28e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Delavie Bruno
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 1997-1998

Il y avait dix lépreux, exclus et rejetés par la société. Attention : contagieux !

Au temps de Jésus, dans la pensée juive, la maladie était signe du péché. Celui qui est malade est déclaré impur. Il est de ce fait temporairement exclu de sa communauté. En raison de son aspect horrible et hideux, La lèpre est presque l'expression parfaite du péché. Ces dix lépreux sont tenus en dehors, à l'écart de la vie sociale. Ils sont « excommuniés » C'est d'ailleurs à distance qu'ils s'adressent à Jésus et s'écrient : « Prends pitié de nous ».

Jésus ne supporte pas que la Loi, celle de Dieu son Père, soit ainsi détournée de son vrai but. La loi divine est une loi d'alliance. Elle est promulguée pour rapprocher les hommes de Dieu et les rapprocher entre eux. Elle est donnée pour que tous vivent d'amour. Et voici que dans les faits, cette loi condamne, exclut ceux qui ne peuvent supporter ses exigences. C'est pourquoi Jésus guérit les lépreux, au nom même de son Père.

Neuf d'entre eux sont purifiés et vont se montrer aux prêtres, pour être officiellement reconnus par eux et déclarés purs, afin de réintégrer leur communauté humaine. Le dixième ne se rend pas chez les prêtres. C'est un samaritain, un étranger, étranger surtout à la loi juive, considéré comme un hérétique. Pourtant lui seul fait demi-tour pour venir dire sa gratitude. Lui seul glorifie Dieu et rend grâce. Il se prosterne au pied de Jésus, reconnaissant en lui l'envoyé du Père. Lui seul va participer au salut offert par le Christ. Même s'il n'y est pour rien, s'il n'a aucun mérite, il vit déjà par la foi : « Ta foi t'a sauvé » lui dit Jésus.

Au temps de Jésus, il y avait dix lépreux, rejetés par tous. Et aujourd'hui, dans notre société actuelle, je vois tant d'exclus : Malheur à ceux qui sont cosovarts en ex-yogoslavie, arabes chez nous, jeunes à la rue, demandeurs d'asile en Belgique, immigrés refoulés, vieillards isolés, chômeurs de longue durée, enfants abandonnés, drogués en perdition ou victimes du sida. Et que dire de ceux qui n'existent même pas, rejetés dans l'oubli et l'indifférence. Ainsi donc, il y a encore tant d'exclus que nous croisons chaque jour sur le bord de nos routes, sans peut-être même les remarquer.

Au temps de Jésus, il y avait dix lépreux exclus par leur Eglise. Prenez garde, pécheurs ! Et je vois aujourd'hui, tous ceux que notre Eglise exclut elle aussi : celles et ceux que nos lois, nos exigences morales, nos rigueurs actuelles tant de fois répétées sur la contraception, sur la vie du couple, sur les chrétiens qui doutent et qui cherchent un sens à donner à la vie, sur les théologiens qui parlent autrement, tous ceux-là qu'avec l'autorité religieuse nous rangeons parmi les pécheurs et nous mettons au ban de notre société bien pensante. Et je me dis qu'au nom de Dieu son Père, Jésus aujourd'hui les guérirait encore, au risque même de le payer encore cher. C'est vrai qu'autrefois, il l'a payé très cher ! En effet, les prêtres et les lévites de Jérusalem, les docteurs de la loi juive ne le lui ont pardonné. Ils l'ont considéré comme un lépreux, comme un pécheur, un scélérat, un contagieux. Ils l'ont chassé de la ville sainte, accroché à une croix. Aujourd'hui, n'est-ce pas à nous à continuer ce qu'Il a fait, à ½uvrer efficacement pour plus de justice, de respect des droits humains, pour une réinsertion de tous ceux qu'une société inhumaine, dans laquelle nous tous plus ou moins impliqués, rejette. Même si cela nous en coûte. Quelle serait belle alors l'Eglise du Christ, quand des hommes malheureux et rejetés pourraient ainsi lui dire leur merci.