14e dimanche du temps ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 9/07/23
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2022-2023

« Je te bénis, Seigneur du ciel et de la terre » : quoi de plus beau que d’entendre de telles paroles ! Jésus, le Fils de Dieu, qui connaît son Père depuis des siècles, est encore étonné de tout ce qu’Il fait.

Ce qu’il y a de plus beau, c’est cette capacité que Jésus a toujours pouvoir s’étonner. Il n’est pas comme certains adolescents qui sont comme déjà blasés : il n’y a plus rien qui puisse leur faire plaisir. Jésus n’est pas non plus comme certaines personnes aigries ou amères. Plus rien ne leur paraît bon parce qu’ils ont trop souffert. Et c’est vrai qu’elles ont beaucoup souffert, mais Jésus lui aussi a beaucoup souffert, il sait qu’il va bientôt souffrir plus encore. Il devra affronter la trahison de Judas, la haine de la foule et le supplice la croix. Mais il est encore et toujours capable de s’émerveiller et de s’étonner.

Et il le fait avec son Père qu’il connaît pourtant depuis toujours. Ce n’est pas évident. Combien de fois ne sommes-nous pas devenus indifférents avec les gens qui nous entourent ? On les connaît bien. On sait qu’on ne pourra pas les changer. Alors on supporte leurs petites manies et leurs gros défauts parce qu’il faut bien vivre ensemble et que cela ne sert à rien de s’énerver. Et ici, bien au contraire, Jésus s’exclame plein d’admiration pour la bonté de son Père. On le voit parfois dans certains couples où un monsieur dit qu’il a eu la chance de rencontrer sa femme et de l’avoir auprès de lui. Et nous aussi nous avons de la chance d’avoir des amis, des gens que nous connaissons depuis longtemps et pourtant nous sommes toujours contents de les rencontrer. Ils nous apportent toujours quelque chose. C’est fantastique d’avoir autour de soi des gens qui nous parlent, qui nous écoutent, qui s’intéressent à nous, à ce que l’on fait. Il y a tellement de personnes qui sont seules, qui n’ont personne à qui parler, personne qui veuille bien les écouter.

Jésus nous montre la façon de vivre avec son entourage. Il est toujours capable de voir les belles choses que son Père peut faire et réaliser. C’est pour cela qu’il est venu sur terre : c’est pour parler de l’amour de son Père et pour manifester son propre amour pour chacun d’entre nous. Si le Christ est toujours capable de trouver quelque chose de beau dans son Père, c’est pour nous une leçon. C’est à nous aussi de pouvoir trouver quelque chose de beau dans notre conjoint, nos amis, dans nos frères et sœurs. C’est ce que je recommande aux enfants qui se plaignent d’être toujours en dispute avec leur frère ou leur sœur. Je leur dis : « le soir, avant de te coucher, tu essaies de trouver quelque chose que ton frère ou ta sœur a fait et que tu trouves beau, non pas quelque chose qui t’énerve, mais quelque chose que toi, tu ne peux pas faire, mais que lui (ou elle) peut faire et a fait pendant la journée. » Il y a tant de richesses insoupçonnées dans le cœur de notre voisin, de notre frère, de notre conjoint.

Cela me rappelle cette petite histoire. Ma tante expliquait qu’elle avait voulu préparer un gros gâteau pour une fête de famille, mais la pâte était trop épaisse et elle ne savait pas comment faire. Alors son mari, mon oncle, n’a rien dit, mais il a un grand couteau et il a coupé cette grosse pâte en plusieurs tranches parallèles, et il avait réussi à la faire sans briser la pâte et en ayant de belles tranches bien régulières, ni trop épaisses, ni trop fines. Et ma tante était tout étonnée et surprise que son mari ait pu faire cela. Mon oncle n’était pas loin. Il avait entendu ce que sa femme disait. Lui ne disait rien, mais je voyais qu’il était content. Il avait surpris sa femme dans le bon sens du terme et cela renforçait leur vie de couple.

Et c’est sans doute cela ce que le Christ nous apprend dans l’évangile d’aujourd’hui : la capacité d’être étonné par son conjoint, la capacité de lui laisser la place de nous étonner. C’est ce que Jésus fait avec nous et avec son Père tout le temps.