1er dimanche de l'Avent, année B

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : B
Année: 2011-2012


Sur une route de campagne, juste à côté d'un arbre, deux vagabonds, Vladimir et Estragon, se retrouvent dans un non-lieu à la tombée de la nuit pour attendre quelqu'un. Cet homme - qui ne viendra jamais - leur a promis qu'il serait au rendez-vous ; sans qu'on sache précisément ce qu'il est censé leur apporter, il représente un espoir de changement. En l'attendant, les deux amis tentent de trouver des occupations, des "distractions" pour que le temps passe.  Toutefois, des inquiétudes naissent : Est-ce le bon jour ou le bon endroit ? Peut-être est-il déjà passé ? Que faire en attendant ? Il ne leur reste qu'à attendre.  Certains d'entre nous se rappellent peut-être cette pièce de Samuel Beckett intitulée « en attendant Godot » et qui faisait partie du programme de français au cours de nos humanités.
Sommes-nous si différents des personnages principaux de cette pièce, en ce premier dimanche de l'Avent où Jésus nous dit : « Prenez garde, veillez : car vous ne savez pas quand viendra le moment. »  Contrairement à Vladimir et Estragon, nous avons la chance de savoir pourquoi nous sommes invités à veiller.  Le Christ nous a promis qu'il reviendrait un jour.  Nous ne savons ni quand ni comment.  En attendant, il ne nous reste qu'à veiller.  Nous sommes des veilleurs et par définition, le veilleur veille.  Cependant, parfois, le veilleur sommeille.  En effet, vu les aléas de la vie, les préoccupations, les soucis, mais aussi des moments de bonheur, il peut nous arriver non pas de nous détourner de Dieu mais de le mettre de côté, de le laisser sommeiller en nous.  Il reste bien évidemment au plus profond de notre intimité mais nous ne prenons pas suffisamment de temps pour lui.  Nous n'avons pas souvent assez d'une journée pour tout faire et nous le mettons après nos autres préoccupations.  L'Avent devient alors une occasion unique de permettre aux veilleurs que nous sommes de nous réveiller, c'est-à-dire de profiter de ce temps pour nous mettre à nouveau en marche vers l'étoile de Noël.  Il y a ce retour du Christ qui nous est promis mais en attendant un tel événement, réveillons-nous pour nous préparer à l'événement déjà survenu de sa venue parmi nous.  De la sorte, les veilleurs que nous sommes pourront s'éveiller au mystère de la foi.  S'éveiller, c'est permettre à tous nos sens de se laisser saisir par le message d'amour dévoilé par le Père dans le Fils et vécu dans l'Esprit.  Eveillons-nous de la sorte au Dieu des vivants qui vit en nous.  Il nous donne ainsi l'occasion de le remettre au c½ur de nos vies.  Non pas dans des choses extraordinaires à réaliser, dans l'exceptionnel où nous pourrions chercher à briller.  Dieu nous attend dans la simplicité de notre quotidien.  Il nous convie à nous humaniser ou pour le dire en d'autres mots à conjuguer notre foi dans les actes habituels de nos vies.  Il suffit de peu de chose pour rendre la dignité à un être humain.  Un sourire peut parfois suffire.  Ne nous mettons pas des fardeaux sur les bras mais éveillons-nous en mettant plus de foi dans nos vies.  Cette dernière aura alors un autre goût, et pourquoi pas, un goût d'éternité.  Dieu a besoin de nous.  Dieu passe par nous.  Les veilleurs que nous sommes ne sont pas des êtres inactifs, des femmes et des hommes qui passent leur temps à attendre.  Loin s'en faut.  Le veilleur veille en berçant sa vie au son de la musique de Dieu.  Lorsque nous arrivons à une telle harmonie, le veilleur peut alors se mettre à s'émerveiller de la présence divine au sein de notre humanité.  Dieu est présent dans nos vies.  Il est en chacune et chacun de nous.  Jamais, il ne nous abandonnera.  En ce temps d'Avent, offrons-lui plus encore un peu de notre temps et émerveillons-nous de la manière dont il nous manifeste sa présence dans tous ces petits gestes de la Vie : une parole réconfortante, une présence humanisante, un geste accueillant, un regard 'tendressant'.  C'est de cette manière que nous pouvons veiller. Sommeiller, se réveiller, s'éveiller et s'émerveiller sont ainsi différentes déclinaisons possibles du verbe veiller.  Vivons de cette espérance : tout veilleur sommeille, puis il se réveille.  Ensuite, il s'éveille  et s'émerveille.  S'il en est ainsi devenons à notre tours ces veilleurs qui ont décidé à jamais de veiller et cette fois, pour l'éternité.
Amen