17e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2006-2007
Un jour, quelque part, Jésus était en prière."

Tout au long de sa vie, Luc ne cesse de le souligner, Jésus prie.

Il s'écarte de ses disciples, des foules et même des malades pour s'enfoncer dans la solitude. Dès l'entrée dans sa mission, à son baptême, "Jésus priait" ; et à la fin de sa vie, ses ultimes paroles sur la croix seront une prière : " Père, entre tes mains, je remets mon esprit".

D'un bout à l'autre, Jésus est suspendu à la volonté de son Père, il ne veut rien dire ni faire qui ne soit obéissance parfaite à sa Volonté.

Quand il eut fini, . . .

La prière ne se réduit pas à un vague "sentiment océanique", un état spécial : elle est un acte qui commence et se termine : "quand il eut fini".

Luc ne dit jamais que quoi qu'il fasse, Jésus est "en état de prière", que "son travail est une prière" (ce que nous disons parce que nous craignons de nous arrêter dans le silence).

...un de ses disciples lui demanda : " Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean Baptiste l'a appris à ses disciples".

Sans doute, comme d'autres maîtres, Jean Baptiste avait-il appris à ses disciples une prière spéciale qui était comme une caractéristique du groupe : ici la communauté de Jésus propose donc d'apprendre une nouvelle formule, différente.

La question émane d'un "disciple" anonyme (c'est vous) : il faut vouloir être un disciple de Jésus pour la comprendre. En retour, la prière soutiendra le disciple dans sa fidélité.

Ainsi donc la première prière est de demander pour l'apprendre

Jésus alors leur enseigne cette célèbre prière, le PATER, qui jaillit au centre de sa recherche à lui, qui en est comme la quintessence.

Une perle. Un trésor. Un joyau. Hélas que trop souvent nous marmonnons en vitesse, inconscients de ce que nous disons.

Et pauvre prédicateur obligé de le commenter en quelques minutes...alors qu'il faudrait des heures pour en détailler la richesse extraordinaire. Essayons quand même.

PERE... D'abord dire le nom de Celui à qui on s'adresse. Du coup se savoir son fils, sa fille. Cesser de trembler devant un Juge. De crier vers un Créateur lointain. S'installer dans la pauvreté, l'humilité, la petitesse, la reconnaissance éperdue. O "Père" : je suis ton enfant. Celui qui se place devant son Père se trouve lui-même. La confiance règne.

L'homme moderne a de l'argent mais il est orphelin. D'où son malheur.

La prière n'est pas une litanie de demandes pour ses propres besoins : l'enfant de Dieu ne peut en priorité que s'intéresser à son Père : vouloir son Honneur, sa Gloire, la réussite de son projet. D'où deux v½ux :

QUE TON NOM SOIT SANCTIFIE. L'homme biblique ne se permet pas de commander à Dieu : il emploie le passif. Le NOM, c'est l'identité de la personne, le TOI indicible. Sanctifier, c'est le contraire de bafouer, piétiner, délaisser. Donc la phrase veut dire : " Fais-toi reconnaître comme Père". Le chrétien se lamente de constater que tant d' hommes te bafouent, te nient, te caricaturent : il te supplie d'intervenir tant il aimerait que Tu sois reconnu, vénéré, honoré. Il est indispensable de préserver la Transcendance, de garder confiance en un Père du ciel.

QUE TON REGNE VIENNE. Pourquoi l'humanité est-elle à ce point déchirée, malheureuse ? Parce que les idoles règnent : cupidité de l'argent (qui refuse le partage), tyrannie, passions (qui enferment dans l'égoïsme), haine, ambition, mépris de l'autre ou indifférence.

Jésus est venu basculer les idoles mortifères, il a inauguré le ROYAUME DE SON PERE. Mais ce Royaume ne s'impose pas par la violence, il se propose aux libertés qui, souvent, renâclent devant la conversion qu'il exige. Le chrétien, conscient de son peu de force, effrayé par les ravages des idoles, plein d'espérance pour le véritable épanouissement de l'humanité supplie : "Maranatha ! Viens, Seigneur" ...Que les hommes, et moi d'abord, acceptent l'Evangile !

2ème PARTIE : Ancré dans la position spirituelle par ces premières phrases, le chrétien peut ensuite présenter ses demandes : mais elles sont en "NOUS" ! C'est l'Eglise qui prie en chacun de nous.

Trois demandes s'expriment selon les trois dimensions du temps dans lequel nous marchons pour arriver au Père.

PRESENT -- NOTRE PAIN QUOTIDIEN DONNE-LE NOUS CHAQUE JOUR.

Humblement il nous faut "recevoir" notre vie, ne pas la considérer comme notre ½uvre. Chaque heure est cadeau.

Nous forcer à ne demander que le strict nécessaire (le pain), et à ne pas exiger d'assurance, de provisions pour le lendemain.

Très dur : vivre au jour le jour.

PASSE - ET REMETS-NOUS NOS PECHES CAR NOUS-MEMES NOUS REMETTONS A QUICONQUE NOUS DOIT.

Le priant ne doit jamais oublier qu'il est pécheur, responsable du mal qu'il a fait, et qu'il a besoin impératif du Pardon (que seul Dieu peut lui donner). Et en outre qu'il est dans l'obligation de pardonner lui-même à tous ceux qui lui ont fait du tort.

C'est la seule condition mentionnée dans le PATER : elle est impérative, obligatoire.

AVENIR - ET NE NOUS INTRODUIS PAS DANS LA TENTATION.

Bien comprendre : Dieu ne tente personne, il ne pousse évidemment pas ses enfants au bord du gouffre. Le sens est : Fais que nous n'entrions pas dans une situation où nous risquons de nous perdre. Le croyant se veut fidèle mais il connaît sa faiblesse invétérée, il sait qu'en lui rôdent des forces qui pactisent avec le mal. Au terme de sa prière, au moment de retourner dans le quotidien, il a peur de lui-même, de sa liberté fragile, il supplie son Père de le garder.

Après avoir révélé la prière essentielle du chrétien, Jésus prolonge sa catéchèse - impossible à expliquer ici. Quelques lignes seulement

PERSEVERER.

Le défaut de nos prières n'est pas la distraction ( sujet que Jésus n'aborde jamais) mais la trop grande brièveté. Nous prions trop peu de temps, nous devons être comme cet homme qui, devant une porte close, en pleine nuit (de la foi) doit continuer à frapper "sans vergogne". Epreuve du silence de Dieu.

EXAUCEMENT.

"Demandez et il vous sera donné..." : contrairement à ce que nous pensons parfois, Dieu nous écoute, il répond, il nous exauce...mais comme un bon père qui sait ce qu'il doit donner à son enfant, il ne nous donne pas tout ce que nous demandons mais seulement le don suprême : L'ESPRIT-SAINT.

Vacances : interrompre notre course aux loisirs pour oser reprendre la demande du disciple : SEIGNEUR APPRENDS-MOI A PRIER... apprends-moi à dire le PATER en vérité...à méditer chaque phrase, chaque mot...Nous faisons nos prières mais surtout LA PRIERE NOUS FAIT.