Dans le dictionnaire d'éthique et de philosophie morale, cette qualité est décrite par Gambetta comme un certain niveau de probabilité subjective grâce auquel un agent estime qu'un autre agent va accomplir une action particulière et dans un contexte où elle influe sur sa propre action. Une telle définition étant trop compliquée pour mon pauvre petit esprit, j'ai plutôt préféré celle proposée par Le Petit Robert qui la définit comme une espérance ferme ou encore comme l'assurance de celui qui se fie à quelqu'un ou à quelque chose. Il s'agit bien évidemment de la confiance.
Cette dernière est au c½ur des lectures de ce jour puisque sans elle l'amour ne peut exister. Même si le second récit de la création de l'être humain est mythique, il est bon de redécouvrir que l'homme a du attendre que la femme existe pour se mettre à parler, pour entrer en dialogue. Un dialogue qui lorsque teinté de sentiments se met à l'unisson dans une relation. A ce moment, deux êtres vont vers un. Il ne s'agit donc pas d'une fusion, d'une unité étouffante mais plutôt d'un souhait de se mettre en marche ensemble sur un même chemin. Tel est l'ambition de Dieu sur notre humanité.
Voilà ce qu'il attend de nous : l'amour comme si l'amour de Dieu se révélait à nous dans les relations d'amour que nous créons et construisons ensemble. Alors plutôt que de nous enfermer comme les pharisiens dans des codes de lois qui ne sont que le reflet de notre endurcissement, réjouissons-nous plutôt de ce que Dieu attend de nous et de l'amour qu'il nous invite à vivre dès maintenant. Mais il est vrai qu'aimer, c'est oser risquer. Risquer de souffrir car l'autre n'est jamais à l'image de ce que nous rêvons. Il reste pleinement lui-même, elle-même.
Aimer, c'est risquer de vivre des moments merveilleux et d'autres plus redoutables. Ressentir en soi, à la fois de la crainte et des espoirs fou. Accepter ce mystère de la rencontre, cette alchimie qui conduit les êtres à se rencontrer, se découvrir puis s'épanouir en s'aimant. Aimer n'est donc pas neutre puisque lorsque j'aime quelqu'un ce sont les fondements de mon être qui sont atteints. A nous alors de prouver, dans la relation, que l'amour existe. Et cela se fait tout simplement en faisant confiance. En ce sens, la confiance est une qualité existentielle nécessaire à l'accomplissement de toute vie terrestre. En effet, vivre dans la défiance pourrit l'existence puisque nous n'avons personne sur qui nous osons compter pour avancer.
Pire encore lorsque la défiance s'installe en nous vis-à-vis de nous car alors nous en arrivons à avoir peur de nous-mêmes, de nos réactions. Envahis par ce sentiment de solitude, nous prenons alors le risque de construire des murs qui nous éloignent de toute relation plutôt que de bâtir des ponts nous reliant les uns aux autres. S'il en est ainsi, il est possible d'affirmer que la défiance vis-à-vis de nous-mêmes ou des autres est dangereuse car non seulement elle empêche toute rencontre mais elle est également contraire à la mission divine qui nous a été confiée. D'où la nécessité de remettre la confiance dans la vie.
Ce qui n'est pas toujours facile surtout lorsque nous avons été blessés voire même trahis par des paroles, des gestes, des comportements. Pourtant sans confiance nous ne pouvons plus avancer. Nous tournons en rond, nous nous enfermons. Or, la confiance est le ciment, la pierre angulaire de la vie d'amour, de la vie de foi.
Cette qualité est d'ailleurs étonnante et complexe. Comme le dit Eric-Emmanuel Schmitt dans son dernier livre « Petits crimes conjugaux ». Nous n'avons pas confiance. La confiance ne se possède pas. Elle se donne. On « fait » confiance. Elle n'est donc pas innée et demande bien un acte de la volonté pour exister. C'est moi, et moi seul, qui décide de faire ou de ne pas faire confiance et ce, sur base d'une multitude de facteurs. Il y va donc de ma responsabilité personnelle. Il me suffit de le décider.
Ayant choisi de faire confiance, la vie devient légère. Je suis apaisé. En fait, je suis bien. Confiance en toi. Confiance en la vie. Confiance en Dieu. Tel est le sens de nos existences. Et c'est dans cette confiance-là que, dans quelques instants, après avoir proclamé ensemble notre foi, celles et ceux atteints par la maladie du corps ou de l'esprit pourront s'avancer en toute liberté pour recevoir le sacrement des malades. Sacrement de la confiance par excellence. Que notre prière les accompagne et que l'Esprit de Dieu vienne sur chacun d'entre nous pour que nous gardions à jamais cette confiance en Lui et en la vie et ce, par la foi qui nous anime.
Amen.