2e dimanche de Pâques, année C

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : C
Année: 2006-2007

Convaincre l'Incrédule Admirer l'enseignement de Jésus de Nazareth : oui. Concéder qu'il ait pu réaliser quelques guérisons : oui. Compatir aux souffrances du crucifié : la plupart des gens en tombent d'accord. Mais que cet homme, Jésus, soit non seulement ré-animé mais "RESSUSCITÉ", que son corps soit transfiguré par la Gloire de Dieu, qu'il soit proclamé SEIGNEUR DU MONDE ET DE L'HISTOIRE : là est la pierre d'achoppement. Or précisément c'est là seulement que naît la foi chrétienne !

Les quatre évangiles n'ont pas craint de montrer que, pour les premiers disciples de Jésus, cette découverte et cette confession de la résurrection n'allèrent vraiment pas de soi. Chez MARC, les femmes n'osent pas annoncer le message. Chez MATTHIEU, les apôtres rencontrent Jésus vivant, certains se prosternent "mais quelques-uns eurent des doutes". Chez LUC, les hommes refusent d'admettre le message des femmes si bien que deux disciples déçus, s'en retournent chez eux. Le Ressuscité se fait reconnaître dans la parole et la fraction du pain. L'Eucharistie permet le nouveau contact avec Jésus Seigneur.

DIFFICULTE DE CROIRE CHEZ SAINT JEAN ( Texte du jour)

"C'était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient car ils avaient peur. Jésus vint et il était là au milieu d'eux, il leur dit : " La Paix soit avec vous". Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : " La Paix soit avec vous. De même que le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie". Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux : " Recevez l'Esprit-Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus".

Le lendemain du sabbat, donc le premier jour de la semaine juive, dans le local où les apôtres se terraient, soudain, Jésus est venu. Il exhibe ses plaies non pour leur reprocher leur lâcheté mais comme source de son pardon et du don de l'Esprit. Il faut par conséquent qu'ils aillent répandre la Bonne Nouvelle : par la foi au Seigneur mort et ressuscité, tout homme obtient le pardon de ses fautes et est rétabli dans la communion avec Dieu. La Résurrection provoque la Mission. Et la Mission est essentiellement offre du Pardon de Dieu.

ET CELUI QUI N'A PAS EU DE VISION ???

Or l'un des Douze, THOMAS (dont le nom signifie Jumeau) n'était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : " Nous avons vu le Seigneur !". Mais il leur déclara : " Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l'endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je n'y croirai pas".

Thomas est bien "notre jumeau" à tous : il représente ces multitudes infinies qui ne parviennent pas à admettre que Jésus soit ressuscité. Or il était un apôtre, il avait suivi le Maître, il avait écouté tous ses enseignements. En outre le voilà assailli par ses amis ruisselants de joie, complètement transfigurés par l'expérience qu'ils viennent de faire, et unanimes dans leur témoignage : "On t'assure...C'est vrai... !!!!".... Il n'y a jamais eu autant de bons arguments pour convaincre...or rien n'y fait. Thomas refuse de se rendre sur les dires des autres : il exige un contact personnel. C'est l'impasse. Et nous nous étonnons de ne pas arriver à transmettre notre foi ?...

Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison et Thomas était avec eux. Jésus vient alors que les portes étaient verrouillées et il était au milieu d'eux. Il dit : "La Paix soit avec vous". Puis il dit à Thomas : " Avance ton doigt ici, vois mes mains ; avance ta main et mets-la dans mon côté ; cesse d'être incrédule, sois croyant !". Thomas lui dit alors : " MON SEIGNEUR ET MON DIEU". Jésus lui dit : " Parce que tu mas vu, tu crois ? Heureux ceux qui croient sans avoir vu".

Ainsi donc, à notre grand étonnement, le Seigneur cède à la revendication de Thomas comme si, au premier abord, il la jugeait légitime : effectivement il revient. Mais seulement la semaine suivante, c'est-à-dire le lendemain du sabbat suivant. On a ici un des premiers indices que la communauté primitive, très vite, a pris l'habitude de se réunir chaque "premier jour de la semaine" - jour de la Résurrection, jour des apparitions du Seigneur, jour que l'on a baptisé : "jour seigneurial"(domenica dies) - qui deviendra, en français, DIMANCHE.

Est-il dans ce cas normal de se prétendre "chrétien" tout en refusant de se joindre à la communauté ? Celui qui reste sceptique devant la résurrection du Christ et ne croit pas au témoignage des chrétiens, qu'il n'exige pas de vision : bien plutôt qu'il se rende à l'assemblée chrétienne qui se réunit, chaque dimanche, pour accueillir la Venue de son Seigneur en son sein. Le Ressuscité qui vient "portes closes", c'est-à-dire libéré des contraintes de l'espace-temps, est bien identique à celui qui a été suspendu au gibet de la croix, qui a été exécuté comme un ignoble criminel. Les marques des souffrances que les hommes lui ont infligées, ne sont pas effacées par sa Gloire. Avec lui, la souffrance des hommes entre au Paradis !! La croix est entrée au c½ur du mystère de Dieu ! Mais ces plaies ne sont pas une cause de rancune ou de châtiment ( "Regarde ce que j'ai subi à cause de toi !") : tout au contraire, en elles s'origine le pardon de Dieu. En les montrant, Jésus dit : PAIX. Si tu oses regarder ces plaies et surtout ne pas prétendre que tu n'en es pas coupable, alors tu n'es plus coupable : de ces stigmates jaillit la Miséricorde absolue. C'est pourquoi ce 2ème dimanche de Pâques est le DIMANCHE DE LA MISERICORDE

Transformé par le pardon, Thomas s'effondre et c'est lui, le plus endurci, qui (sans oser répondre à l'invitation de "toucher") énonce la plus haute affirmation christologique des Evangiles : "MON SEIGNEUR ET MON DIEU ".

Toutefois, en un deuxième temps, Jésus reproche doucement à son apôtre d'avoir exigé une vision : " Ne sois plus incrédule mais croyant...HEUREUX CELUI QUI CROIT SANS AVOIR VU". Il nous reste à accepter le témoignage des premiers disciples, l'affirmation sans cesse répétée au cours des siècles par l'Eglise et qui a suscité tant de prodiges de sainteté. Le BONHEUR n'est pas de jouir d'une vision mais d'AVOIR LA FOI au sein d'une COMMUNAUTE où rien ni personne ni hiérarque ni dogme n'occupe le centre. Au centre de l'Eglise, il n'y a que l'AGNEAU IMMOLÉ ET DEBOUT.