25e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2006-2007

Chaque jour la presse nous informe au sujet des méfaits commis dans les dernières heures. Comment n'être pas ébahis devant le récit des machinations invraisemblables inventées par les malfaiteurs ? Pour braquer un établissement bancaire, attaquer un transporteur de fonds, cambrioler une villa, faire franchir plusieurs frontières à des centaines de tonnes de drogues : que d'heures de réflexion, que de débats, que d'astuce, que d'audace afin d'échapper à la surveillance des polices et des douanes ! Et ces entourloupettes de personnalités au-dessus de tout soupçon, de célèbres vedettes accusées de corruption, de blanchiment d'argent, de délit d'initié, de fuite dans des paradis fiscaux ! Ces genres d'affaires ont bien entendu toujours existé et c'est peut-être un fait-divers de ce genre qui a inspiré Jésus pour sa parabole.

L'APOLOGIE DU CRIME ?...

Jésus racontait à ses disciples cette parabole : " Un homme riche avait un gérant qui lui fut dénoncé parce qu'il gaspillait ses biens. Il le convoqua :
-  Qu'est-ce que j'entends dire de toi ?...Rends-moi les comptes de ta gestion car désormais tu ne pourras plus gérer mes affaires.

Le bonhomme n'a rien à dire pour sa défense : le fait est avéré, la décision du maître est prise, il va être chassé.

Le gérant pensa : " Que vais-je faire ?...Travailler la terre ? Je n'ai pas la force...... Mendier ? J'aurais honte. Ah je sais ce que je vais faire pour qu'une fois renvoyé, je trouve des gens pour m'accueillir. Il fait venir, un par un, ceux qui avaient des dettes envers son maître. Il demande au premier : " Combien dois-tu à mon maître ? -100 barils d'huile - Voici ton reçu : assieds-toi et écris 50 " Il demande à un autre : " Et toi, combien dois-tu ? - 100 sacs de blé - Voici ton reçu, écris 80".

Ainsi ce gredin profite de ses dernières heures pour commettre une ultime malhonnêteté et rouler son patron ! Ce dernier devrait déchaîner sa furie contre cet ignoble individu ! Eh bien non : Il ne peut s'empêcher d'admirer l'habileté de son employé. Sur le point de se trouver à la rue, celui-ci a trouvé le moyen de faire gagner beaucoup d'argent à certains...en escomptant bien que ceux-ci, dans les jours suivants, se devront de l'accueillir et de le sauver de sa détresse.

Ce gérant trompeur, le maître fit son éloge : effectivement il s'était montré habile. Et Jésus conclut :

Les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière.

Eh bien moi, je vous dis : faites-vous des amis avec l'Argent trompeur, afin que le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles.

Les "fils de ce monde", c'est-à-dire les gens enfermés dans leurs intérêts immédiats, dans les seuls horizons de ce monde, font preuve de beaucoup d'habileté pour réussir leurs mauvais coups, trouver des alibis, obtenir des appuis en haut lieu et finalement se tirer d'affaire. Et trois fois hélas, constate Jésus, vous, mes disciples, qui êtes "dans la lumière" puisque je vous ai extraits des ténèbres du mal afin de vivre désormais dans le Royaume de mon Père, vous restez balourds, maladroits, inertes.

Vous oubliez que, tôt ou tard, vous aussi, vous allez perdre votre place ici sur la terre, vous serez obligés d'abandonner tout votre avoir, de laisser là tous vos biens. Car vous n'êtes propriétaires définitifs de rien, vous n'êtes que des "gérants" : la terre vous a été confiée en gestion, en administration. Où irez-vous ? Qui vous offrira une place pour continuer à vivre ? Uniquement ceux à qui vous aurez fait du bien maintenant.

Donc soyez logiques avec votre foi : faites du bien, rendez service, montrez-vous généreux, donnez, partagez pendant qu'il en est temps. Car devant Dieu, les possessions, si énormes soient-elles, ne sont rien : devant Lui seul demeure l'Amour que l'on a mis en pratique.

DISTINGUER GRANDES ET PETITES AFFAIRES

Et Jésus conclut :

Celui qui est digne de confiance dans une toute petite affaire est digne de confiance aussi dans une grande. Celui qui est trompeur dans une petite affaire est trompeur aussi dans une grande. Si vous n'avez pas été dignes de confiance avec l'Argent trompeur, qui vous confiera le bien véritable ?...Et si vous n'avez pas été dignes de confiance pour les biens étrangers, le vôtre, qui vous le donnera ?

La gestion des biens a certes son importance sur terre : il faut gagner sa vie, faire vivre sa famille, rester prévoyants, assumer ses responsabilités. Mais les affaires de la terre restent, pour Jésus, "des petites affaires" à côté de "la grande affaire" qu'est notre salut éternel. Si nous nous prétendons croyants et que, en fait, nous restons fascinés par notre AVOIR, obnubilés par l'accroissement de nos biens, l'amélioration de notre niveau de vie et le désir d'épater les autres, alors Dieu ne peut se fier à nous "pour une grande affaire". Nous devenons incapables de recevoir "le bien véritable" qu'est la VRAIE VIE DIVINE.

NE SERVIR QUE DIEU

Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il détestera le premier et aimera le second : ou bien il s'attachera au premier et méprisera le second. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l'Argent.

L'argent n'est pas diabolique en soi, il a même tellement d'importance pour mener une vie convenable sur cette terre qu'il faut le "gérer" avec prudence, ne pas le gaspiller. Mais justement nous n'en sommes que les "gestionnaires", les "gérants". Nous le savons bien : le danger qui nous guette est de le SERVIR au lieu de l'UTILISER. Le dieu de l'argent s'appelait MAMMON...un mot de la même racine que AMEN....qui signifie "se fier à ", "faire confiance, s'appuyer sur..." La foi ne peut s'appuyer que sur DIEU et elle se concrétise par des actes d'AMOUR donc de partage. Le disciple de Jésus ne peut prétendre servir son Seigneur Dieu que si l'argent n'est pas son seigneur.

Si, dans chaque paroisse, quelques chrétiens osaient "monter un coup" : se grouper, décider ensemble un projet ( "Renouveau de la communauté"), inventer des moyens d'action, faire preuve d'audace, de courage, de perspicacité, passer à l'action en dépit des risques. Avec la conscience d'être des "gérants" responsables de la bonne marche de l'Eglise. Décidés à mettre leurs qualités, leurs biens, leur créativité "au service" de la mission de l'Eglise... Quels changements se produiraient ! Quelle vitalité se manifesterait ! Combien de personnes, déçues par l'inertie de l'Institution, y reviendraient, entraînées par l'exemple de certains ! On cherche "des enfants de lumière" finauds