2e dimanche de l'Avent, année C

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : C
Année: 2003-2004

Une impression, juste une impression, mais je me demande si l'inventeur de l'automobile n'était pas quelqu'un de profondément croyant. Un peu comme s'il avait construit la voiture sur la manière dont il vit sa foi. Certains se demandent sans doute ce qui me permet d'affirmer cela. Tout simplement l'idée du réservoir.

Chacune de nos voitures est dotée d'un réservoir et lorsque celui-ci est vide, nous aurons beau invoquer tous les saints et saintes du Ciel. Rien à faire, le véhicule ne bougera plus d'un pouce. Il nous faudra refaire le plein et nous voilà repartis pour de belles aventures.

Cela fonctionne pour les voitures tout comme dans nos relations. Qui d'entre nous n'a pas fait l'expérience alors qu'il n'a plus vu un ami ou une amie depuis un certain temps et qu'il lui téléphone de s'entendre dire : c'est fou, on a parlé de toi hier soir et on s'est dit qu'il était temps de reprendre contact ou encore c'est amusant que tu sonnes aujourd'hui, j'avais prévu de le faire cet après-midi ou enfin, vous essayez d'appeler la personne aimée et cela sonne occupé car au même moment elle tente de vous joindre également. Comme nos voitures, nous avons en nous un réservoir affectif et en fonction de nos relations nous avons besoin de nous rencontrer, de nous retrouver, en fait de nous aimer pour refaire le plein.

Et si l'amitié est équilibrée, nous roulerons à la même vitesse, ce qui fait que la lampe intérieure de la jauge de notre c½ur s'allumera en même temps de part et d'autre. Tout à coup, nous ressentons en nous un manque, un besoin de se rencontrer, un désir de s'offrir un temps de tendresse. C'est vital car sinon nos relations se meurent.

Il est donc impérativement nécessaire d'entretenir nos relations si nous souhaitons qu'elles vivent. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, il me semble qu'il en va de même avec notre foi. Comme si nous avions en nous un autre réservoir, voire le même, qui nous permet d'avancer, de partir à la rencontre de Dieu. Nous venons nous nourrir à la source d'eau vive en nous. Et heureusement pour nous les stations de la foi sont beaucoup plus nombreuses que toutes les pompes à essence du monde. En effet, si nous sommes confrontés à la panne sèche pas de crainte, le service de Dieu est encore meilleur que Touring Secours.

Dieu nous pouvons l'appeler n'importe où, n'importe quand, à toute heure du jour et de la nuit. Nous le rencontrons dans nos eucharisties, dans nos temps d'intimité de prière, dans nos méditations de la Bible, dans nos sacrements comme celui de le réconciliation qui nous sera proposé dans quelques instants ou encore dans toutes les relations d'amour et d'amitié où le respect est le fondement de la rencontre.

Quelle chance avons-nous d'avoir tant de lieux et de moyens différents pour nous ressourcer, pour faire le plein. La foi, comme nos relations a également besoin de s'entretenir. Cet entretien de la foi n'est pas simplement un réservoir qui se remplit. Non, l'entretien de la foi nous permet de changer, de grandir, de nous transformer à la lumière des paroles du Christ qui nous montre un chemin de vie. Mais pas n'importe quel chemin d'après Jean-Baptiste dans l'évangile que nous venons d'entendre. Il devait avoir un sacré sens de l'humour ce Jean-Baptiste lorsqu'il reprend cette phrase d'Isaïe : " à travers le désert, une voix crie : préparer le chemin du Seigneur ". Je dirais même que c'est de l'humour au second degré. Il ne se comprend pas directement, il nous demande un instant de réflexion. C'est vrai lorsque nous regardons des photos d'un désert, ce dernier est quand même par excellence le lieu où rien n'est tracé. Il n'y a pas de chemin dans un désert. Du sable, des étendues de sable et il suffira d'un rien, d'un peu de vent pour qu'il recouvre les traces de nos pas.

Et pourtant c'est dans un désert que nous sommes conviés à préparer le chemin de Dieu parce qu'avec Dieu, il n'y a pas de chemin tout tracé. C'est à chacune et chacun d'entre nous de tracer son propre chemin de foi éclairé par les paroles de Jésus. Il n'y a pas de recette miracle. C'est à nous et à nous seuls de voir comment nous nous préparons à accueillir dans notre c½ur cet événement incompréhensible qui va advenir : Dieu s'est fait l'un de nous tellement il nous aime.

Pour vivre intensément de ce chemin à tracer en nous, puissions-nous alors nous désencombrer de tout ce qui nous empêche de devenir nous-mêmes afin de rencontrer plus librement encore Celui qui vient à nous. Que ce sacrement de la réconciliation soit pour chacune et chacun d'entre nous l'occasion de refaire le plein de Dieu.

Amen.