13e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2005-2006

Dimanche passé, nous avons vu Jésus entreprendre sa première démarche missionnaire à l'étranger. En calmant les éléments déchaînés sur le lac de Galilée, il a conduit ses disciples à dépasser leur première impression : Jésus est plus qu'un Maître.

Qui donc est-il ?

En accostant en pays païen, le groupe fait tout de suite une curieuse rencontre (que la liturgie omet de rapporter) : un énergumène est là, furieux, hurlant, se lacérant tel un sauvage, impossible à maîtriser. D'un mot, Jésus l'exorcise de sa violence tandis qu'un troupeau de porcs bascule dans les flots ( !!...) Mais les villageois prient Jésus de retourner chez lui. Le groupe retraverse donc le lac et débarque sans doute près de Capharnaüm où deux autres miracles vont se produire.

UN PÈRE ANGOISSÉ

Un chef de synagogue, du nom de Jaïre, tombe aux pieds de Jésus et le supplie de venir d'urgence dans sa maison afin de guérir sa petite fille qui se meurt. Jésus le suit mais, en route, une femme se glisse dans la cohue : depuis 12 ans, elle souffre de pertes de sang. Elle a dépensé une fortune en traitements douloureux sans nulle amélioration. Ayant entendu parler de Jésus le guérisseur, "elle vient par derrière dans la foule et toucha son vêtement ..."

UNE FEMME PURIFIÉE

Car elle se disait : " Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée"...A l'instant, l'hémorragie s'arrête : elle ressent qu'elle est guérie. Mais Jésus se rend compte qu'une force est sortie de lui : " Qui a touché mes vêtements ?" .

Ses disciples s'étonnent : " La foule t'écrase et tu demandes qui a touché ton vêtement ?"

Mais Jésus regarde tout autour de lui...Toute tremblante, la femme vient se jeter à ses pieds et lui avoue toute la vérité. Alors Jésus lui dit :

" Ma fille, ta foi t'a a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal"

Que c'est étrange ! Cette femme a une mentalité magique : il suffirait de toucher un vêtement ?...Effectivement elle est guérie mais Jésus la force à sortir de son anonymat : de "derrière", elle passe devant Jésus, se prosterne dans une attitude d'adoration et avoue. Parce qu'elle est passée de la magie à la FOI, Jésus peut l'assurer que non seulement elle est "guérie" mais qu'elle est "sauvée".

UNE ENFANT RÉANIMÉE

Après cette interruption, Jésus reprend sa marche :

Des gens de chez Jaïre accourent :

" Ta fille vient de mourir ; à quoi bon déranger le Maître ?"...

Mais Jésus entend : " Ne crains pas : crois seulement !"

Il ne laisse personne le suivre, sauf Pierre, Jacques et Jean.

On arrive à la maison : des gens pleurent et poussent de grands cris.

Jésus entre : " Pourquoi cette agitation et ces pleurs ? L'enfant n'est pas morte : elle dort !"...On se moque de lui.

Mais Jésus met tout le monde dehors, prend le père, la mère et ses trois disciples et pénètre là où repose la petite fille.

Il saisit sa main et dit (en araméen) : " Talitha koum"

-  ce qui signifie " Jeune fille, lève-toi"

Aussitôt la petite se lève et se met à marcher. Elle a 12 ans. Les gens sont complètement bouleversés. Jésus insiste pour que personne ne le sache et ajoute : qu'on lui donne à manger".

UNE FOI PURIFIÉE ET RÉANIMÉE PAR CES RÉCITS

Ces récits très spectaculaires nous surprennent : qu'a donc voulu saint Marc en nous les racontant ? Méditons trois points.

1 ) Jésus soigne toutes les catégories de personnes :

-- l'homme qui ne parvient pas toujours à maîtriser son agressivité. Jésus le guérit de sa violence effrénée, lui communique sa douceur, le réintègre parmi son peuple.

-  la femme : souvent des coutumes ancestrales, des préjugés religieux incitent à la considérer comme impure. Le sang étant vu comme le siège de la vie, le perdre signale une impureté légale, donc est une cause d'exclusion sociale (Lévit.15, 19). Jésus néanmoins l'accueille, lui restitue sa féminité et la rend à la communauté.

-  l'enfant : elle a 12 ans, l'âge de la puberté (bizarre : elle est née quand la femme est tombée malade !). Elle doit sortir de l'enfance, commencer à devenir femme et marcher vers son avenir.

2) Jésus apporte la Vie au monde

Il n'est pas un auteur de prodiges gratuits dans le but de s'attirer des fans. Il vient pour apporter :

-  la paix là où l'homme est tenté par la violence et la guerre

-  le respect de la femme - là où la société tend à l'inférioriser.

-  l'avenir là où l'enfant est menacé.

Bref Jésus veut que l'humanité vive. L'Eglise est la communauté où chacun et chacune, quels que soient son âge et son sexe, peut se développer dans l'harmonie sociale.

3) Pour recevoir cette Vie du Christ, il faut la FOI et celle-ci est une relation établie par deux actions essentielles que l'on retrouve ici dans chaque épisode...et dans tous les sacrements :

LA PAROLE : Jésus calme la tempête, apaise l'homme furieux, sauve la femme, relève l'enfant en leur PARLANT. Il nous faut écouter, recevoir une Parole qui crée et qui re-crée.

LE CONTACT : Il s'agit de dépasser la mentalité magique (toucher une idole pour bénéficier d'un influx anonyme) pour passer à un contact de personne à personne, d'adoration, de confiance en quelqu'un.

*

Sommes-nous heureux de cette rencontre du Christ sauveur ?...

Reprenons conscience de la grandeur de notre mission :

exorciser la violence et bâtir la paix ; réconcilier les sexes ; reconstruire la communauté de tous ; sauver les jeunes toujours menacés ( voir les enfants-soldats, les victimes de la route, des drogues et des pédophiles - également les statistiques du chômage !)

L'Evangile est la Bonne Nouvelle du salut - car en dépit de ses progrès fulgurants, l'humanité reste enfermée dans le mal (personne n'avait pu guérir le fou de Gérasa ; aucun médecin n'avait pu guérir la femme ni épargner la mort à l'enfant).

L'Eucharistie est la manifestation hebdomadaire que le projet de Dieu - la paix, la pureté, la vie, l'espérance - est en voie de réalisation.

La manquer, c'est demeurer dans un monde rongé par la mort. La célébrer sans poursuivre l'action du Christ, c'est blasphémer.