Un jeune raconte : "Ce n'est pas que mon père était méchant mais, vous savez, quand on a 20 ans, être bombardé de bons conseils et de remontrances, on en a marre ! D'autant qu'il était catho, alors sa religion et son Eglise, j'en avais par-dessus la tête. La messe, il y a longtemps que je l'avais larguée : je n'y comprenais rien. Et puis rien que de voir la tête des pratiquants ???!... Bref, j'en ai eu ras-le-bol : j'ai dit à mon père que j'étais un adulte, que je voulais faire ma vie à ma guise. Curieusement, il n'a pas refusé ma demande : il m'a même donné une très jolie somme. Quelques jours après, j'ai acheté une bagnole de luxe et je me suis tiré. Sans remords. Sûr de ne plus jamais revenir dans cette caserne où j'étouffais.
Voyages, boîtes de nuit, drogues, ... : je pouvais enfin m'offrir tout ce luxe que les films m'avaient montré depuis mon enfance. Jouir de la vie, ne plus obéir à des ordres, être débarrassé de la vieille morale, ne plus avoir de comptes à rendre. Ni Dieu ni Maître ! Etre libre, quoi ! C'était la joie parfaite. Je m'éclatais avec les copains.
Et puis un jour la tuile ! Le fric vous file entre les doigts, on ne se rend pas compte, et un jour, la dèche ! Rien. Chercher un job ( je n'avais pas de métier) : dur, dur ! Enfin un gars me proposa de garder ses porcs. Puanteur ! Et il payait très mal. A peine de quoi vivre. Le pire, c'était l'isolement. Vous savez, quand on est fauché, plus de filles pour courir derrière vous, plus de copains ! C'était la m.... .. Je n'avais pas trouvé l'amour que je cherchais, j'étais exploité par un salaud de patron, je n'avais plus d'amis. Et je crevais de faim ! La débâcle totale.
C'est alors que le souvenir de la maison de mon enfance m'est revenu : je revoyais les ouvriers en train de casser la croûte gaiement. J'ai hésité longtemps et enfin je me suis décidé : je rentrerai chez mon père, je lui sortirai un petit boniment en lui demandant de me nourrir.
En chemin, mille fois, j'ai eu la tentation de rebrousser chemin. Rentrer, c'était avouer ma défaite, mon orgueil en prenait un coup. Mais quelle autre solution ? Et puis, mon père, comment allait-il me recevoir ? N'allait-il pas s'emporter, m'engueuler, me chasser ?
J'allais tête basse, ruminant mon humiliation. Quel air j'avais avec mes guenilles, ma crasse et cette odeur des cochons qui m'imprégnait !
Et alors, vous savez ce qui s'est passé ? Jamais je n'aurais cru ça possible. J'approche, je devine la vieille ferme là à l'horizon...Soudain, j'aperçois une silhouette s'élancer à ma rencontre : mon père ! Avec sa canne, il trottait comme il pouvait - à son âge ! Je veux fuir croyant qu'il va me rouer de coups. Eh bien non : il arrive, il me regarde - avec quelle tendresse ! -, il me serre dans ses bras en sanglotant. " Mon petit ! Mon petit !..." et il m'entraîne vers la maison en ne cessant de me regarder, de rire et de pleurer.
Gêné, je lui sors le boniment que j'avais préparé : " Père, j'ai péché contre toi, je ne mérite plus d'être appelé ton fils..". J'allais dire : " Et traite-moi comme un ouvrier". Là il me coupe et il lance aux domestiques qui, stupéfaits, contemplaient la scène : " Allons, vite ! Apportez le plus beau vêtement, mettez-lui une bague au doigt, des sandales neuves aux pieds...Tuez le veau gras : mangeons et festoyons car mon fils était mort et il est vivant, il était perdu et il est retrouvé" . C'est alors, voyez-vous, que j'ai enfin compris DIEU !. Jadis, je le voyais comme une Puissance qui m'accablait avec ses ordres, qui m'agaçait avec sa religion, qui me cassait les pieds avec sa morale...Ici à présent, je découvrais l'Amour en personne. Aucun reproche, aucune engueulade ! Rien que le bonheur que je sois là. Et l'envie folle de faire disparaître toutes les traces de mon passé : en quelques minutes, j'étais redevenu le fils de la maison.
Je découvrais, ébahi, qu'enfin je trouvais chez Lui tout ce que j'avais cherché ailleurs sans pouvoir le conserver et je comprenais ce qu'est la liberté. Pas comme je l'avais cru bêtement : suivre mes envies, assouvir mes passions. Mais être aimé et aimer.
Heureuse faute qui m'a permis de changer complètement, de découvrir mon père - Dieu - non comme un juge mais comme un ami, de comprendre enfin combien j'étais aimé. Il ne m'avait pas fait rechercher pour me ramener de force à la maison car il ne voulait pas d'un esclave. Il avait suffi seulement que j'ose faire quelques pas vers lui, que je murmure "J'ai péché", que je me reconnaisse coupable. Petit, j'expérimentais que toute faute était suivie d'une réprimande, d'un châtiment : maintenant je découvrais que l'aveu est la porte qui permet de découvrir l'immensité de l'amour. Qui est MISERICORDE.
Ah, je ne vous ai pas parlé de mon frangin : j'avais un grand frère qui était resté à la maison, travaillant de tout son c½ur, obéissant au père. On ne s'était jamais beaucoup aimé. Quand on lui a annoncé que j'étais revenu et que notre père avait organisé un banquet pour fêter mon retour, il a piqué une colère folle et a refusé d'entrer. Quand père est sorti pour le prier de se joindre à nous, il a craché : " Voilà tant d'années que je te sers ! je ne t'ai jamais désobéi et quand ce fou revient qui a dépensé tout le fric avec des p..., tu fais la fête en son honneur !! ???" Père a cherché à le calmer : "Mon petit, je t'aime tant ! mais ton frère est en vie, il faut fêter ça !". Il a hurlé : "JAMAIS !" et il est resté dehors. +++++++
Le grand poète Péguy qui avait abandonné l'Eglise puis un jour s'était converti, disait de cette parabole : " Et quand on l'entend pour la 100ème fois, c'est comme si c'était pour la première fois".
Etes-vous loin de Dieu ? Il vous attend. Avez-vous commis des bêtises, des crimes ? Dieu vous attend. Vous n'avez pas de regret ? Dieu vous attend. Non : LE PERE. Il suffit que vous ayez désir de VIVRE, que vous reveniez à la maison. Déjà la fête est prête. Vous allez enfin découvrir QUI EST DIEU, qui EST LE CHRIST qui vous offre le pardon, et ce qu'est l'Eglise. Vous y recevrez ce que vous cherchiez en vain ailleurs : la véritable liberté, les relations d'amour renouées.
Vous êtes un bon chrétien, pratiquant, honnête, pieux ? Très bien. Mais soyez attentif : vos frères et vos s½urs désirent revenir. Ils ne savent comment faire. Allez-vous les renvoyer comme des souillures...ou les accueillir ? Vous ne pouvez prétendre aimer Dieu si vous ne partagez pas sa joie de pardonner au frère. N'ayez aucun orgueil de vos pratiques et joignez-vous à la Joie folle de Dieu.
TOUS nous avons à convertir notre image de Dieu TOUS NOUS VIVONS DU PARDON. L'Eucharistie est la fête des pécheurs pardonnés. Quand vas-tu y revenir, frère perdu et tant attendu ?...