2e dimanche de l'Avent, année C

Auteur: Henne Philippe
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : C
Année: 2012-2013

Aujourd'hui, comme bien souvent, l'Ecriture ne manque pas d'humour.  L'évangéliste énumère tous les puissants personnages politiques et religieux de son époque, à commencer par l'empereur à Rome, le gouverneur romain de Judée, les princes locaux de Palestine, pour finir avec les grands-prêtres de Jérusalem.  On a l'impression que l'évangéliste se dresse au milieu de la place publique et s'apprête à annoncer une grande nouvelle qui va bouleverser le monde.  Et voilà que c'est tout simplement un ermite qui est la vedette : un homme seul, sale, vivant en dehors de la société.  Et cette solitude, cet isolement est renforcé par le passage suivant, tiré du prophète Isaïe : « dans le désert, une voix crie ».  Une voix qui crie dans le désert, ça sert à quoi ? Si quelqu'un fait sa crise, on le conduit dans un endroit désert.  Là, il peut se défouler et il ne dérange personne.

Et pourtant, Jean-Baptiste aura toujours vécu dans le désert, dans le désert de l'incertitude.  « Est-ce que je me suis trompé ? », voilà bien la question qu'il se posera à la fin de sa vie.  Il est jeté en prison, il est menacé, il mourra à cause du caprice d'une femme.  Alors, il se demande : « cet homme que j'ai vu au bord du Jourdain, j'étais sûr que c'était lui que tout le monde attendait.  Mais voilà que rien ne se passe.  Rien de ce qu'on attendait ne se réalise, comme prévu. » Alors, il envoie à Jésus quelques-uns de ses disciples pour lui demander : « es-tu celui qui doit venir ou doit-on en attendre un autre ? »

Pour lui, comme pour chacun d'entre nous, se pose la question de la fidélité ou de l'entêtement.  Me suis-je trompé ? Est-ce que je reste par fidélité ou par entêtement ? Il est vrai que, pendant certaines périodes de notre vie, nous sommes restés par entêtement.  Il n'y avait plus aucune joie.  Il n'y avait même plus d'espoir d'amélioration.  C'était le sombre cachot du désespoir.  Mais, la fidélité, c'est beaucoup plus que cela.  L'entêtement, c'est pour les choses mesquines : « à Noël, on mettra un napperon rouge sur la table parce que c'est comme ça et qu'on l'a toujours fait. »  La fidélité, c'est pour quelqu'un, mais parfois on réduit son conjoint, on réduit Dieu à une caricature de lui-même.  Il était beau, fort et intelligent.  Maintenant, il est chauve et ronchon.  Est-ce que je me suis trompé ?  Comment le savoir ?  Peut-être en ayant le courage de faire comme Jean-Baptiste.  En allant demander : qui es-tu ? Qui es-tu pour moi ? Et c'est ainsi qu'on comprend mieux le début de cet Evangile.  C'est dans le dépouillement de nos fausses certitudes qu'on peut retrouver la vérité sur nous-mêmes, sur Dieu, sur les autres.  C'est dans le dépouillement de sa gloire céleste que Dieu a manifesté la splendeur de son amour.  Alors, à cette approche de Noël, dépouillons-nous de toutes les fausses formes de gloire et de certitude pour retrouver la vérité de notre existence : être des enfants De Dieu, créés, aimés et sauvés pour l'éternité.