Dans notre petit pays secoué par la tourmente (et sans voir "le terme"), nous viennent heureusement quelques consolations : nous avions TINTIN, nous avons maintenant TITINE, notre célèbre "n°1 du tennis mondial", Justine Hénin. Même les non sportifs peuvent deviner quels sacrifices il faut consentir pour atteindre ce niveau et y demeurer : régime alimentaire strict, séances douloureuses de musculation, temps de sommeil régulier, répétitions inlassables des mêmes gestes. Pas question de courir les boîtes et de s'en donner à c½ur joie ! Cette dure ascèse fait que les grands champions sont rares !
Et nous, chrétiens, nous n'accepterions pas une sévère discipline de vie alors qu'il ne s'agit pas, pour nous, de gagner une coupe ou un gros chèque mais de répondre à l'appel que Dieu nous a lancés et d'entrer dans la Vie éternelle ?!
Au début de l'année nouvelle, un prophète nous accoste et nous assure que nous aussi, les bons croyants, nous les premiers, nous devons travailler à changer de vie !! Et pas seulement nous contenter de critiquer tout ce qui va mal dans le monde et dans l'Eglise.
En ces jours-là paraît Jean le Baptiste qui proclame : " Convertissez-vous car le Royaume de Dieu est tout proche !"... Alors Jérusalem, toute la Judée venaient à lui, et ils se faisaient baptiser par lui dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés.
Curieux ! Jean ne vitupère pas contre les païens idolâtres, contre les pécheurs débauchés mais au contraire il s'adresse à ses compatriotes, à ceux qui partagent sa foi. Et il leur révèle que ce n'est pas au temple de Jérusalem mais, avec lui, dans les eaux du fleuve, qu'ils seront pardonnés...s'ils avouent leurs péchés ! Devant les dysfonctionnements de la société, ce sont d'abord les croyants qui ont à s'atteler à la tâche de leur propre conversion !
Nous sommes sans doute choqués par cette interpellation : nous estimons que nous avons déjà consenti beaucoup d'efforts, que ce sont les autres, les méchants, les pervers, les athées qui devraient changer. Mais Jean dénonce une foi qui en reste à des mots et qui n'a pas suffisamment d'effets tangibles :
Des pharisiens (laïcs engagés) et des sadducéens (prêtres) venaient nombreux au baptême, Jean leur lance : " Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? Produisez un fruit qui exprime votre conversion ; N'allez pas vous dire : " Nous avons pour père Abraham" car Dieu, avec des pierres, peut faire surgir des enfants à Abraham !..."...Car tout arbre qui ne donne pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu !"
Impossible de se considérer croyant par hérédité, de réduire la foi à des pensées élevées, des bonnes manières, des rites légalistes, des miracles...Croire, c'est agir. Si elle est sincère, la foi passe aux actes. Si elle ne produit pas de fruits, elle est déclaration hypocrite et mensongère. Nulle cérémonie, nul sacrement, nulle extase ne peut nous épargner la dure décision d'obéir aux ordres de Dieu.
INEFFICACITE DE JEAN : ANNONCE D' UN AUTRE
Mais voici l'étonnant : Jean-Baptiste lui-même va "se convertir" !!!! Comme s'il se rendait compte que ses exhortations sont justes mais inefficaces, il se met à proclamer un tout nouveau message. Et ici résonne LA BONNE NOUVELLE : (Jean continue)
" Moi, je vous baptise dans l'eau pour vous amener à la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales ! Lui vous baptisera dans l' Esprit-Saint et le feu. Il tient dans sa main la pelle à vanner, il va nettoyer son aire et il amassera le grain dans son grenier. Quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s'éteint pas".
Le prophète remplit sa fonction, il prêche, il secoue mais il doit avouer ses limites. Il faut qu'un autre survienne après lui. Quelqu'un de tout autre : Jean n'est même pas digne de s'agenouiller devant lui tellement la différence entre les deux hommes est abyssale !
Seul JESUS a la capacité de changer les hommes parce qu'il possède toute la puissance de l'Esprit, de l'Energie de Dieu. Jean lavait dans l'eau du fleuve mais seul Jésus peut allumer le feu de l'Amour divin dans les c½urs. Alors a lieu la véritable conversion : non l'accomplissement d'un rite, mais le renouvellement de l'être qui fait que, retourné par sa foi nouvelle, le croyant peut mettre en pratique les lois de Dieu, porter des fruits durables, mener une vie féconde. Non, il ne nous est pas demandé de devenir des champions à la force du poignet ; les chrétiens ne sont pas des Merckx, des Justine, des sportifs fiers d'accomplir des exploits par leurs propres efforts.
Tout au contraire, les chrétiens savent trop bien leurs limites, leurs faiblesses. Mais ils se tournent vers Jésus leur Seigneur, leur Sauveur : ils lui demandent son Esprit, ils sont d'accord de recevoir de Lui un élan qui, ils ne l'ignorent pas, va les entraîner sur des chemins inconnus. Ils prendront des décisions déchirantes, ils s'étonneront de constater de quoi tout à coup ils sont capables. Mais une joie nouvelle les saisira : la Parole du Christ a beau ressembler à celle de Jean-Baptiste et des prophètes mais elle leur est incomparable. Car elle contient l' ESPRIT, elle apporte par elle-même la force de la réaliser, elle change la vie.
LA MESSE : PAROLE ET HOSTIE - OREILLES ET BOUCHE
Voilà pourquoi l'Eucharistie se compose de deux parties : dans la première, on écoute des enseignements (lectures, homélie, chants)...mais il faut déboucher dans la seconde où la PAROLE du Christ reçue dans l'oreille devient PAIN à accueillir dans la bouche.
L' Hostie que nous acceptons porte en elle l'enseignement entendu quelques minutes auparavant. On ne va pas manger un "pain sacré" : nous allons recevoir LE CHRIST EN PERSONNE, ce "quelqu'un qui vient après" les prophètes et les prédications et dont "la présence réelle" nous rend capables de mettre en application la leçon écoutée et acceptée. Les deux parties de la messe sont indissolublement liées :
-- Refuser l'Hostie, c'est assimiler Jésus à un prophète, un professeur de morale, un éducateur des droits de l'homme.
-- Vouloir manger l'Hostie sans d'abord écouter la Parole de Dieu et être décidé à la vivre, c'est retomber dans la magie.