25e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Materne Pierre-Yves
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2004-2005

Si Dieu était un patron d'entreprise, il aurait contre lui tous les syndicats du monde ! En effet, un patron qui donne le même salaire à celui qui a travaillé huit heures et à celui qui a travaillé une heure n'est pas juste. Mais en même temps, ne voyons-nous pas qu'il cherche à donner du travail à tout le monde, même à ceux qui n'ont pas encore été engagés par d'autres patrons.

Pour bien comprendre la parole de Jésus, il ne faut pas perdre de vue qu'il parle du Royaume de Dieu. En voulant mettre tout le monde dans le coup, Dieu cherche à ce que personne ne soit tenu à l'écart de son Royaume de paix et d'amour. Il y a ceux qui se présentent à la première heure, ce sont les plus pressés de collaborer au Royaume, ceux qui ont eu la chance d'avoir compris très tôt l'importance de travailler pour le Royaume. Au temps de Jésus, les juifs qui se convertissaient avaient déjà une certaine perception de Dieu comme puissance de paix et d'amour. Mais il y a ceux qui mettent du temps à comprendre ce qu'est le Royaume. Jésus était accueillant envers les païens qui se convertissaient, bien que ceux-ci n'avaient probablement pas la moindre idée de ce qu'il fallait entendre par le règne de Dieu. Ils mettaient du temps à prendre part à la mission de Jésus. Mais, dans les deux cas, pour les premiers comme pour les derniers, Dieu veut tout donner gratuitement. Il donne la même chose à chaque ouvrier parce que il donne le maximum à chacun. Il ne tient pas compte de la rapidité avec laquelle les gens se sont engagés dans le Royaume, ce qui compte c'est la décision d'y prendre part, même à la dernière heure. Tous ceux qui se mettent au service du règne de justice et de paix reçoivent toute la vie de Dieu, en abondance.

Aux yeux de Dieu, il n'y a pas de premier et de dernier. D'une certaine façon, il n'y a que des premiers. C'est nous qui classons les personnes en fonction de leurs prestations. La logique de Dieu n'est évidemment pas celle de notre justice humaine, il s'agit d'une logique de surabondance. Le prophète a donc raison de dire que les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées et que nos chemins ne sont pas nos chemins. Dieu offre son Royaume à sa manière, même si cela nous heurte.

Evitons de nous croire trop vite parmi les ouvriers du Père qui attendent une récompense. Nous risquons parfois de réagir comme des travailleurs matinaux, c'est-à-dire avec un mauvais ½il. Nous ne connaissons rien de la vie intime des autres, de leur progression dans la foi et l'amour. Quelqu'un peut changer tout d'un coup sans qu'on s'y attende. Même si on juge un arbre à ses fruits, il est indispensable de garder à l'esprit que Dieu seul est juge et que nos critères de justice ne sont pas les critères du Père. Ceci nous invite à la prudence et à une certaine humilité. Je dois me préoccuper du règne de justice et de paix qui vient de Dieu comme d'un travail qui me rend heureux et qui contribue au bien de tous. Si d'autres me rejoignent sur cette route, je me réjoui et je remercie Dieu de les avoir appelé.

Dieu n'est pas un PDG mais un Père qui déborde de joie lorsque quelqu'un saisit son appel et décide d'entrer dans le projet de son amour pour l'humanité. Dieu cherche sans cesse à se communiquer à ceux qui acceptent de prendre part à l'aventure de la construction de son Royaume de justice et de paix. L'ouvrier du Royaume trouve alors ce qui le comble : un amour infini et gratuit.