25e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Moore Gareth
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 1996-1997

Mc 9, 30-37

Il y a dans ce petit extrait de l'évangile deux scènes qui n'ont peut-être rien à voir l'une avec l'autre : Sur la route, Jésus parle aux disciples de sa passion et de sa résurrection ; puis, à la maison, il leur dit comment devenir le premier. Ces deux scènes peuvent être tout à fait indépendantes l'une de l'autre, mais il y a un lien entre les deux qui me frappe. Dans la première scène, en parlant de sa passion, Jésus dit qu'il sera livré aux mains des hommes. C'est-à-dire, il sera comme un impuissant, quelqu'un qu'on peut donner aux autres, quelqu'un qu'on peut prendre et traiter comme on veut. Dans la seconde scène Jésus prend lui-même quelqu'un d'autre, et il le traite comme il veut. Dans les deux cas il s'agit d'une sorte d'accueil, mais la qualité de l'accueil est très différente. A Jérusalem, les autorités politiques et religieuses vont prendre Jésus, le maltraiter et le tuer, évidemment sans lui demander la permission. A Capharnaüm, Jésus prend un enfant, apparemment sans lui demander la permission (on ne demande pas la permission aux enfants), et il l'embrasse. A Jérusalem, c'est l'accueil de la haine, l'accueil qui tue. Jésus n'y survivra pas. Certes, il vivra après, mais il faudra le miracle des miracles, la résurrection, pour vivre après cet accueil. Par contre, Jésus accueille avec un geste d'amitié, même d'amour. L'enfant n'a pas besoin d'un miracle pour y survivre. L'accueil de Jésus ne menace pas sa vie ; au contraire, il favorise la vie et l'épanouissement, c'est un accueil vraiment humain.

Quand Jésus prend cet enfant, c'est dans le contexte d'un enseignement sur la grandeur, enseignement qu'il donne parce les disciples discutent entre eux pour savoir qui est le plus grand. Les disciples savent déjà qu'il ne leur est pas bienséant, d'avoir une telle discussion. C'est pourquoi ils ne répondent pas quand leur demandent de quoi ils parlent. Quand leur maître vient de dire qu'il va être maltraité et tué, il ne leur convient pas de se préoccuper d'eux-mêmes et de leur statut. Jésus leur dit que si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le dernier. Alors, on s'attend à ce qu'il prenne l'enfant et leur dise que pour être grand il faut devenir comme ce petit enfant, comme quelqu'un qui n'a aucune autorité et qui est soumis à l'autorité de tout les autres. On s'attend à ce que cet enfant enfant devienne le modèle du disciple. Mais Jésus agit autrement. Il leur dit simplement qu'il faut accueillir en son nom, comme ses disciples, les enfants, les impuissants. Cela n'a rien à voir avec la discussion sur l'importance relative des disciples. Le geste d'accueil que fait Jésus dépasse cette discussion, la détourne. Quand ils discutent pour savoir qui est le plus grand, les disciples pensent à eux-mêmes. Jêsus réagit à cette discussion de deux façons différentes. La première réponse de Jésus est de renverser les valeurs : Vous voulez être grands ? Soyez petits ! Il leur propose effectivement une façon paradoxale de devenir grand, ou une échelle de grandeur renversée : Si vous vous croyez grands, croyez-vous petits. Mais il finit par les détourner de cette question. Il leur dit : Accueillez les petits, les faibles, favorisez leur vie, et vous accueillez Dieu. Ne pensez pas à vous-mêmes et à votre statut, mais aux autres. La question de statut, de savoir qui est plus grand ou moins important que les autres, n'existe finalement pas pour les disciples de Jésus. Peut-être que dans le monde politique, et dans l'Église considérée comme une structure humaine, le pape est une figure centrale. Mais, pour les disciples du Christ, un pape n'est ni important ni peu important, il n'est ni plus important ni moins important que nous. Si on est disciple de Jésus, on pense autrement ; pour le pape, comme pour nous, l'important est d'accueillir, de ne pas maltraiter les autres, mais de les traiter humainement, de se soucier de leur vie et de ne pas les tuer, comme les autorités de Jérusalem, les hommes dits grands et importants, tueront Jésus