15e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2005-2006

Au début de sa magnifique Exhortation de 1975 sur EVANGELISATION ET MONDE MODERNE (qu'il faudrait encore relire et méditer), le pape PAUL VI écrivait ( § 5 ) :

"La présentation du message évangélique n'est pas pour l'Eglise une contribution facultative ; c'est le devoir qui lui incombe par mandat du Seigneur Jésus. afin que les hommes puissent croire et être sauvés. Oui ce message est nécessaire, il est unique. Il ne saurait être remplacé. Il ne souffre ni indifférence, ni syncrétisme, ni accommodation. C'est le salut des hommes qui est en cause...Il comporte une sagesse qui n'est pas de ce monde ; il est capable de susciter, par lui-même, la foi,

une foi qui repose sur la puissance de Dieu. Il est la Vérité. Il mérite que l'apôtre y consacre tout son temps, toutes ses énergies - y sacrifie, au besoin, sa propre vie "

Son successeur, JEAN-PAUL II, n'a cessé de parcourir le monde en proclamant partout la nécessité d'une "nouvelle évangélisation".L'évangile de ce jour nous aide à réfléchir à cette mission capitale, qui est celle de tout baptisé.

JESUS ENVOIE DOUZE APÔTRES

Très vite, Jésus avait été suivi par des bandes de jeunes. Un jour, après un long temps de prière, parmi eux il en avait choisi 12 -signe évident de reconstruction de l'Israël aux 12 tribus.

Jésus monte dans la montagne et il appelle ceux qu'il voulait. Ils vinrent à lui et il en établit 12 pour être avec lui et les envoyer prêcher avec pouvoir de chasser les démons : Pierre, Jacques, Jean, etc....( Marc 3, 13)

Pas de compétences à faire valoir, pas d'examen à subir : de sa propre initiative, Jésus désigne les hommes qu'il veut. Plus tard il les enverra mais auparavant il faut "qu'ils restent avec lui". Certes pour écouter ses enseignements, apprendre son message, mais surtout pour mieux le connaître, lui, et l'aimer. L'homme ne peut être apôtre que si au préalable il a eu un long temps de vie avec Jésus :

Plus que de doctrines, c'est de lui qu'il faudra parler aux gens.

Après des semaines sinon des mois de pérégrination ensemble, à travers les villages de Galilée, le moment est venu, Jésus juge que ces hommes sont prêts à assumer sa mission. Voici l'évangile de ce jour :

Jésus appelle les Douze et, pour la première fois, il les envoie deux par deux. Il leur donne pouvoir sur les esprits mauvais et il leur prescrit de ne rien emporter pour la route si ce n'est un bâton ; de n'avoir ni pain, ni sac, ni pièces de monnaie. " Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange".

Il leur dit encore : " Quand vous avez trouvé l'hospitalité dans une maison, restez-y jusqu'à votre départ. Si dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez en secouant la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage".

Ils partirent et proclamaient qu'il faut se convertir.

Ils chassaient beaucoup de démons, faisant des onctions d'huile à de nombreux malades, et ils les guérissaient.

Ce texte nous éclaire sur les méthodes et le contenu de la mission.

1. COMMENT EVANGELISER ?

D'abord consentir à travailler avec un ou plusieurs autres (que l'on n'a pas choisis). La mission est une entreprise d'une telle richesse qu'elle ne peut se réaliser qu'ensemble, dans la complémentarité des dons de chacun. Et d'ailleurs comment annoncer l'Evangile (l'amour du prochain) si les auditeurs ne voient pas d'abord que les apôtres donnent l'exemple, vivent entre eux ce qu'ils proposent aux autres ?

Ensuite Jésus insiste fortement sur la nécessaire pauvreté des missionnaires : ne s'en aller qu'avec le strict nécessaire. Il y a là non une exigence d'ascèse mais d'authenticité : comment faire croire qu'arrive le Royaume de Dieu -donc de l'amour- donc du partage... si les messagers ne sont pas détachés des biens de la terre ?

Ne constate-t-on pas aujourd'hui mieux que jamais à quel point l'avarice, la passion de l'accaparement, l'idolâtrie de l'argent torpillent la foi avec une puissance bien plus grande que celle des idéologies ? Si les chrétiens partagent le style de vie des indifférents, c'est qu'ils ont perdu l'espérance. ils n'ont plus rien à annoncer.

Dans ce dénuement accepté -et parce qu'il faut bien vivre-, les apôtres vont devoir dépendre des personnes rencontrées : donc l'acceptation du message se traduira dans les faits par l'accueil de ces missionnaires pauvres. L'Evangile ne sera pas une vague idée mais un acte, un fait : il va pénétrer au c½ur des familles. Les premiers chrétiens ne bâtiront jamais d'églises ni de chapelles : toute la vie de communauté se déroulera à l'intérieur des maisons.

Et les apôtres devront demeurer au lieu de leur invitation initiale...sans chercher une autre maison où l'on mange peut-être mieux !!

Mais d'autre part, évidemment, ils essuieront aussi des refus : on leur claquera la porte au nez, on se moquera de ces farfelus. Les envoyés montreront alors à ces gens la gravité de leur décision : ne pas accepter la Bonne Nouvelle de la Vie, c'est s'enfermer dans un monde voué à la mort et à la poussière ! On ne se moque pas de Dieu !

2. LE CONTENU DE L'EVANGELISATION

Comme le Seigneur Jésus, les apôtres lanceront le cri essentiel :

" Le Règne de Dieu s'est approché :

convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle" ( Marc 1, 15).

Le peuple d'Israël avait des défauts, comptait en ses rangs des malfaiteurs... mais il était sans doute le plus religieux, le plus honnête, le plus moral de l'époque. Pourtant l'accueil du Royaume du Père en et par Jésus exige une conversion, un changement de style de vie - option tellement radicale qu'elle suscitera, on le sait, une opposition farouche. La foi n'est pas un blanc-seing sur une existence honnête ni une consolation grâce à des cérémonies rituelles mais une nouvelle façon de vivre qui tranche sur celle des autres.

La mission en effet est un combat terrible. Non contre des hommes mauvais, des organisations impies, des armées adverses. Mais contre des puissances démoniaques, ce mal mystérieux mais redoutable qui se dressera toujours contre Dieu pour entraîner l'humanité sur les chemins de mort. Confiance ! : Jésus a reçu de Dieu une Force supérieure que rien ne peut vaincre et il peut transmettre ce pouvoir à ses envoyés. En offrant la miséricorde infinie, ils manifesteront la victoire définitive du Christ sur le mauvais.

La guérison des c½urs soumis à la Bonne Nouvelle s'accompagnera d' actes de charité corporelle : les apôtres veilleront à ne pas se contenter d'être des enseignants, des orateurs mais ils rencontreront les malades, les handicapés, les alités et par des onctions d'huile sainte - consacrée par la force de l'Esprit-Saint - ils imiteront leur Maître qui montrait tant de compassion à leur égard.

La mission est la réalisation du projet de Dieu ; elle ne cherche pas à accroître les effectifs de l'Eglise mais à FAIRE VIVRE L'HOMME.

C'est pour cela qu'elle est essentielle et urgente.