Que voilà une parabole simple, facile à comprendre : n'importe quel enfant pourrait y répondre : 10 sur 10, le maximum. Mais la conclusion qu'apporte l'évangéliste, ça alors, c'est un peu fort de café : prostituées, publicains, tous ces gens catégorisés comme pécheurs, les voilà au ciel avant nous. Un tel saut de registre pourrait choquer sauf si, comme dit Ezechiel, nous acceptons une bonne fois de modeler nos pensées sur celles de Dieu., d'aimer comme Dieu aime.
C'est d'abord un amour qui permet de dire NON, sans recevoir une claque pour autant, en faisant confiance à la capacité de chacun de réfléchir ; un amour qui rend libre d'aimer en retour : on est passé de l'esclavage de la loi à la liberté apportée par Jésus de choisir Dieu.
Et si liberté il y a, elle demande de faire la vérité en soi-même, avec soi-même. Tout simplement pour faire accorder nos actes avec nos paroles. Nos paroles ne sont jamais anodines, car elles nous mettent en relation avec les autres, et dès lors si nous voulons que cette relation soit vraie, nos actes doivent être en conformité avec ce que nous disons de nous-mêmes. Rappelez-vous ce que nous dit Jésus : « ce n'est pas celui qui dit Seigneur, Seigneur qui sera sauvé, mais celui qui met en pratique la parole de Dieu. »
Mais nous sommes surtout invités à découvrir la vérité de l'autre derrière ses attitudes qui parfois nous choquent. ; à chercher à comprendre les valeurs réelles de sa vie sous des dehors parfois apparemment inconciliables avec le désir de Dieu. Si nous reprenons l'épisode de celle que les on-dit de la ville appelaient la pécheresse lorsque Jésus rendit visite à Simon, pharisien important de la cité, à Simon qui s'étonnait de la gentillesse miséricordieuse de Jésus envers elle, Jésus laisse clairement entendre en le mettant devant sa propre vérité : toi, tu fais tout ce que la loi dit de faire, mais tu ne m'as pas versé d'eau sur les pieds à mon arrivée, tu ne m'as pas donné un baiser de bienvenue, tu n'as pas répandu d'huile sur ma tête, mais elle a fait bien davantage, et surtout avec beaucoup d'amour.
Même si sa vie à elle apparaissait comme un non à la loi, elle aimait comme elle pouvait aimait, à sa façon, et surtout en vérité. Les pensées de Dieu scrutent le c½ur des gens, leur propre vérité, leur vie en vérité. J'ai connu des jeunes filles en Afrique qui aux yeux des gens s'adonnaient à la prostitution, mais simplement parce qu'elles aimaient leur petit frère ou petite s½ur et qu'elles voulaient pouvoir payer leur scolarité, ou sauver leurs parents de la misère, non pour elles-mêmes. Certaines se sacrifiaient vraiment en faisant un métier qu'elles n'aimaient pas. Qui aime le mieux ? On peut, sans vouloir tout justifier, se poser la question.
Nous sommes conviés à ne pas juger sur les paroles, mais à essayer de comprendre les autres, d'avoir un regard de bonté, de miséricorde et de confiance, en la possibilité de chacun de faire la vérité en soi. Ainsi donc, nous somme invités à être humbles, c'est-à-dire vrai avec nous-mêmes, - et c'est cela le début de la conversion -, et dès lors à mettre nos actes en conformité avec nos paroles, afin d'être aussi en vérité avec les autres.
Cette même humilité dans la vérité nous aidera alors à comprendre les autres, sans les juger sur les apparences, en essayant d'avoir pour eux les pensées de Dieu, d'oser le regard de Dieu.