1er dimanche de l'Avent, année C

Auteur: Henne Philippe
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : C
Année: 2012-2013

Décidément, Dieu n'a pas le sens du marketing.  Voilà qu'il nous annonce son retour et il insiste bien pour qu'on prie, pour qu'on soit vigilants et qu'on attende avec passion ce retour.  Et comment ce retour aura-t-il lieu ? Dans les pires catastrophes naturelles, des tremblements de terre, des inondations, des éruptions volcaniques.  Voilà qui refroidit un peu. Imaginez un peu Roméo qui dit à Juliette : « chérie, je m'en vais faire un grand voyage, mais je reviendrai et quand je reviendrai la maison sera détruite et tu tomberas gravement malade.  Je suis sûr que tu m'attendras avec impatience. » Il doit y avoir un malentendu quelque part.  Essayons de clarifier cette annonce de la fin des temps.

Il y a tout d'abord le retour du Christ.  Mais pourquoi doit-il revenir ? Parce que nous sommes incapables d'aller vers lui.  Il est si grand, il est si immense qu'il est inaccessible.  Vous vus imaginez, vous, aller au palais royal, pousser la porte, pénétrer dans le salon et dire : « Salut, Bertje ! Comment ça va ? Et Paola ? Toujours la forme ? » Si nous, nous n'osons pas agir de la sorte avec un roi terrestre, comment oserions-nous le faire avec le roi du ciel ? C'est lui qui vient vers nous et qui nous apprend qui il est (Notre Père), qui nous sommes (ses enfants) et comment vivre avec lui (dans une relation d'amour pleine d'admiration).  Dans l'Ancien Testament, les prophètes avaient annoncé la venue du Messie.  Dans le Nouveau Testament, c'est Jésus lui-même qui annonce son retour.

Oui, mais est-il bien nécessaire que tout disparaisse dans un grand cataclysme ? Est-ce que Dieu ne pourrait pas revenir sur terre ? On pourrait continuer comme avant, mais avec lui.  C'est un peu la conception des musulmans.  Les bienheureux vivront dans une belle oasis et il y aura de l'eau à volonté, et des fruits, et de jolies jeunes femmes.   Et il y a eu au début de l'Eglise des Pères qui ont pensé la même chose.  Pendant mille ans, les élus pourront profiter de la douceur de la vie.  Mais cette idée a été vite abandonnée parce que la question se pose : qu'est-ce que nous aimons le plus, Dieu ou les douceurs de la vie ? On pourrait aimer les deux, me direz-vous. Non, je vous réponds.  Roméo ne va pas dire à Juliette : « chérie, je t'aime, mais tous les soirs je sors en boite avec mes copains et je rentrerai tard dans la nuit. » Non, il est dit : l'homme quittera ses parents et ses amis pour fonder un nouveau foyer.  De même, la douceur d'être avec Dieu vaut mieux que toutes les douceurs de la vie.

Oui, bon, d'accord, mais est-il bien nécessaire que tout cela se fasse avec autant de fracas ? Chaque étape importante de notre existence se passe dans un grand bouleversement.  Quand le f½tus sort du ventre de sa mère, c'est un choc immense pour tout le monde, mais c'est la délivrance.  Mais, quand Dieu reviendra, ce sera un choc pour tout le monde.  On verra Dieu tel qu'il est, rayonnant d'amour.  Nul ne peut regarder le soleil sans s'abîmer les yeux.  Nul ne peut regarder Dieu sans être ébloui par son amour.  Dieu nous a parfois blessés par son amour.  Quand il reviendra, nous serons alors transfigurés par sa passion amoureuse.
Voilà qui nous permet peut-être de mieux comprendre cette mise en garde : « restez éveillés. » De même que l'embryon quitte le ventre douillet de s amère pour affronter et découvrir le monde, ainsi nous sommes appelés à nous détacher des douceurs de la terre pour être capables de découvrir Dieu tel qu'il est dans toute sa majesté : rayonnant d'amour, d'un amour infini pour l'éternité.