2e dimanche de l'Avent, année C

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : C
Année: 2006-2007

ECOUTER LA PAROLE DE DIEU

Dans la prière chrétienne, il s'agit moins de parler à Dieu que de l'écouter. Que me demande-t-il ? que veut-il de moi ? comment réussir ma vie avec lui ? : voilà la seule chose passionnante et capitale à découvrir. Et où me parle-t-il donc ? Dans le recueil des Ecritures saintes. Avez-vous une Bible, ou du moins un Nouveau Testament ? Et si oui, gardez-vous ce Livre sur un rayon de bibliothèque ou l'ouvrez-vous avec respect ? La Bible est toujours et partout le best seller n° 1 mais est-elle ouverte, lue, scrutée, étudiée ? Pourtant lors de l'Eucharistie, après la proclamation de l'Evangile, le prêtre présente le Livre en lançant : " Acclamons la Parole de Dieu". C'est un homme qui vient de parler, c'est un homme qui a écrit le texte lu - mais la Tradition de l'Eglise nous affirme que, à travers cette diction et ces pauvres mots, Dieu dit quelque chose aux auditeurs. Il dit quoi ? C'est tout le travail de la prière que de découvrir la perle, d'extraire le trésor caché dans ces lignes. Vous me dites "Oh, j'ai essayé de lire la Bible, et je me suis découragé car je ne comprends pas". Exact : la Bible est un continent secret, touffu ; elle est née dans une autre civilisation que la nôtre. Pour en trouver les merveilles, il faut une aide.

Essayons avec l'Evangile de ce dimanche.

Chaque semaine, vous sortez de la messe avec un petit feuillet comme celui-ci contenant un commentaire de l'évangile qui a été proclamé. Vous pouvez jeter ce billet en n'y voyant aucun intérêt. Vous pouvez le lire pour vous rappeler ce qui vous a échappé lors de la célébration. Mais attention : trop souvent les chrétiens s'arrêtent à une compréhension superficielle : "les mages sont venus voir l'enfant Jésus ; à Cana, Jésus a changé l'eau en vin ; il est allé dîner chez Zachée ; il a été condamné et est mort sur une croix, etc."....Oui tous ces faits sont écrits. Mais après ??? La foi n'est pas un cours d'histoire, on n'est pas chrétien parce qu'on connaît les épisodes de la Bible ou des Evangiles. Ces vieux textes ne sont Paroles de Dieu, ne deviennent Evangile, Bonne Nouvelle, que s'ils s'adressent à moi, s'ils m'interpellent aujourd'hui, s'ils me font rencontrer le Christ qui vient à moi pour me sauver, me libérer de mes chaînes, me conduire à Dieu.

Je vous propose un exercice avec le texte lu ce 2e dimanche de l'Avent.

L'an 15 du règne de l'empereur Tibère - Ponce-Pilate étant gouverneur de la Judée - Hérode, prince de Galilée - son frère Philippe, prince d'Iturée et de Traconitide - Lysanias, prince d'Abilène - Hanne et Caïphe, grands prêtres : la Parole de Dieu fut adressée dans le désert à JEAN, fils de Zacharie.

St Luc prend bien soin de dater l'événement . La foi chrétienne n'est donc pas évasion dans la solitude, refus de la société, repli sur l'intériorité, mépris du monde. Son impact se note dans le fil des événements rapportés par les journaux. Ainsi Dieu me parle aujourd'hui alors que les Grands de ce monde continuent à exercer leur pouvoir, ils ignorent tout de ce qui est en train de se produire dans un coin perdu du globe. Et cependant cet événement est d'une importance capitale : la face du monde va changer parce que, quelque part, un homme prête l'oreille à ce que Dieu lui dit et qu'il s'engage à fond pour y obéir et réaliser la Volonté de Dieu. Rien ne sert de se lamenter sur les péripéties de la politique. Qu'est-ce que Dieu me dit, à moi, aujourd'hui ? Comme ce Jean, est-ce que je me donne des plages de "désert", de silence, afin d'écouter ?...

Jean parcourut toute la région du Jourdain : il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés.

Le fils du prêtre Zacharie n'ira donc pas célébrer des liturgies au temple de Jérusalem comme son père : il se cantonne à Jéricho et les villages de la vallée et il propose aux gens de plonger dans les eaux du Jourdain en reconnaissant leurs péchés .Ainsi au début de l'Evangile, avant de rencontrer Jésus, on bute sur son prophète qui appelle à la purification : on doit reconnaître que l'on a péché contre Dieu, qu'il faut se laver de ses souillures et se convertir, c'est-à-dire changer de vie, prendre d'autres orientations. Si je refuse d'être mis en question, l'Evangile ne sera pas pour moi. Suis-je prêt à reconnaître mes infidélités ? Ai-je le désir du pardon ?

C'est comme il était écrit dans le livre du prophète Isaïe : "A travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route ; tout ravin sera comblé ; toute montagne abaissée ; tout passage tortueux sera redressé et les chemins déformés aplanis. Et tout homme verra le salut de Dieu !!! "

 

Donc Jean accomplit à nouveau quelque chose qui s'était passé 6 siècles auparavant. En effet, après la destruction de Jérusalem, les habitants avaient été déportés vers Babylone. Or après 50 ans d'exil, un homme avait lancé la Bonne Nouvelle : " Préparez le chemin, on retourne chez nous !!!". Jean reprend ce message mais celui-ci prend une signification d'une toute autre ampleur : nous vivons sur notre terre mais le SEIGNEUR en personne va venir nous délivrer.

Pour cela, il faut agir : Dieu ne vient évidemment pas par des autoroutes mais dans nos c½urs.... à condition qu'ils se prêtent à cette venue. Comment Dieu pourrait-il pénétrer en nous si nous sommes bouffis d'orgueil, si nous entretenons des pensées tortueuses, si nous nous laissons avachir dans l'indifférence, si nous sommes des roublards, si nous jugeons les autres du haut de notre grandeur ??? Jean (et l'Eglise aujourd'hui) nous exhorte à commencer un labeur ardu, un travail sur nous-mêmes. Alors que la société païenne nous pousse à courir à des jouissances immédiates, Jean, lui, nous presse d'½uvrer à la seule chose importante : ouvrir nos vies à l'arrivée du Christ, le Seigneur qui, à l'insu des Puissants, vient accomplir la Merveille : libérer l'humanité de ses vieux démons et permettre la communion à Dieu qui, elle-même, permettra la communication entre les hommes. ET TOUT HOMME VERRA LE SALUT DE DIEU

J'écoute cet enseignement...je demande à l'Esprit-Saint sa lumière pour que je puisse comprendre exactement ce qui m'est dit...Je relis.....Je m'arrête sur tel mot...telle phrase... Et tout à coup, je m'arrête : je fais silence total, je m'ouvre à la Présence...je crois que Dieu qui a parlé à Jean, s'adresse à MOI, maintenant. Je prie vraiment...Je fais une expérience à laquelle je ne m'attendais pas...Je suis mobilisé comme Jean. J'entre dans le sérieux de la vie. Que dois-je faire pour préparer ta venue, Seigneur ? Comment vivre ces prochains jours ?Je pressens que la Parole de Dieu reçue le dimanche peut éclairer ma semaine...Je reprends le feuillet un autre jour...pour y découvrir d'autres révélations... Je n'oublie pas de rendre grâce à Dieu : quelle joie de converser avec Lui pour avancer dans la Lumière .