22e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2004-2005
28 août 2005
  22ème dimanche ordinaire (Année A) : un trésor à dilapider
Modifier cet article
   
 
DATE DE PUBLICATION EN LIGNE :  AIDE
 
     
   
 
LES AUTEURS  AIDE
Cochinaux Philippe       email   308 articles Retirer l'auteur X
MOTS-CLÉS  AIDE
   
 
     
   
  Cet article est :   AIDE  
     

Mt 16, 21-27

Mozart écrivit un jour à son père les mots suivants : « nous n'avons pas besoin d'épouser une femme riche pour le devenir nous-mêmes car cette richesse-là, elle est éphémère. Elle reste sur terre. Nous ne l'emportons pas avec nous. Quant à nous, père, notre richesse, elle est dans notre tête ». La richesse dont parle Mozart est éternelle et aujourd'hui encore nous pouvons nous réjouir de pouvoir entendre ses ½uvres jouées un peu partout dans le monde.

Si la richesse de cet enfant prodige de Salzbourg se situait au niveau de la tête, notre richesse, dans la foi, se situe au niveau de notre c½ur. Dieu le Père, par son Fils et dans l'Esprit, a choisi d'élire sa résidence en cet endroit précis. Le c½ur, lieu de nos sentiments, de nos émotions est devenu par excellence l'habitation de Dieu sur notre terre. Il vit en chacune et chacun de nous. Nous sommes sa propre résidence. Et lorsque Dieu a choisi d'emménager en nous, il n'est pas venu les mains vides. Il avait apporté ses propres caisses et cartons. Ils contiennent une bonne dose de tendresse, des regards d'amour, des gestes tout en douceur, des mains tendues à la fragilité, des paroles où les mots ne riment qu'avec l'amitié divine. En chacune et chacun de nous, par le biais de l'Incarnation, Dieu a déposé un énorme trésor. Non pas un trésor humain, c'est-à-dire un trésor à amasser puis à cacher, tellement nous aurions peur de nous le faire voler. La logique de Dieu va bien au-delà de la nôtre.

Le trésor divin de la foi ne s'accroît qu'en se donnant. Plus nous le dilapiderons, plus il deviendra important. Voilà ce à quoi, toutes et tous nous sommes appelés. Donner ce que nous avons reçu. La foi ne se contente pas de se laisser enfermer en nous pour devenir une manne secrète dont nous seuls aurions accès. Non, la foi est un trésor reçu. Il sommeille en chacune et chacun de nous et n'attend qu'une seule chose : que nous le réveillions. Ce trésor brille de sa lumière éclatante chaque fois qu'il s'offre aux autres et au Tout-Autre. Tel est le sens du salut dont le Christ nous parle dans l'évangile. Ce salut ne se réalisera que si nous acceptons de vivre notre vie pleinement, passionnément, intensément puisque le Christ est venu pour que nous la vivions en abondance, souligne l'évangile de Jean. Donc, une vie passionnante, une vie trépidante, une vie où chaque seconde est toujours bien dépensée puisque le temps passé est dépassé à jamais. Toutes et tous, en Dieu, nous sommes conviés à vivre ce type de vie. Tel est le sens premier du salut même si nous l'avons parfois un peu oublié.

Une vie passionnante ou trépidante, ne signifie pas une vie vécue dans la grandeur, dans l'extraordinaire. Non, la vie que le Christ nous propose de vivre, est une vie où nous profitons de chaque seconde donnée pour dilapider ce trésor intarissable qui se trouve au plus profond de nous-mêmes. Vivre la vie avec le regard de Dieu, vivre sa vie avec les yeux de Dieu. Et voilà que celle-ci devient autre. Je ne vis pas que pour moi. Je ne me réalise que dans toutes ces relations qui me façonnent et m'entourent. Je prends conscience à quel point j'ai besoin des autres et que eux, ils ont besoin de moi puisque je suis également une parcelle de divinité sur cette terre. Par mes actes, mes gestes, mes paroles, mes regards, inspirés par l'Esprit Saint, je permets à Dieu d'½uvrer en notre monde. Nous sommes non seulement images de Dieu mais mains de Dieu, yeux de Dieu sur terre. Dieu passe par chacune et chacun de nous pour être à l'½uvre en notre monde. Dieu a besoin de nous. Le Salut de sa création passe dès lors également par nous. Nous ne pouvons nous sauver qu'en dépensant, dilapidant ce que nous avons reçu. Plus nous dépenserons, plus nous recevrons à dépenser. C'est une histoire sans fin et c'est normal puisqu'il s'agit de l'éternité, notre éternité. Celle qui a commencé par l'événement de la Croix, de la mort et de la résurrection du Fils. En ce sens, perdre sa vie, c'est la gagner.

La logique divine est tellement éloignée de la nôtre. C'est en dépensant le trésor reçu que je gagnerai ma vie, que je la sauverai. C'est en dépensant le trésor reçu que je permettrai à d'autres de gagner leur vie, de la sauver. S'il en est ainsi, redescendons au plus profond de nous, partons à la recherche de cette croix intérieure plantée là où se noue en nous notre humanité et notre divinité. La croix du Christ est une croix glorieuse, une croix de résurrection, une croix de salut. Elle nous conduit à l'espérance, à la promesse d'un bonheur sans fin auprès de Dieu. Et pour ce faire, c'est tout simple. Il suffit de dépenser ce trésor de la foi en nous. Ne perdons plus de temps. Chaque seconde participe à notre salut. Offrons, partageons, vivons. Tel semble être le désir de Dieu pour son humanité. Il veut notre bonheur. Un bonheur qui s'enracine et se réalise en Lui par tous les actes et les paroles de tendresse que nous nous offrons les uns aux autres. Amen.