vie, nous puissions faire l’expérience de la paix du cœur et de la joie de vivre. Amen.