Sur une autoroute, un carambolage se produit entre trois voitures de personnes travaillant dans le même hôpital : l'Audi du directeur de Clinique, la Mercedes du chirurgien et la Renault Twingo de l'aumônier. Les trois voitures sont méconnaissables tellement le choc a été violent. Le directeur se plaint : « ah, je suis écoeuré, mon Audi ! Fichue ! Tout le salaire d'une journée de travail ». Et moi, dit le chirurgien, ma Mercedes, fichue ! Deux jours de salaire détruit en si peu de temps » L'aumônier, effondré, assis sur le bord de l'autoroute, pleure lui aussi : « Ma petite Renault Twingo, cinq années complètes de salaire, vous ne vous rendez pas compte, vous, cinq années de salaire ! ». Le directeur et le chirurgien se regardent, se tournent vers l'aumônier et s'exclament ensemble : « Y a pas idée de s'acheter une voiture aussi chère ! ». En un instant, il a tout perdu et il pleure. Il en va tout autrement dans l'évangile de ce jour. Là, celui qui trouve le trésor ou la perle, dans le joie, vend tout ce qu'il possède. Il y a un bonheur intérieur à découvrir ce trésor merveilleux de la foi. Mais pourquoi le cacher alors ? Dans la vie, il nous arrive parfois de faire des expériences ou des rencontres tellement fortes, qu'il nous est impossible d'en parler directement. Nous avons besoin de temps pour comprendre le merveilleux de ce qui nous arrive. Nous cherchons à mettre des paroles face à l'indicible de ce que nous vivons. Les mots nous semblent tellement pauvres que nous préférons, dans un premier, laisser le silence au silence. Nous sommes là, pétris d'une joie qui nous inonde et nous irradie de l'intérieur. Cette joie profonde se marque dans la brillance de notre regard. Nous sommes tellement pleins de ce bonheur que nous craignons d'éblouir celles et ceux qui croisent notre chemin. Il y a également le temps de l'apprivoisement avec cette nouvelle réalité qui peut nous conduire à devenir pudique face à ce que nous traversons. Parler de ce trésor caché en nous, nous fait remémorer le premier « je t'aime » dit à un être aimé. En effet, au début d'une relation amoureuse, nous sentons que l'amour est là, nous nous en nourrissons et nous aimerions tant le partager avec la personne aimée. Mais nous sommes un peu pudique, nous avons un peu peur de lui avouer ce que nous ressentons. Il est vrai que nous prenons un risque lorsque nous acceptons d'aimer et de nous laisser aimer. Nous échafaudons alors des scénarios pour voir comment pouvoir lui dire ce « je t'aime » et nous avons aussi le vertige. Car quand ces trois mots-là sont prononcés, tout est dit. Nous nous dévoilons dans notre fragilité, dans notre vérité intérieure. Nous reconnaissons que nous avons besoin de l'autre. Ce trésor de l'amour, nous ne pouvons plus nous en passer. Il est vital. Il est existentiel. Et c'est normal. Le Christ ne dit-il pas ailleurs dans l'évangile : là où est ton trésor, là aussi sera ton c½ur. Le trésor de la foi se situe au c½ur de notre c½ur, c'est-à-dire dans cette mer intérieure de sentiments qui s'expriment dans la tendresse de regards échangés, dans la douceur de paroles prononcées, dans l'affection de gestes partagés. Le sens même de notre éveil à la vie trouve sa source et sa réalisation dans notre c½ur. C'est à cet endroit précis que Dieu a choisi de venir habiter pour ne plus jamais nous quitter. Oui, toutes et tous, dans la foi, nous avons un trésor en nous. Il y a chez chacune et chacun, quelle que soit notre condition, quelque que soit notre santé, une perle qui ne cherche qu'à briller. Parfois, sous le poids de la maladie, de la perte de l'être aimé, de l'expérience de la souffrance injuste et injustifiée, nous enfouissons ces merveilles au plus profond de nous et nous prenons alors le risque de les oublier. Puissions-nous alors trouver autour des nous des éveilleurs et des éveilleuses d'amour qui par leur simple présence nous font redécouvrir ce trésor qui vit en nous. Ne passons pas à côté de toutes ces perles superbes qui illuminent nos visages et chérissons ces instants merveilleux. Au c½ur de notre c½ur, Dieu est notre trésor mais en même temps, nous sommes nous aussi le trésor vivant de Dieu lorsque nous participons à son Royaume par le rayonnement de l'amitié et de l'amour que nous répandons autour de nous sans jamais nous lasser. Dieu nous appelle à la Vie. Dieu nous appelle à l'Amour. Telle est notre destinée de croyantes et croyants. Laissons-nous alors voler les uns les autres notre trésor intérieur pour que nous puissions à jamais rayonner de cette joie profonde qui donne sens à nos vies. Finalement, seul l'amour importe et importera à jamais.
Amen