1er dimanche de l'Avent, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : A
Année: 2013-2014


De qui Baden Powell s'est-il inspiré pour mettre sur pieds cette merveilleuse école de vie qu'est le scoutisme ?  A la lecture de l'évangile de ce jour, nous pouvons aisément conclure qu'un de ses inspirateurs fut Jésus.  Je me rappelle, quand j'étais chef de troupe, lors des rassemblements, lorsque je criais « scouts, scouts toujours », la troupe d'un seul ch½ur répondait « prêts ».  Tout comme dans l'évangile lorsque le Christ nous dit : « Tenez-vous donc prêts, vous aussi ».  Les scouts étaient donc prêts et nous avons, à notre tour, à être prêts.  Mais prêts pour quoi faire, sommes-nous en droit de nous demander ? Pour veiller, tout simplement.
Tel est le sens même de ce temps d'Avent que nous nous offrons chaque année.  Prendre le temps de se rappeler à quel point, il est important de veiller au c½ur de notre monde.  A la lecture de l'évangile que nous venons d'entendre, nous pourrions craindre les signes apocalyptiques annoncés.  Ces mots ne concernent pas le futur de l'humanité.  Il s'agit bien du monde dans lequel nous vivons ; là où nous sommes encore et toujours confronté tout à la fois à l'injustice de la vie et au sentiment d'un silence de Dieu.  C'est pourquoi, veiller ne signifie nullement se reposer, s'arrêter pour ne plus rien faire et attendre.  Lorsque les scouts se disent prêts, ils sont prêts à vivre pleinement les activités qui vont leur être proposées.  Nous aussi nous avons à être prêts, c'est-à-dire à accepter de vivre pleinement notre vie.  Nous sommes ici sur terre pour aimer et être aimés.  Nous avons comme vocation de nous entraider, de nous soutenir puisque nous sommes Dieu à l'½uvre dans notre monde.  C'est à chacune et chacun de nous, avec nos personnalités respectives et avec les dons reçus que nous sommes invités à donner une autre tonalité à la vie.  Veiller, c'est donc bien vivre, mais vivre différemment car nous inscrivons nos vies dans les traces laissées par le Fils de Dieu lors de son incarnation parmi nous.  La tâche divine qui nous est confiée est heureusement pour nous des plus simples.  Il nous suffit de s'aimer et de semer ou mieux encore de s'aimer en semant et de semer en s'aimant.  Il ne s'agit pas d'une simple poésie de vie.  Il y va de notre destinée, de la raison même de notre propre humanité. Dieu attend de tout un chacun qu'il sème en aimant ou qu'il aime en semant.  Voilà, ce à quoi nous sommes conviés : devenir des semeurs d'amour qui n'arrêtent jamais de semer et d'aimer.  Notre vocation est de semer et il nous arrivera parfois d'avoir le privilège de récolter un peu de ce que nous aurons semé.  L'essentiel est de semer dans l'amour puis de laisser l'Esprit de Dieu faire son ½uvre.  Nous n'avons pas la responsabilité de la manière dont nos semailles vont prendre dans la terre du c½ur de l'autre.  Cela lui appartient.  Sinon, nous deviendrions d'horribles beaux-pères et belles-mères acariâtres car les jeunes pousses n'iront peut-être pas dans la direction que nous avions envisagée.  Le semeur est plutôt un beau-papa ou une belle maman qui se réjouit d'avoir vécu ce privilège de pouvoir semer dans le temps d'une rencontre en vérité, dans la richesse d'une attention partagée, dans la tendresse d'un regard croisé, dans la finesse d'une interpellation méditée.  Le semeur sème en toute confiance et puis, il se retire pour laisser à l'autre tout l'espace dont il a besoin pour que puisse laisser grandir en lui, en elle, ce qui a, un jour, été semé.  Cette veille est pour nous une occasion unique de toujours garder l'espérance d'un monde où il peut faire bon vivre lorsque nous choisissons d'y apporter notre propre contribution.  Nous sommes des semeurs d'humanité mais également des semeurs de divinité.  Dans un monde occidental qui se sécularise de plus en plus, Dieu attend de nous que nous continuions à être des êtres toujours prêts, c'est-à-dire des êtres contagieux de cette divinité qui a choisi d'inhabiter au plus intime de nous-mêmes.  Ne craignons pas, par nos attitudes et par nos paroles, de poursuivre notre tâche de semeurs en annonçant ce Dieu qui vient à nous, ce Dieu qui est avec nous, ce Dieu qui est en nous.  Des semeurs par contagion, voilà ce à quoi nous sommes appelés en ce temps d'Avent.  Veillons et soyons toujours prêts, non pour nous-mêmes mais surtout pour faire advenir le plus beau des royaumes, celui de ce Dieu qui se révélera à nous d'ici quelques semaines dans le corps d'un nouveau-né.
Amen