A de nombreuses occasions, il était invité. Un peu trop peut-être au goût de ses parents. Certains se demandaient comment cela se faisait-il ? Il faut reconnaître qu'il prenait le temps de répondre. Non seulement de répondre mais ses cartons étaient toujours envoyés avant la date demandée. Cela lui paraissait tellement naturel. En quelque sorte, l'invité idéal. Tout allait bien jusqu'à ce fameux jour où le facteur lui glissa deux invitations dans la boîte aux lettres. Rien d'extraordinaire me direz-vous, mais il était prié à deux événements à la même date et il n'arrivait pas à choisir. Quittant légèrement le chemin qu'il s'était tracé puisqu'il ne pouvait se décider, il répondit positivement aux deux invitations, tout en précisant qu'il serait légèrement en retard étant retenu par ailleurs. Ce n'était pas des plus polis, il est vrai mais il souriait de son astuce. Le jour prévu, connaissant quelques uns des convives à qui il aurait demandé de laisser leurs GSM allumés, il attendrait chez lui patiemment puis grâce aux nouvelles technologies, il leur téléphonerait pour découvrir la soirée où il y aurait le plus d'ambiance et partirait aussitôt après. Et voilà que nous aussi nous recevons une invitation... Par l'enveloppe, nous savons qu'il s'agit de noces. Mais pas n'importe lesquelles ? Les noces du Royaume de Dieu.
Il est évidemment difficile de décliner une telle invitation. Ce serait blessant puisque, par le baptême et notre présence en ce lui, nous sommes un peu comme les premiers invités. Nous avons le privilège de faire partie des enfants de Dieu. Nos noms sont inscrits dans son c½ur. C'est pourquoi, il ne doute pas notre réponse positive. Il ne lui vient même pas à l'esprit qu'il pourrait en être autrement. Et voilà que Dieu, par-dessus le marché, ne semble pas se contenter de notre simple présence, il attend de nous que nous revêtions les vêtements de la noce. Qu'est-ce à dire ? Pourquoi une telle exigence ?
Nombreux sont celles et ceux qui aujourd'hui se plaignent, au moins de temps en temps, d'être débordés de travail et d'activités diverses. Nous sommes dans une société où celui qui avouerait avoir du temps passerait presque pour un original ou alors pour un exclus du système. Alors que nous nous sentons parfois dépassés, voire débordés. Un peu comme ces premiers invités de la parabole. Et c'est vrai qu'il nous arrive, des fois, d'être traversé de ce sentiment, comme si nous n'avions plus suffisamment de temps pour nous, trop pris par le flot des événements, par le cours de la vie et cela semble de plus commencer de plus en plus tôt. Un peu comme si nous ne vivions plus. Trop souvent, nous courrons après le temps pour le combler plus encore de mille et une choses à faire.
C'est pourquoi, le temps est devenu une valeur si précieuse à conserver. Mais à vouloir tant courir après ce temps, ne jouons-nous pas quelque peu à Dieu. Ne nous croyons-nous pas tout-puissants, capable de tout vivre, de tout résoudre, comme si nous étions une des solutions aux problèmes causés par notre système. S'il en est ainsi nous pouvons alors comprendre pourquoi Dieu montre si peu de compassion face à nos débordements. Il n'a que faire de telles excuses car il sait pertinemment bien que l'essentiel n'est pas là. L'activisme tue la vie. L'activisme tue l'amour. Le trop plein ne nous donne plus du temps et surtout du temps pour aimer.
Or, par définition, l'amour a besoin de temps pour se vivre et s'épanouir. Et c'est précisément dans l'amour que Dieu se révèle à sa création. Etre débordé est quelque part le fruit de notre volonté même si ce n'est pas aisé de l'accepter. Dieu s'en moque, il nous invite à sa noce et à revêtir cet habit de lumière, l'habit du c½ur pour participer au festin. Invités à la fête de Dieu, c'est être conviés à la vie. Et Dieu nous demande de choisir. Mais pressés par les contraintes de notre société, nous avons alors envie de retarder la réponse à l'invitation, d'attendre jusqu'à la dernière minute pour décider. Ne devenons pas comme ce jeune qui avait décider d'utiliser son GSM pour voir quelle serait la meilleure soirée. Au plus profond de nous, nous savons que la raison de notre vie s'inscrit dans la participation au festin du Royaume de Dieu, un royaume de bonheur. Ce royaume n'est pas pour demain. Il est là, ici et maintenant. Le carton d'invitation est dans notre c½ur, il suffit d'y répondre positivement. Dieu n'attend que cela. Quittons nos débordements, revêtons l'habit de noces pour mieux redécouvrir la vie.
Amen.