17e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Henne Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2012-2013

En ce jour exceptionnel où un roi abdique et un prince prête serment, je vous invite à méditer de façon théologique sur un passage de notre hymne national.  Il ne s'agit d'exalter la monarchie.  Il s'agit simplement de méditer de façon chrétienne une devise qui nous est proposée.  A la fin de notre hymne national, nous chantons avec enthousiasme : le roi, la loi, la liberté.  C'est ce passage que je voudrais méditer avec vous.  Tout d'abord, ne trouvez-vous pas incohérent de clamer la loi avec la liberté ? Par définition, la loi nous paraît contraire à la liberté.  C'est une contrainte, une limite qui est fixée à notre liberté.  Mais voyons tout cela de façon théologique.
Le roi.  Encore une fois, je ne veux pas faire de politique, je parle de religion.  Qu'est-ce que nous affirmons à chaque eucharistie.  Après la liturgie de la parole, nous disons : « je crois en Dieu le Père tout-puissant ».  Nous croyons en quelqu'un.  Nous ne servons pas un parti, un pays, une nation.  Nous croyons en quelqu'un.  Et c'est cela qui est formidable.  Tous les jours, nous sommes invités à découvrir de nouveau ce Dieu en lequel nous croyons, ce Dieu qui nous a tout donné, la vie, l'amour, l'éternité.  Et c'est cela sans doute que nous devons toujours redécouvrir en famille, en communauté, au travail.  Nous croyons en quelqu'un qui croit en chacun d'entre nous.  Et ce Dieu croit tellement bien en nous qu'il nous pardonne nos erreurs, nos offenses.  Et c'est cela sans doute que nous pouvons, que nous devons imiter en lui : croire en quelqu'un même quand il nous a trahis.  C'est une erreur à vue humaine, c'est un acte d'amour aux yeux de Dieu, un acte d'amour qu'il accomplit tous les jours pour nous.
La loi.  Quel triste mot pour chacun d'entre nous ! Cela nous paraît une atteinte profonde à notre plein épanouissement.  Et pourtant la loi éduque.  Elle permet à un enfant de partager avec son frère et avec sa s½ur.  Elle permet aux usagers de la route de circuler en toute sécurité.  Elle permet aux commerçants et aux clients d'être sûrs de la qualité et du prix de chaque produit.  La loi oblige chacun d'entre nous de dépasser notre petit égoïsme, nos petits intérêts personnels pour construire une communauté, une société où les faibles ont leur place, où chacun peut être respecté.  La loi permet à chacun de vivre.  La loi permet à chacun d'aimer et d'être aimé.
Et voilà que le vrai sens de la liberté surgit.  La liberté ne consiste pas à faire ce que je veux quand je le veux.   Ce ne serait alors que des caprices.  La liberté consiste à ne pas être prisonnier de ses petits et mesquins désirs, mais de pouvoir dépasser nos égoïsmes pour pouvoir construire avec d'autres personnes, qu'on aime ou qu'on n'aime pas, une société où chacun pourra s'épanouir.  La liberté des enfants de Dieu est celle qui a conduit Pierre à tout quitter et à annoncer la Bonne Nouvelle partout dans le monde jusqu'au martyre à Rome.  La liberté des enfants de Dieu, c'est celle qui a permis à saint Dominique à quitter le confort de chanoine en Espagne pour annoncer la Bonne Nouvelle aux cathares et aux albigeois. 
En ce magnifique jour de fête nationale, redécouvrons le bonheur de connaître quelqu'un qui nous permet par sa loi d'amour de dépasser nos égoïsmes et de goûter la liberté, la vraie liberté, celle de pouvoir aimer sans compter.