1er dimanche de l'Avent, année C

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : C
Année: 2012-2013


Suite à la lecture de l'évangile que nous venons d'entendre, nous découvrons que Jésus n'avait pas internet à son époque.  Car s'il avait eu internet, il aurait pu nous dire avec précision la date d'un tel événement et « ce jour-là ne serait pas tombé sur nous à l'improviste » comme il le dit.  Grâce donc à internet, nous connaissons cette date : le 21 décembre 2012.  Dans dix-neuf jours exactement selon certains sites que je me suis permis de visiter.  Toutefois, le pape Benoît XVI a invité les chrétiens, il y a deux semaines, pendant la prière de l'Angélus au Vatican, à ne pas s'arrêter à « la curiosité pour les dates, les prévisions ».  De toute éternité, se sont toujours levés des charlatans proposant des oracles pour conduire les gens dans la peur et l'angoisse.

Dans cette église, nous sommes aujourd'hui invités à vivre d'une toute autre espérance et à nous réjouir de ce que le Fils de Dieu vient nous annoncer : « on verra le Fils de l'homme venir dans la nuée, avec grande puissance et grande gloire ».  Quel contraste entre sa première venue parmi nous et l'annonce de son retour en gloire.  Lors de son incarnation, dans l'événement de Noël, il est venu pauvre parmi les pauvres, rejeté de partout.  Il a ouvert ses yeux à notre monde dans une étable.  Nous aurions pu l'attendre entouré d'une armée d'anges, trompettes tonitruantes et tambours battant.  Rien de tout cela.  Juste une étoile qui va éclairer cette nuit-là.  Le Fils de Dieu sera déposé dans une crèche, c'est-à-dire dans une mangeoire.  Voilà encore un bel exemple de synecdoque.  Une synecdoque, c'est lorsque la partie dit le tout : un visage pour parler d'une personne, un trois mâts pour parler d'un bateau, et au fil des siècles, une crèche-mangeoire qui devient peu à peu le nom donné au lieu de la naissance de Jésus.  La crèche a empli toute la pièce.  Cette réalité est une invitation constante à ce que le Christ vienne emplir tout notre espace intérieur.  Que nous devenions ainsi à notre tour des crèches vivantes au c½ur de notre propre humanité, pétris de cette présence divine intérieure.  La première fois, le Fils de Dieu est venu sur la pointe des pieds.  Il a cheminé avec nous pour nous proposer « l'abondance de la vie ».  Il est devenu, en nous, « le chemin, la vérité et la vie ».  De plus, par l'événement de sa mort et de sa résurrection, il fait de chacune et chacun de nous des êtres résurrectionnels.  Nous sommes donc déjà entrés dans le temps de notre résurrection puisque dans la foi, c'est la mort qui est devenue mortelle et la vie s'ouvre dorénavant à la vie éternelle. Il nous a ensuite quitté pour nous laisser tout l'espace nécessaire pour accomplir notre destinée.  Depuis l'événement de la Pentecôte, l'Esprit Saint opère par nous.  Nous sommes les instruments de Dieu sur cette terre.  Il passe tout simplement, tout tendrement par chacune et chacun d'entre nous.  Notre monde est en devenir.  Nous sommes en devenir.  Et l'accomplissement de notre être ne peut se faire qu'avec nous dans la relation à l'autre et au Tout Autre.  Il faudra sans doute encore de nombreuses générations humaines pour atteindre cette finalité.  Mais nous participons déjà à cette grande chaîne créationnelle, lorsque nous veillons à vivre dans le quotidien  de nos existences, l'amour, la douceur et la tendresse.  Un jour, à l'aube des temps, l'humanité entière sera réalisée.  La Création sera accomplie.  Toutes et tous, nous serons des êtres achevés.  Nous aurons atteint l'objectif que le Père nous avait confié en nous demandant de poursuivre son ½uvre créatrice.  Et ce jour-là, quoi de plus normal que le Fils de l'homme revienne parmi nous « dans la nuée, avec grande puissance et grande gloire ».  Toutes et tous, nous serons accomplis, c'est-à-dire sauvés.  Nous participerons à la vie divine.  Tout être humain sera à jamais en Dieu.  Sommes-nous en droit de postuler cette universalité du salut : oser croire que chacune et chacun sera sauvé ?  Il ne s'agit bien évidemment pas d'une certitude.  Nous pouvons à tout le moins le souhaiter, l'espérer.  Quelle plus belle espérance que celle de croire qu'un jour, Dieu aura accompli sa Création et que, nous serons toutes et tous en lui.  Le temps de l'Avent n'est-il pas ce temps offert pour se nourrir d'une telle espérance ?  Je nous le souhaite en tout cas.

Amen