17e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Coulée André
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2003-2004

Quelle est votre expérience de la prière ? Moi, en tout cas, j'ai beau avoir prié pour gagner le gros lot, je ne l'ai jamais obtenu, même pas un petit lot ! Et combien de vos enfants n'ont-ils pas demandé de réussir haut la main aux examens. Qu'ont-ils pensé s'ils ont été mofflés ? Alors, demandez et vous recevrez, est-ce de la poudre aux yeux ? Vous connaissez aussi bien que moi les plaintes de chrétiens qui disent ne pas être exaucés alors que d'autres qui ne prient pas obtiennent ce qu'ils souhaitent !

Essayons de mettre les choses au point.

La prière ne peut pas être expérimentée sans la foi ; celle-ci en est une condition. ; elle exige de croire d'abord que celui qu'on sollicite nous veut du bien, qu'il est bon et que donc il ne donnera pas quelque chose s'il sait que cela ne tournera pas à notre profit, même s'il y a un profit immédiat. C'est la confiance en la bonté de celui qu'on sollicite. Abraham ose parce qu'il sait que Dieu est bon et qu'il veut la vie bien au-delà de la punition. C'est pourquoi il insiste au point de lasser. C'est pourquoi toute prière de demande présuppose que l'on dise à Dieu : si tu le juges bon pour nous, sachant qu'on ne donnera pas un serpent au lieu d'un poisson et que si ce que je demande s'apparente plutôt au poison ou au serpent, il ne me le donnera pas parce qu'il m'aime. Essayez de renverser les termes de l'évangile, et il sera dit que si le fils demande un serpent pour jouer, le père ne le donnera pas et donc ne l'exaucera pas. D'ailleurs, vous qui êtes parents pour la plupart, vous ne donnez pas une boite d'allumettes à votre petit enfant qui la réclame à cor et à cris car c'est si gai de faire du feu. Si vous la lui donniez, vous ne mériteriez pas sa confiance, même s'il ne le comprend pas de suite.

Avoir aussi confiance que Dieu respecte notre liberté et qu'il nous fait confiance, nous sachant capable d'obtenir aussi certaines choses par nos propres forces, par exemple un examen. Il sait que si nous travaillons, nous réussirons Il sait que nous pouvons aussi être en bonne santé si nous ne nous amusons pas à l'abîmer, par exemple en nous droguant. Certes ce que je dis ne solutionne pas tout, car Dieu ne peut pas guérir une santé causée par les erreurs des hommes , par exemple à cause d'un environnement pollué, tant que nous, les hommes, ne changerons pas les causes de ces maladies. Mais il est important que nous comprenions bien que la prière de demande est d'abord un acte de confiance et de foi en Dieu (regardez la foi du centurion romain, celle de la femme païenne) qui ne peut pas nous donner ce qui en nous convient pas, comme le père ne donne pas une pierre à manger au lieu de pain.

Le modèle de la prière de demande reste celle de Jésus à l'agonie qui demande que le calice de souffrance s'éloigne de lui, mais conclut sa prière " mais si cette coupe, ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite ". La prière est un acte de filiation à Dieu, et de souhait d'avoir la démarche que lui-même souhaite. Et Jésus retrouve ainsi la prière qu'il nous a donnée " que ta volonté soit faite " Celle-la est toujours exaucée ; seuls des hommes peuvent y faire obstacle.

Mais il y a aussi autre chose : " pardonne-nous comme nous pardonnons ; remets-nous nos dettes comme nous les remettons nous-mêmes " La prière suppose que nous agissons nous-mêmes dans le même sens, que nous pratiquons nous-mêmes ce que Jésus nous demande de faire si nous voulons aimer nos frères. Attendre tout de Dieu et ne pas chercher nous-mêmes à réaliser sa volonté alors qu'on la demande n'est pas digne de l'être libre que nous sommes par volonté de Dieu. Notre foi nous aide à connaître cette volonté de Dieu et ce serait trop facile de demander à Dieu de réaliser ce que nous ne sommes pas prêts à faire nous-mêmes. Une des meilleures prières ne serait-elle pas de demander à Dieu la force de faire nous-mêmes ce que nous venons de demander ?

La phrase finale du texte que nous venons d'entendre ne nous invite-t-elle pas à le croire, puisque St Luc - cela lui est spécial - dit : combien plus le Père qui est bon donnera l'Esprit Saint à ceux qui l'en prient. Car le don de Dieu le plus grand est son Esprit. Voilà toute sa générosité car que peut-il y avoir de plus puissant que l'Esprit Saint qui peut inspirer nos actes, éclairer nos pensées et animer note c½ur pour réaliser la volonté de Dieu. Oui, la prière nous invite toujours à nous mettre nous-mêmes en route : puisse l'Esprit nous y guider.