28e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2004-2005

La parabole de ce jour prolonge et approfondit celle de dimanche passé. Par l'image de la Vigne, Jésus traçait une allégorie de l'histoire de son peuple : Dieu a toujours envoyé des prophètes et presque toujours on a refusé de les écouter et même on les a maltraités. Mais un jour, Dieu a envoyé son FILS : lui aussi a été mis à mort mais l'appel au Royaume, depuis lors, est devenu universel. Tous les peuples sont invités à devenir la VIGNE de Dieu fructifiant en droit et justice.

Là-dessus Jésus enchaîne par une parabole semblable qui utilise une autre image de la Bible (le Banquet).

Jésus disait en parabole :

Le Royaume des cieux est comparable à un Roi qui célébrait les noces de son fils. Il envoya des serviteurs pour appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir.

Il envoya encore d'autres serviteurs dire aux invités :

-  Voilà : mon repas est prêt, mes b½ufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez au repas de noce.

Mais il n'en tinrent aucun compte et s'en allèrent l'un à son champ, l'autres à son commerce ; les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent.

Le roi se mit en colère, il envoya ses troupes, fit périr les meurtriers et brûla leur ville. Alors il dit à ses serviteurs :

-  Le repas de noce est prêt mais les invités n'en étaient pas dignes. Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous rencontrerez, invitez-les au repas de noce.

Les serviteurs allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu'ils rencontrèrent, les mauvais comme les bons, et la salle fut remplie de convives.

Le premier point capital à souligner, c'est le caractère tout à fait unique de Jésus de Nazareth. Dans les deux paraboles de la Vigne et du Banquet, il survient parmi les envoyés de Dieu mais si ceux-ci sont "des serviteurs", lui s'appelle LE FILS.

Homme, il est aussi IMAGE PARFAITE DE DIEU. En lui - cas unique-, il y a "alliance", communion sans confusion du divin et de l'humain. Le rejeter, c'est en conséquence se condamner à la mort.

Et le Royaume de Dieu n'est rien d'autre que la célébration des NOCES DU FILS !

LES NOCES DE JESUS LE FILS

Oui, le Fils a été mis à mort par les vignerons (les autorités de Jérusalem) mais son Père l'a ressuscité. Dès lors, le tournant de l'histoire s'est effectué : désormais tous les êtres humains sont invités non plus seulement à recevoir une loi transmise par des serviteurs de Dieu mais à participer à cette Alliance qui constitue l'être même du Fils. L'accueil de la convocation n'est plus obéissance à des préceptes mais entrée dans cette Alliance, communion à la personne du Fils.

On peut donc appeler cette nouvelle Alliance de véritables NOCES.

Ainsi, à l'Eucharistie, nous sommes invités gracieusement à nous unir au Seigneur qui nous dit : "Prenez : ceci est mon Corps".

Nos corps se joignent au sien pour devenir l'Eglise : celle-ci ne se réduit pas à un peuple dont Christ serait le roi, ni à une organisation qu'il dirigerait.

Elle est l'EPOUSE à laquelle le Fils du Roi se donne afin qu'elle-même se donne à Lui dans son pardon. son amour, sa paix, sa beauté,.

De même que, sous la Première Alliance, Dieu envoyait des serviteurs (les prophètes), ainsi depuis la Pâque de Jésus, Dieu continue d'envoyer des apôtres, des messagers qui lancent aux quatre vents la Bonne Nouvelle :

" Venez tous : l'heure a sonné où l'homme peut rencontrer son Dieu. La table est mise. Qui que vous soyez, accueillez l'invitation, venez fêter l'amour Infini de Dieu, la Miséricorde partagée en son Fils !"

Hélas, la résistance reste tenace et opiniâtre : beaucoup préfèrent décliner l'invitation, construire leur propre bonheur : comme on a éliminé les prophètes, on mettra à mort Etienne, Jacques, Paul...et tant d'autres aujourd'hui encore.

Pourtant il faut continuer à interpeller le monde, des messagers doivent se rendre dans toutes les nations, rencontrer toutes les couches de population : " Le moment est grave : le temps du salut est ouvert. Comprenez donc, saisissez l'occasion".

Ainsi l'Eglise s'est-elle répandue par tout l'univers : ses portes sont largement ouvertes, la table est mise, les cloches appellent, les multitudes entrent (40.000 baptêmes par jour en moyenne dans le monde)....

Mais attention ! l'histoire n'est pas finie !!!

LE SALUT N'EST PAS AUTOMATIQUE

Le Roi entra pour voir les convives. Il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noce et lui dit :

Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir le vêtement de noce ?

L'autre garda le silence.

Alors le Roi dit aux serviteurs :

Jetez-le pieds et poings liés dehors, dans les ténèbres : là il y aura des pleurs et des grincements de dents.

Certes la multitude des hommes est appelée, mais les élus sont peu nombreux.

La facilité d'entrée dans l'Eglise ne doit pas faire illusion, prévient S.Matthieu. Certes on peut toujours demander le baptême, exhiber une étiquette chrétienne, prendre part aux cérémonies (pour saupoudrer la vie d'un peu de "sacré"). Mais de même que la Vigne devait impérativement porter de bons fruits, ainsi l'invité du Seigneur doit adopter des m½urs évangéliques, mener une existence en accord avec ses engagements de baptême (Les premiers chrétiens offraient une belle robe blanche au nouveau baptisé, signe de la vie nouvelle). On ne peut jamais s'attribuer une place définitive...

C'est pourquoi l'Eglise est une auberge où se mêlent " les bons comme les mauvais ". Mais qu'on ne s'y trompe pas : l'invité de Dieu ne peut se reposer sur des mots, des rites, des catéchismes qui n'ont nulle influence sur son comportement. Comme le disaient déjà la parabole de l'ivraie et celle du filet (Matt 13), un jour, aura lieu un tri sans erreur.

L'Eucharistie est le terme gracieux de notre appel, c'est là que l'Eglise célèbre les Noces, devient l'Epouse unie à son Seigneur.

Et l'Eucharistie reste le moteur de notre conversion permanente et la source de notre mission.

La salle doit être remplie. Il ne nous appartient pas de discerner les chrétiens authentiques.